Le long de la rive du lac Supérieur
Nous voilà à nouveau sur la route pour un autre road trip qui nous conduira au fil de la rive nord et canadienne du plus grand lac d’eau douce qui soit : le lac Supérieur.
Depuis déjà très longtemps, nous nourrissions ce projet de faire le tour du lac Supérieur dont les deux tiers, au sud, se trouvent en territoire américain. Pandémie oblige, nous devrons demeurer en territoire canadien, ce qui n’empêche pas que, juste en ce qui concerne cette portion des Grands Lacs, nous pensions rouler autour de 4 000 km à partir de notre Royaume au Saguenay. Pas de presse ! On se donne au moins 3 semaines pour réaliser cette destination et y pratiquer nos activités préférées : kayak de mer, randonnée pédestre, vélo, planche à pagaie, fouinage dans les marchés publics et les boutiques en plus de la visite des principaux attraits culturels ou historiques.
Notre stratégie consiste à nous diriger d’abord vers la décharge du lac Supérieur, à Sault-Sainte-Marie (voir la chronique précédente), posée très exactement sur la frontière américaine, puis de suivre la côte vers l’ouest jusqu’à Thunder Bay, encore à la frontière. Cela m’intrigue d’ailleurs beaucoup de voyager dans une région officiellement désignée comme le Nord de l’Ontario, mais de chevaucher la frontière des É.-U. qui, dans mon esprit, est au Sud ???
Comme nous devons faire un aller-retour sur le rivage, nous pourrons adapter nos étapes à la météo ou à certaines circonstances. Passer notre tour dans un parc parce qu’il pleut, puis revenir au retour.

Voyager en temps de pandémie
Cette aventure automnale se déroule aussi dans le contexte très particulier de la COVID-19 qui modifie énormément de choses pour les campeurs.
D’abord, les adeptes de camping sous la tente ont été presque totalement éliminés du paysage, les propriétaires et administrateurs de camping exigeant souvent que leur clientèle soit totalement autonome au plan sanitaire puisque, dans nombre de cas, douches et toilettes ont été condamnées sur les terrains de camping. Même les Westfalias ont été refusés sur certains campings puisqu’ils ne sont pas équipés d’installations sanitaires à la base.
La situation s’avère très similaire en Ontario alors que les parcs provinciaux ont fermé toutes leurs installations sanitaires pendant que des campings privés maintiennent les toilettes et même les douches ainsi que la buanderie en service. Voyageant dans un VR de classe B, complètement autonome, mais dépourvu de douche, nous devrons souvent nous en remettre à la débarbouillette pour faire notre toilette. Nous constaterons d’autre part que de partir un mois ou plus en voyage sans savoir si on pourra faire la lessive représente un problème pas évident à gérer.
Toujours à cause de la pandémie, certains parcs provinciaux ont comme bloqué leur système de réservation sur Internet, affichant complet alors que, dans la basse saison qui s’amorce, outre la fin de semaine de la fête du Travail et les suivantes, il y a amplement de place sur leurs campings. Mais on doit se rendre sur place ou vérifier certaines opportunités sur le Web à la dernière minute alors qu’un certain nombre d’emplacements est libéré. On découvre alors qu’il y a généralement toujours de la place.
Pancake Bay
Par curiosité, j’avais demandé à la propriétaire du camping près de Sault-Sainte-Marie ce qu’elle me conseillait absolument de voir sur le lac Supérieur. C’est toujours dans ces occasions qu’on constate à quel point les gens connaissent mal leur propre région qu’ils n’ont jamais pensé à visiter comme touristes. Elle me recommande quand même le premier parc provincial à partir de la ville : Pancake Bay, quelques kilomètres après Batchawana Bay. Il s’agit essentiellement d’une plage large de plus de 3 km et étroite de quelques mètres seulement. La mission environnementale de l’endroit est la protection des dunes et de leur fragile végétation.



J’ai d’ailleurs été surpris d’y rencontrer des gens venant directement de Toronto pour y camper, alors que les belles plages regorgent sur la Baie-Georgienne, près de la Ville Reine. Le camping du parc provincial compte plus de 300 emplacements ombragés étroitement coincés entre la Transcanadienne et le rivage, sur trois ou quatre rangées de profondeur.

Branchez-vous !
L’endroit est loin d’être désagréable, mais une petite contrariété a gâché notre plaisir au départ. En effet, nous avions réservé un emplacement avec électricité, mais, sur place, nous avons découvert qu’il fallait être équipé d’un cordon de 100 pieds de longueur pour pouvoir se brancher. Ce dont nous n’étions pas dotés. Visiblement, les campeurs qui emplissaient les lieux étaient des habitués puisqu’ils étaient tous équipés de rallonges sans fin. Mais, personnellement, il ne m’était jamais arrivé en 40 ans de camping de devoir recourir à un cordage de 30 mètres pour me relier à la connexion sur mon terrain. Ici, pour économiser, on a placé une station électrique pour deux terrains alors que les emplacements sont très distants l’un de l’autre. Je suis heureux que la Sépaq n’ait pas fait le même choix et, en fin de compte, nous n’avons pas pu profiter de l’électricité que nous avions payée. Bon !
Rando sous la pluie
Le lendemain, nous sommes allés sur le sentier Lookout, le seul circuit du parc dont le départ se trouve à un peu plus d’un kilomètre du camping. Il faut dire que la météo augurait extrêmement mal avec un ciel très couvert et quelques gouttes au départ. Nous sommes entrés dans une forêt vraiment magnifique. Que de grands feuillus de nobles espèces : érables, chênes et autres qui ne sont pas de nos forêts nordiques. La première section nous mène à un belvédère qui doit s’ouvrir sur l’infinité du lac Supérieur et sur une épave que nous n’avons jamais vue à cause de la météo. Le vent s’élève et la pluie s’amorce solidement quand nous décidons de poursuivre sur ce sentier de 14 km. Ce que nous regretterons amèrement puisque la pluie devient torrentielle et que le sentier se transforme en corridor boueux dans lequel nous avons pataugé durant quatre heures.
Départ et temps maussade
Petit matin de grisaille, nous sacrons le camp de Pancake Bay pour on ne sait où. Là où nous pourrons rejoindre le soleil. Et ce ne sera pas au parc provincial du Lac Supérieur, qui devait être notre destination suivante, puisqu’il fait super mauvais quand nous y arrivons. Comme nous faisons un aller-retour sur la Transcanadienne, nous y reviendrons au retour.
Sous la pluie battante, la route 17 se déroule en un long fil qui grimpe dans les nuages, plonge dans un brouillard où l’on distingue à peine au loin, deux feux qui s’avancent jusqu’à devenir un long semi-remorque. Aux grandes côtes succèdent les descentes devant lesquelles s’ouvre un panorama spectaculaire sur l’immensité démontée du lac Supérieur, ses falaises et ses immensités sur lesquelles nous espérons bientôt naviguer à bord de notre kayak.
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