Le choc de Miami

Nous avions une centaine de kilomètres à faire pour nous rendre de Pompano à Miami. C’était un dimanche matin. Je me suis dit que ça allait être une petite balade dominicale. C’était mal connaître la folle circulation de la métropole de la Floride, où même un dimanche matin les poids lourds roulent et les routes sont bondées. Elles ne manquent pourtant pas. Il y a même deux autoroutes qui traversent Miami : la 95 et la Turnpike. L’une et l’autre étaient bouchées. C’était juste moins mauvais sur la Turnpike, sans doute parce qu’elle est à péage.
Il faut dire que l’agglomération de Miami compte, outre ses cinq millions de résidants, quelque dix millions de visiteurs.
La pluie, qui nous a accompagnés tout le long du parcours, n’aidait évidemment en rien. Elle tombait parfois violemment comme elle peut le faire en Floride, rendant la visibilité aléatoire. Mais s’arrêter le long du chemin aurait été encore plus dangereux. Il valait mieux tenir le cap et bien rester entre les lignes. J’ai râlé à quelques reprises. Lise, elle, était sur les dents comme je ne l’ai jamais vue pendant notre long voyage en Amérique du Nord.
Il faut dire que le comportement des conducteurs n’aide pas non plus à rester zen. Je n’ai jamais trouvé que les Américains conduisaient vraiment bien. Mais leur conduite est généralement assez pépère, de sorte qu’on se sent plutôt en sécurité. Mais (est-ce l’esprit latino?), on conduit nettement plus vite dans la région de Miami. On zigzague, on suit la voiture précédente de trop près, on double autant à droite qu’à gauche, on utilise peu les clignotants (à tel point qu’on se demande s’ils savent que leurs véhicules en sont pourvus), on conduit le cellulaire collé à l’oreille. Parfois même, on texte. Je n’ai vu personne le faire sur les autoroutes, mais dans les rues, c’est assez courant.
Pas étonnant que les accidents soient fréquents. Nous avons vu plus de voitures accidentées en quelques jours que pendant les 18 mois de notre précédent périple.
L’impolitesse et l’agressivité sont aussi au rendez-vous. Non seulement on vous klaxonne si l’on n’aime pas votre comportement, mais on le fait pendant plusieurs secondes pour être bien sûr que vous avez compris le message.
L’été dernier, nous avions rencontré un couple québécois qui fréquentait la Floride depuis des lustres. «Plus jamais le Sud-Est», nous avait-il prévenus. J’avais mis leur exaspération sur le compte de leur grand âge. Après quelques jours dans ce coin justement, je les comprends mieux. Il faut croire que je vieillis moi aussi.
Quand nous avons fini par atteindre le Larry and Penny Thompson Park sains et saufs, nous nous sommes dit que nous ne sortirions La grande bleue que pour aller à l’épicerie. Mais deux jours plus tard, il a fallu aller à Miami pour consulter un médecin (j’ai eu une nouvelle infection urinaire, guérie depuis).
Même en dehors des heures de pointe, les rues étaient encombrées. Il nous a fallu presque une heure pour faire moins de 20 kilomètres. Ensuite, on a eu un mal de chien pour garer notre autocaravane. Heureusement, nous étions dans un coin latino. Il y avait un terrain vague près du centre médical. Nous nous y sommes engouffrés, comme l’avaient fait plusieurs personnes avant nous. Pas de contravention. La désorganisation a quelques avantages.
Autre déception : il pleut presque tous les jours depuis que nous sommes dans le sud-est de la Floride. Si je m’étais mieux renseigné, j’en aurais été moins surpris. Il tombe 135 jours de pluie par an dans la région de Miami, nous apprend l’indispensable Wiki, ce qui fait 110 jours de pluie de plus qu’à Yuma, en Arizona, ma référence ultime. Mais à cette période-ci de l’année, il devrait pleuvoir moins.
Pour tout dire, nous étions si déçus les premiers jours que nous aurions tout de suite mis le cap sur la côte ouest de la Floride, dont nous gardons un meilleur souvenir. Mais nous avions déjà fait des réservations jusqu’à la fin de décembre. Pas question de les annuler à grands frais. Il faudra donc faire avec.
Heureusement, le camping où nous sommes est un excellent camping. Le Larry and Penny Thompson est un beau parc de comté, où les sites, bien aménagés et pas trop chers, sont regroupés en boucles. Il y a de l’espace, beaucoup d’espace; on peut y marcher, on peut y courir. Il y a une grande piscine pratiquement inutilisée, de nombreuses salles de bains et buanderies. Le Wi-Fi gratuit fonctionne bien, du moins dans la boucle où nous sommes. Nous avons fini par y trouver notre rythme.
Ce camping regroupe une population étonnamment diversifiée. On y trouve de grandes Classe A dernier cri, dont une splendide Prévost flambant neuve, aussi rutilante qu’impressionnante. Mais on y trouve tout autant de petites et vieilles caravanes, parfois dans un piteux état. Les premières abritent invariablement un couple d’âge mûr, souvent accompagné d’un chien à pedigree. Des secondes sortent deux familles, une dizaine d’enfants et quelques chiens d’une race plus ou moins incertaine.
Je n’irai pas jusqu’à dire que les uns et les autres se fréquentent et fraternisent. C’est plutôt comme à Montréal : chacun y trouve sa place dans une tolérante indifférence.
Lise vous fait ses amitiés. On se revoit samedi prochain.
P.-S. Vous pouvez laisser un commentaire ci-dessous ou m’écrire à paul.roux@live.ca. Je n’ai pas toujours le temps de répondre, mais je prends toujours le temps de vous lire.
À ben là, « Paul & Paul » sur la Côte Est de la Floride, profitez en pour comparer vos impressions…
Nous sommes même voisins au Larry and Penny Thompson Park.