Le magasin de bonbons
Tôt, mardi dernier, je m’envolais pour Calgary, AB, participer au lancement d’un nouveau pneu BF Goodrich pour camionnettes et VUS. Pour l’occasion, BF Goodrich avait aménagé une piste d’essai dans le paysage enchanteur des Rocheuses. Quant à la présentation et l’hébergement, nous étions reçus à l’hôtel de la chaine Fairmont donnant directement sur le lac Louise. Deux jours dans un décor de rêve et une piste d’essai dans les Rocheuses, difficile de demander mieux.
Mardi, en soirée, une présentation technique du pneu était prévue. Comme toutes les présentations organisées par Michelin – BF Goodrich ayant été acheté par cette compagnie en 1991 -, tout y était réglé au quart de tour. Premier constat, les quatre ingénieurs qui font la présentation technique du KO/2 manifestent un enthousiasme et une fierté face à leur création qui va beaucoup plus loin qu’un simple « pitch» de vente. Il est clair qu’ils ont la certitude d’avoir réussi un coup de maître avec ce pneu pouvant rouler autant l’été que l’hiver. Eh oui, sur son flanc il porte le pictogramme du sommet et du flocon. Pourtant, on nous affirme qu’il peut être utilisé en pleine canicule.
À écouter ces experts vanter la résistance et la durabilité de ce pneu, je me dis en regardant le dessin agressif de sa semelle qu’il doit être bruyant sur pavé asphalté et qu’il doit porter très dur. Andrew Comrie-Picard (ACP pour les intimes), pilote professionnel ayant remporté la célèbre course hors piste Baja 1000, raconte avec bagout combien il lui aurait été difficile de gagner cette course sans ses pneus KO/2. Selon lui, n’avoir fait aucune crevaison sur un parcours aussi long, parsemé de roches de racines et branches d’arbres effilées, tenait du prodige. Un peu sceptique – les choses étant toujours plus belles en théorie -, je me dis en silence « On verra bien demain, sur le terrain ». Malgré tout, la présentation me donnait vraiment hâte d’en arriver aux essais devant durer environ 3h 30.
Mercredi après-midi, nous nous mettons en route à 13h, juste après que nos véhicules d’essai soient revenus d’un lavage à haute pression pour effacer les taches de boues laissées par le groupe d’essai du matin. Devant nous, quinze rutilantes camionnettes Silverado 1500 2014, rangées à la queue leu leu, sont prêtes à souffrir. Nous sommes deux personnes par voiture et de temps à autre, nous nous relayerons au volant. À mes côtés, Denis Robitaille, directeur du marketing à la FQCC, notant mon impatience d’aller faire ce parcours inusité, me laisse gentiment prendre le volant.
Avant d’arriver au terrain de jeu comme tel, il faut parcourir une quarantaine de kilomètres sur l’autoroute 1 qui unit Lac Louise à Calgary. Dès que nous atteignons la vitesse permise de 90 km/h, je constate que, malgré toutes mes appréhensions, les pneus de notre camionnette sont agréablement silencieux, à peine un peu plus bruyant que des LT MS/2 de Michelin. Alors que je m’attendais à un pneu portant très dur, je suis étonné du niveau de confort. Décidément, cet essai commence bien!
Environ 50 minutes plus tard, nous arrivons à la piste spécialement aménagée pour l’occasion. Celle-ci nous permettra de vérifier le comportement hors route des pneus dans conditions très variées, mais ayant toutes en commun un coefficient de difficulté très élevé.
Dès le début du parcours, il est clair que nous sommes vraiment en circuit hors route. Bosses, trous, montées, descentes et virages en épingle se succèdent sans arrêt. Tout à coup, devant nous, se dresse une pente de plus de 20º, spécifiquement aménagée pour l’occasion qu’il faudra gravir. Comme on nous l’avait annoncé, les pneus mordent à la terre durcie avec autant d’aisance que sur un terrain plat.
