Lalalalalère à la frontière
Même si l’on en rêve depuis des semaines et que l’on en essaie de planifier tout pour prendre le départ au moment prévu, rien n’y fait, il est presque toujours impossible de rencontrer tous les délais déterminés. Nous l’avons encore vécu ces derniers jours.
Même si toutes les tâches qui n’imputaient que nous furent exécutées, il en est d’autres sur lesquelles nous avions moins de contrôle que nous avons dû abandonner et reporter. En voici deux exemples probants.
Depuis le début de l’été, à la recherche d’un moyen pour améliorer encore plus la suspension arrière de notre classe B, j’avais contacté JB Inc de Laval pour remplacer les amortisseurs d’origine installés par Ford par des Bilstein dont je connaissais depuis longtemps les nombreux avantages. Malheureusement, le modèle spécifique fabriqué pour un Ford Transit affichait, partout au Canada, la mention « en rupture de stock ». De semaine en semaine, la compagnie reportait le délai de livraison.
Juillet, août, septembre, octobre s’égrenaient dans une triste litanie. Jusqu’à la veille de notre départ, j’attendais toujours un signal positif de l’atelier pour m’y pointer. Mercredi matin, 24 h avant le jour prévu pour lever l’ancre, je reçois un appel de Jonathan Bétournay, qui a succédé à son père Jean aux commandes de l’entreprise. Il m’apprend alors que Bilstein a enfin communiqué avec eux pour les informer du moment ou les fameux amortisseurs pourraient leur être livrés : dans dix ou douze jours.
Trop tard pour moi qui tenait mordicus à franchir la frontière vérifier ce qui allait se passer puisque théoriquement le dépassement du quota annuel de séjour aux États-Unis rendait ma réentrée dans ce pays illégale. Pour ceux qui ne savent pas de quoi je parle, lisez le billet que j’ai publié sur ce blogue le 1er octobre dernier, intitulé Le flou se précise enfin. Dommage, pour mon VR qui devra attendre au printemps pour étrenner ses amortisseurs.
Mon second exemple repose sur un événement sur lequel je travaille depuis la mi-mars, soit plus de sept mois. Toujours à l’affut de produits ou d’accessoires utiles aux caravaniers, j’avait déniché un petit atelier situé à Franklin Park, IL, en banlieue de Chicago, produisant quelque chose m’apparaissant intéressant.
Ayant trouvé l’accessoire innovant et prometteur, j’avais contacté par téléphone son inventeur pour en apprendre plus sur sa création. Nos échanges m’avaient confirmé que celui-ci pourrait répondre à un besoin spécifique des caravaniers, à un point tel, que j’avais convenu avec le designer d’aller visiter son atelier pour voir et palper le produit. Je savais alors qu’à la mi-avril, ma remontée vers le Québec comporterait un crochet vers le Manitoba pour une visite de l’usine de Leasure Travel Vans. Faire un arrêt à Franklin Park n’ajouterait que quelques dizaines de kilomètres de plus à mon trajet.
Lorsque je vis l’accessoire en question — tant que je ne l’aurai pas mis à l’essai, je ne vous dirai pas de quoi il s’agit, au cas où il ne serait pas à la hauteur de mes attentes — je compris qu’il avait besoin de certaines modifications afin de le rendre plus universel à l’usage. Son créateur a compris rapidement le bien-fondé de mes observations et accepta de retourner à sa planche à dessin afin de l’améliorer.
Il bossa sur les modifications durant une bonne partie de l’été, devant faire face à des délais imprévus pour obtenir des pièces qu’il devait faire fabriquer en Pologne. Plus le temps passait, plus la fréquence de mes appels augmentait. Chaque fois, patiemment, il me mettait au courant des difficultés qui se dressaient sur son chemin, reportant toujours la finalisation du produit tant attendu.
Le 28 octobre, je reçois un appel de sa part pour vérifier l’adresse de livraison qu’il avait fournie à FEDEX au moment de leur confier le colis. Tout semblait alors baigner dans l’huile puisqu’un courriel du livreur m’informait quelques minutes plus tard que je le recevrais en matinée du 1er novembre, soit un jour avant notre départ pour le Sud. Inutile de préciser que je consultais le site de traçage de la compagnie deux et même trois fois par jour pour suivre l’évolution de la livraison.
