Juste au cas où vous l’auriez oublié, un cornac, c’est la personne qui, aux Indes, conduit un éléphant. Une façon pour le moins originale de faire de l’équitation, je l’avoue. La semaine dernière donc, en prenant le volant de mon nouveau mastodonte, je n’ai pu m’empêcher d’avoir une pensée pour ces petits hommes.
Comme eux, j’avais l’impression de me retrouver assis sur un pachyderme. J’imaginais le jeune Indien qui, pour la première fois, mettait le pied sur la trompe repliée de l’éléphant, s’accrochait à l’oreille de la bête pour finalement s’assoir juste derrière sa tête. Alors, lentement, la machine se mettait en marche, oscillant de gauche à droite à chacun de ses pas lourdauds. Tout petit au sommet, le jeunot peinait à maintenir un équilibre fragilisé par le mouvement des nombreuses articulations de l’animal.
Ne vous demandez pas où je m’en vais avec mes pattes d’éléphant, ma comparaison entre le pachyderme et notre nouveau véhicule récréatif tient la route. J’explique.
Même si, dans le passé, il m’est souvent arrivé de conduire de grosses autocaravanes, je dois reconnaître que ces dernières années j’avais plutôt joué dans la cour des petits. Souvent, pour me taquiner, des amis me suggéraient d’utiliser le mot « minimaliste », mais cela fait partie d’un autre débat.
D’un coup, me retrouver derrière un volant identique à celui d’un autobus, assis devant un pare-brise en cinémascope sous lequel se trouve des cadrans et de boutons à n’en plus finir détonait de mes expériences récentes. Le moteur mis en marche, la carrosserie se met à vibrer au rythme du diesel Cummins de 8,3 litres. Il était clair que je venais de quitter le secteur de l’automobile auquel s’apparentait la conduite d’un Sprinter pour aller dans un ailleurs très différent.
La boîte de vitesse Allison engagée en marche avant et, au premier tour de roue, la vibration du début s’enrichit des harmoniques de craquements multiples provenant du tableau de bord, des stores verticaux, de la porte… en fait, de partout. Le tout au rythme des cahots et des nids de poule de la route servant d’amplificateur. Gâté par le confort à l’allemande et la solidité de construction de Safari Condo, j’avais oublié qu’il est de notoriété publique que les autocaravanes de Classe A fabriquées aux États-Unis aiment à se faire entendre de multiples façons. En ce 13 avril 2011, je venais de pénétrer dans une autre dimension.
Tel un éléphant, notre nouveau VR oscillait de gauche à droite et de haut en bas sur sa suspension à air. Il était clair que les quatre amortisseurs du train avant, sans doute de mauvaise qualité, n’arrivaient pas à contrôler de façon acceptable le débattement vertical. Malgré les 350 cv et le couple élevé de son moteur, le Scepter peinait à bouger sa carcasse pour combattre l’inertie d’un départ. Encore une différence notoire avec ce à quoi le Mercedes nous avait habitués.
Comme un cornac qui jette constamment un coup d’oeil aux oreilles de son éléphant pour s’assurer qu’il passe entre deux obstacles, mes yeux se promenaient d’un miroir à l’autre pour m’aider à établir ma position entre les lignes de la route. Étrangement, Michelle, confortable dans son fauteuil au repose-pied relevé me semblait beaucoup plus détendue que je ne l’aurais imaginé. Maniaque de cinéma, elle m’expliqua à notre premier arrêt qu’elle avait eu l’impression de visionner un film sur écran géant tout au long du voyage. Ouf, un problème de moins !
Au fur et à mesure que les kilomètres s’additionnaient, mes réflexes de conduite de ce genre de véhicule reprenaient le dessus. Le petit cornac et son insécurité étaient bien loin derrière. Mon attention se portait maintenant sur l’identification de l’origine des bruits environnants et sur les façons de les éliminer. Je jonglais avec mille plans où s’emmêlaient du ruban adhésif coussiné, des vis à resserrer et plein d’autres choses. De quoi m’amuser pendant plusieurs semaines.
Avant même de franchir la frontière canadienne, j’avais pris rendez-vous pour trois priorités : un système Banks pour augmenter la puissance et le couple du moteur, quatre amortisseurs Bilstein et un correcteur de direction Safe-T-Plus. Encore des dépenses importantes en vue. Ceux qui prétendent qu’il en coûte cher pour opérer une grosse autocaravane auraient-ils raison ?
Vous avez une façon unique de parler mécanique. Pas beaucoup de chroniqueurs automobile qui réussissent à m’intéresser à tous ces termes, comme vous venez de le faire.
Quand je me suis assisse derrière le volant de mon classe B Great west j’ai vécu plusieurs des impressions que vous mentionnez. Habituée aux petites autos et aux camionnettes Mazda, mon Dodge 3500 faisait office de pachyderme pour moi! Alors qu’est-ce que ce serait avec un classe A!
vous venez de décrire mon expérience en sens contraire.
Je suis passé d’un push (Coachmen Sportcoach) que j’avais batisé MON GROS ÉPAIS pour toutes les qualitées si dessus nommées à ce formidable Sprinter Pleasure Way 20 anniversaire.
vous venez de faire preuve de beaucoup d’éthique Monsieur.
Bravo pour votre texte. Il est tellement acrochant et imaginatif.
Moi, j’ai un classe B Safaricondo et j’aimerais bien un jour passer au Sprinter afin d’avoir plus de confort.
Il est vrai que lorsque l’on conduit pour la première fois ce type de véhicule on se rend compte de sa largeur et de sa hauteur. Pour ma part je trouve cela très agréable. Par contre il y a des inquiétudes lors de certaines situations. La première est sur la 40 à Montréal et avec des Vans de part et d’autre du motorisé et la vision du frôlement des miroirs!
La deuxième situation est le passage des douanes américaines et l’étroitesse des poteaux métalliques. J’avais mal au cou tellement il se faisait aller de gauche à droite pour vérifier si ils étaient assez espacés. Après ses 2 situations passées avec succès on se sent bien et moins inquièt.
En vaut-il la peine de faire l’importation?
Est-ce long de remplir toutes les exigences lors de l’importation?
Votre véhicule est-il neuf?
J’avais hâte de vous lire M. Laquerre, vous avez la plume facile, je me suis mis a pensé a la première également, et quelle sensation, le balancement de gauche à droite, les bruits qui nous énervent et qu’on essaie sans jamais réussir d’éliminer complètement, les préoccupations a savoir si l’on va se rendre a bon port sans ennuis mécaniques, etc., etc. Mais ainsi va la vie des Vristes qui au-delà de leurs peurs s’activent la saison venue de reprendre le volant et aller a l’aventure découvrir de merveilleux coin de notre terre.
Bravo pour votre belle acquisition et je vous souhaite des km et des km de plaisir…
Vous pouvez, monsieur, choisir de gonfler immédiatement votre facture par l’ajout d’équipement ou bien vous laisser le temps en jours et en kilomètres d’apprivoiser la différence de comportement des deux appareils. C’est comme changer son oreiller. Au plaisir de vous croiser sur la route de votre expérience.
Ou est le blog de cette semaine du 8 mai ?