Un peu plus loin, une autre montée, celle-là en glaise humide, nous attend. Les pneus continuent de se moquer de la surface à un point tel qu’un autre participant souligne à un des ingénieurs sur place que ça ne glisse pas du tout. L’ingénieur invite alors le conducteur à descendre de sa camionnette et, dès que celui-ci met les pieds sur le sol, il glisse et se retrouve sur le cul. Malheureusement pour lui, la semelle de ses souliers n’avait pas l’adhérence des KO/2.
Quelques mètres plus loin, une marre de boue de 30 à 40 centimètres d’épaisseur nous défie. ACP, qui nous prodigue des conseils par radio, nous invite à rouler en zig zag, lentement puis rapidement, pour noter la réaction des pneus sur une suface aussi hostile. Encore là, impossible de faire patiner les roues. Ces KO/2 sont décidément à l’aise partout.
Succèdent à ces épreuves des roches de différentes grosseurs roulant sous les pneus, des billes de bois déposées sur le sol dont certaines branches coupées sont très pointues. ACP nous invite alors à rouler très lentement pendant qu’un technicien nous guide pour que le côté du pneu heurte une de ces branches.
Alors que 84% des crevaisons en circuit hors route sont imputables à la fragilité des flancs, le KO/2, qui ne semble pas avoir pris connaissance de ces statistiques, continue à se moquer du danger. Pour en témoigner, j’inclus à ce billet une éloquente petite vidéo prise avec mon iPhone dont la qualité laisse grandement à désirer, mais qui a le mérite de ne pas avoir été retouchée. Vous pourrez voir comment le pneu englobe le moignon d’une branche comme s’il était très mou, sous-gonflé pour reprendre sa forme dès l’obstacle franchi. En voici le lien: http://youtu.be/CIbPDe3wgxQ
Bien sûr, je pourrais parler longtemps des qualités techniques de ce nouveau pneu, mais j’aurai l’occasion d’y revenir ultérieurement dans un article de Camping Caravaning.
Deux choses en terminant. La première, ma prédiction, ce pneu, déjà disponible en 14 formats et grandeurs ( un nombre qui passera à 56 d’ici un an), connaîtra un grand succès commercial, d’autant plus qu’il peut être utilisé été comme hiver. Quant à la seconde, elle concerne le plaisir que j’ai pris à effectuer le parcours. S’il n’en avait été que de moi, j’aurais refais la même piste encore et encore dès le lendemain. Je m’y suis amusé comme un enfant dans un magasin de bonbon alors que je pouvais m’en donner à coeur joie sans craindre d’égratigner la camionnette.
Note : Une nouvelle adresse courriel a été créée pour permettre à ceux qui souhaitent me soumettre des commentaires ou soulever des point n’ayant pas rapport avec le billet en titre. N’hésitez pas à vous en servir si cela vous convient: plaquerre@campingcaravaningmag.ca
M. Laquerre
Très intéressant comme essai, un pneu pouvant être utilisé l’été mais bon aussi pour l’hiver. Trois questions me viennent à l’esprit, s’agit-il d’un pneu dix plis avec la même capacité de charge que le Michelin, qu’en est-il de la résistance à l’usure et du comportement de la semelle par temps très froid?
Louis,
Dans les dimensions déjà offertes, la charge maximale varie de 2 680 livres pour un pneu LT225/75R16/E à 3 860 livres pour un LT285/65R20/E. J’ignore cependant le nombre de plis, mais je reviendrai plus tard dans la semaine avec cette information. Quant à l’usure, BF Goodrich dit qu’il est 20% plus résistant que le modèle précédent (All Terrain T/A KO) sur gravier et 15% sur l’asphalte. Quant à la traction, elle est optimisée de 10% sur chaussée boueuse et de 19% dans la neige.
Nokian font aussi un pneu de ce genre. Il se nomme le Rotiiva AT C’est un pneu ayant ‘lui aussi, le flocon avec la montagne sur le flanc.
