Lac Supérieur/Ontario – Le Géant endormi
Presque au bout de notre route le long du lac Supérieur, le parc provincial Sleeping Giant est considéré comme l’un des plus spectaculaires en Ontario et même, au Canada. Chose certaine, il semble l’un des préférés des campeurs et marcheurs ontariens.

Il occupe le cœur de la longue péninsule Sibley entre la baie Thunder et le lac Supérieur, face à la ville de Thunder Bay. On s’y installe au milieu de l’immense camping, sur un très grand emplacement ensoleillé, mais sans service, à deux minutes de marche de la rive du lac Marie-Louise. Une plage qui doit grouiller de monde par temps chaud et qui s’avère des plus agréables au coucher de soleil. C’est véritablement un magnifique camping boisé avec beaucoup d’intimité.

Sea Lion
Le départ des sentiers de randonnées se situe à environ 2 km de l’entrée du camping et on s’y rend facilement à vélo. Nous réservant pour une journée complète de marche le long sentier vedette qui grimpe sur le sommet du Géant endormi, nous nous engageons plutôt sur le court sentier privilégié par tous les visiteurs puisqu’il fait à peine un kilomètre et les amène directement à la formation rocheuse emblématique nommée Sea Lion. C’est le Rocher Percé de la place. Une avancée rocheuse très mince ornée de deux ouvertures dont une à son extrémité qui la fait aujourd’hui ressembler à un éléphant alors que, au tournant du XXe siècle, avant l’effondrement d’une partie de la paroi, on lui trouvait plus de ressemblance avec un lion de mer au poitrail bien gonflé. Le point de vue est d’autant plus remarquable qu’on y observe simultanément le fameux rocher et l’ensemble de la mesa du Sleeping Giant, un long massif rocheux avec sa tête et tout son corps étendu sous le ciel. C’est là que nous grimperons prochainement…

Anecdotes
Deux petites anecdotes… En s’engageant dans le sentier vers le Sea Lion, Joanne aperçoit un ours qui traverse le sentier environ 150 mètres devant nous. Un peu plus et elle s’en retourne au camping et c’en est fini du parc. Heureusement, deux femmes qui avancent en sens inverse on aussi vu la bête, mais n’ont d’autre choix que d’avancer sur le sentier, ce qui encourage suffisamment Joanne pour qu’elle continue. Toutefois, au retour, elle m’assure avoir aperçu l’ours en forêt, à la même hauteur. Il l’a moins effrayée cette fois, mais elle restera méfiante.
Ensuite, au retour, nous explorons à vélo un peu plus loin sur la route, à la recherche d’un endroit où mettre notre kayak à l’eau sur le lac Supérieur. Le constat est nul jusqu’à ce que nous arrivions à une ancienne marina et à son vieux magasin général que des gens de la place sont en train de retaper. Les nouveaux quais de même que la rampe de mise à l’eau sont remarquables et le vieux magasin, avec sa grande terrasse sur le lac, aura certainement énormément de charme une fois restauré. Nous croisons un homme très impliqué dans toutes ces initiatives. Un monsieur super sympathique et extrêmement jasant qui nous invite à mettre à l’eau sur place et nous raconte avec enthousiasme toute la genèse de leur projet des plus prometteurs qui vise à redonner vie à la petite communauté de villégiateurs de Silver Islet.
Autre petite anecdote pour le même prix. Une niaiserie à vrai dire. Comme il nous arrive de le faire, nous avons fait un petit lavage rapide, à la main, au retour au VR. Le buanderies des campings étaient fermées partout. On étend notre linge sur la corde, dont une paire de bobette. Imaginez qu’un écureuil particulièrement gourmand (et gourmet) est venu bouffer mes petites culottes. Rien d’autre… Faut le faire !
Journée de kayak
La seconde journée sera effectivement dédiée au kayak de mer pour un première excursion sur le mythique lac Supérieur. Nous retournons donc à Silver Islet pour utiliser leur nouvelle rampe de mise à l’eau (5 $) tout en laissant le VR aux abords de la descente puisque nous en avons eu la permission hier. À ce moment de l’avant-midi, le soleil nous réchauffe bien et le ciel est plein bleu. Kayaker sur la grande mare nécessite tout l’équipement requis en mer, sur le fjord ou l’estuaire du Saint-Laurent. L’eau est d’ailleurs à la même température que celle du Saint-Laurent à la hauteur de la Côte-Nord, soit 4 °C. Les soubresauts du climat peuvent s’avérer aussi soudains et aussi radicaux que sur le fleuve. Et, quand le Supérieur se choque, il peut vite devenir terrifiant. La très longue liste des naufrages et les histoires d’horreur en témoignent. La combinaison isothermique est donc de mise.
La couleur émeraude de l’eau enchante même si elle est moins prononcée que sur la Baie-Georgienne. Dès les premiers coups de pagaie, nous accédons à ce qui fait la majesté et la magie du lac Supérieur. Son immensité assurément. Tout le caractère sauvage de ses rivages escarpés. Les falaises ne nous étourdissent pas comme celles du fjord du Saguenay, mais elles exaltent une sérénité fascinante malgré la fragilité de ses parois rocailleuse que le gel, la glace et les tempêtes sculptent sans relâche. Nous naviguons tout près du fameux Sea Lion et nous approchons au point de nous risquer à passer sous son arche étroite. Ce qui se fait sans aucune difficulté et sans recevoir de pierre sur la tête. C’est juste amusant.
Nous contournons les caps et longeons les baies à la recherche d’une plage où manger. Au détour d’un avancé rocheux, nous voilà subitement face à face avec un impressionnant pygargue juché sur un rocher pointant hors de l’eau. Avec son regard perçant et fustigeant, il nous examine en démontrant une certaine indifférence. Presque du mépris. Se laisse approcher sans autre réaction que de tourner la tête à gauche. Puis à droite. Sous le coup de l’émotion, je le mitraille de ma caméra. Puis il me donne le temps d’approcher mon regard au point d’admirer les dégradés de son plumage et son port altier qui donne une grande noblesse à ce grand pêcheur, mais, aussi, un charognard que les Américains se sont donné comme emblème. Puis il s’envole lentement pour aller se percher sur une longue branche sèche où je pourrai encore le contempler à satiété. Les canards noirs sont également très nombreux ainsi que les Becsies qui se baladent en petit groupe. Ça manque de baleines !

Nous débarquons sur une rive couverte de galets qui n’est pas sans me rappeler Anticosti avec le cliquetis de l’eau qui se retire au retrait de la vague. Le plus bel endroit au monde où faire la sieste.

Nous poursuivons jusqu’à la baie de Tee Harbour et son campement rustique extrêmement agréable. J’aurais bien aimé pousser l’audace jusqu’aux nombreuses îles au large, dont une dont on aperçoit le phare. Mais le vent s’élève, comme il semble le faire chaque après-midi. Nous jouons donc de prudence pour revenir tranquillement au havre puis au camping. La rando sera pour demain…
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