Premier bogue, le samedi 28, à Nile, IL, où, semble-t-il, des instances gouvernementales se chargent de vérifier les objets exportés des États-Unis vers le Canada. Lundi 30, nouveau message de FEDEX pour me dire que le colis avait été relaxé et que la livraison demeurait inchangée.
Quelques heures plus tard, un autre message m’informe que le colis est rendu à Woodbrige, ON, où l’on procède à son dédouanement. Les jours passent et passent, sans nouvelles. Au moment où j’écris ce billet, il est 21 h 10 en ce samedi 4 novembre et les douaniers canadiens n’ont donné aucune main levée au colis. Pour ma part, je suis rendu à Harrisburg, PA et toujours silence radio.
Dès que j’aurai des nouvelles que le colis a été livré au Québec, je contacterai son expéditeur en espérant trouver un arrangement pour que je puisse malgré tout profiter de l’hiver pour mettre sa création à l’épreuve et en publier les résultats dans ma chronique Testé par Paul, avant l’été.
Je termine ce billet en revenant sur la promesse que je vous avais faite sur la façon dont s’était réalisée notre traversée de la frontière malgré notre délinquance en matière de durée de séjour.
Paradoxalement et contre toute attente, ce fut la plus rapide traversée de la frontière que Michelle et moi ayons connue depuis notre premier voyage aux États-Unis, il y a 53 ans. Réalisé sous la barre 50 secondes, un exploit digne d’être inscrit dans le Livre des records Guinness.
Pourtant, à l’approche du poste frontière Champlain, NY, une affluence de 60 à 70 véhicules dont les passagers n’avaient d’yeux que pour les guérites, nous nous attendions à être reçus par des douaniers impatients, envieux de voir autant de visiteurs prendre du bon temps alors qu’eux devaient travailler. Mais il n’en fut rien !
Juste avant de freiner pour prendre mon rang et mon mal en patience dans la file d’attente de gauche, je constate que la guérite réservée aux voyageurs accrédités Nexus est vide, complètement vide, cela même si le témoin lumineux indique qu’elle est en service. Heureusement, la voiture qui me précède laisse juste assez d’espace pour que je puisse m’engager dans la voie Nexus. Vive les petits VR !
Arrivé à la guérite l’officière sur place demande où nous allons.
— Going south to Florida for the next five to six months and back to Québec.
—Something to declare?
—No M’dam!
—Good Bye and have a safe trip!
Aucune question sur notre dépassement de la durée de séjour dans le pays, rien, nenni. Youppi !!!
Les délais de livraison, cela ne me surprends pas du tout, surtout ici au Québec, je suis moi même en attente d’une pièce d’un tout autre ordre qui devait normalement arriver dans une semaine, et cela fait maintenant un mois et toujours pas de nouvelle.
C’est exactement pour ça que je fais livrer mes colis US à un emplacement Kinek le long de la frontière , 5$ pour retenir notre colis pendant 30 jours c’est très utile parfois.
Pour votre passage à la frontière, vous avez été chanceux « Aucune question sur notre dépassement de la durée de séjour dans le pays ».
Nous avons traversé les douanes à Osoyoos BC et le douanier nous a demandé notre date de retour que je me suis empressée de dire fin mars. On était à ce moment-là le 5 octobre 2023. Il me répond non vous devez rentrer DÉBUT MARS. Alors je lui dis: Juste pour bien comprendre nous sommes le 5 octobre ? octobre à novembre =1 novembre à décembre = 2 et ainsi de suite pour dire en autant que j’entre avant le 4 avril et il me répond encore catégoriquement NON MARS. Bon il était peut-être un peu mêlé et avait encore en tête le mois de septembre pour ses calculs. Finalement il revient nous voir en disant: Anyway count MAX 180 days from today ! You must be back in Québec within 180 days – understand ?
La morale de cet histoire, c’est que ce sont des êtres humains qui sont derrière l’application des règles – lois et qu’il suffit d’en prendre un plus zélé qu’un autre pour nous faire manger nos bas 🙂
Des suites à mon commentaire du 13 novembre dernier, je me questionnais à savoir pourquoi le douanier m’avais indiqué 180 jours alors qu’après des recherches sur le site des douanes américaines, il est toujours indiqué 182 jours.
Comme on dit, la mémoire est une faculté qui oublie… le douanier avait retracé notre séjour à Haines et Skagway en Alaska que nous avions fait en août dernier. 182 – 2 = 180 jours comme ayant droit.