Un de nos confrère en a d’ailleurs parlé sur ce forum en disant que son concessionnaire lui avait suggéré ce pneu pour pouvoir rouler à l’année.
Vous aviez alors affirmé qu’un pneu avec le flocon ne ferait surement pas un bon travail en été. Même que son concessionnaire était surement un incompétent pour oser faire une recommandation de ce genre……
Est-ce que cet essai vous fera changer d’idée?
Gilles Corriveau,
Je n’ai pas l’habitude de renier des propos antérieurs que j’ai tenu. Lorsque, durant la présentation de Michelin mardi soir dernier, les ingénieurs ont affirmé que leur nouveau pneu pouvait rouler autant l’hiver que l’été, les oreilles m’ont redressé. Une telle affirmation contredisait tout ce que j’avais appris sur le sujet. Dès la présentation terminée, j’ai rejoint l’ingénieur pour en savoir plus.
Je lui ai d’abord rappelé que les pneus d’hiver, à cause de la gomme spéciale utilisée dans la semelle, sont généralement très inefficace sur pavé de canicule. Ils usent très rapidement et leur adhérence se trouve grandement diminuée.
Il m’a alors rétorqué que la gomme n’est pas le seul facteur à considérer. Dans le cas du KO/2, on a utilisé une gomme plus « universelle » pouvant s’adapter à plusieurs facteurs. Il semblerait que le design de chacun des motifs de la semelle ait fait l’objet de recherches poussées avec comme résultat d’en imbriquer les éléments, ce qui aurait pour effet de rehausser la solidité de l’ensemble.
Lorsque je lui ai demandé qu’elle pouvait être l’espérance de durée de tels pneus utilisés à l’année, j’ai obtenu comme réponse que cela pouvait varier beaucoup selon la personne au volant, l’endroit o^il roule et son type de conduite, mais que d’en l’ensemble, cela pourrait se situer entre 40 000 et 100 000 km. Seul l’avenir pourra nous confirmer le bien fondé des propos de cet ‘ingénieur.
Je suis d’accord avec vous que vous n’avez pas l’habitude de renier vos paroles, Mais justement, cette démo de Michelin ne commence pas un peu à vous faire changer d’idée à ce sujet???
En tout cas, c’Est sur que c’était juste un représentant de Nokian, mais son discours m’a influencé un peu. Mais il est vrai que j’ai quand même commandé des vrais pneus d’hiver Hakkapeliitta 8 SUV que je ferai installer à mon retour en décembre.
Bye
Sur le forum de la Fédé je vous avais souligné il y a quelques mois l’existence de ces pneus toutes saison s (et non 4 saisons). Vous doutiez de mes dires et m’avez servi,sur de vous, le discours… traditionnel. Je crois que vous changeriez d’idée maintenant. J’arguais que d’un point de vue pratique je détestais devoir passer au garage 2 fois par an pour changer les sacré pneus. Cela fait maintenant 4 ans que ces pneus existent et je ne fais qu’utiliser ceux-ci sur nos 2 véhicules
Je vous disais que j’obtenais un kilométrage semblable à tout autre pneu d » »été » et vous m’avez servi les précautions relatives aux pneus d’hiver en usage l’été. J’ai eu du Nexen, du Dunlop et du Firestone. Le seul défaut, un peu plus bruyants. Ce genre de pneus est un compromis sur… tout mais tous les pneus sont tous des compromis. Je souligne que le dernier, le Firestone, est de beaucoup plus raisonnable côté bruit. Il est cependant on ne peut plus économique à l’achat..
Je vais devoir changer les pneus originaux de la camionnette en 2015 et je vais essayer vos BF Goodrich dans la mesure de leur prix. Ils ne sont pas les seuls sur le marché. Par contre, je ne crois pas au pneu parfait comme vous le décrivez avec votre enthousiasme quasi… délirant…