Lac Salé (Utah) — Yellowstone (Wyoming – Montana) : une route d’émerveillement !
Dans la dernière étape de ce road trip, nous passons en une journée du Sud désertique au nord montagneux et luxuriant. La route traduit admirablement bien cette réalité avec le changement dramatique de l’environnement qui se déroule sous nos yeux.
Pour le GPS et la majorité des voyageurs, la route vers Yellowstone emprunte l’autoroute 15 Nord jusqu’à West-Yellowstone. Comme nous nous dirigeons vers le sud du parc, au camping de Grant Village, nous avons décidé de faire un petit écart en allant chercher la route 89 à partir de la 15, en passant par 30. Il s’agit d’une route secondaire peu fréquentée, mais absolument magnifique. Elle traverse une succession de petites villes pittoresques, comme Montpelier et Paris, de vallées verdoyantes, couvertes de ranchs et de gigantesques pâturages généreusement arrosés où broutent paisiblement des hordes de bœufs et de vaches qui viennent d’avoir leurs veaux.
La seule vision de ce panorama exceptionnel vaut largement le détour et vaut également, lorsqu’on arrive du Sud, que l’on privilégie la route 89 à la 189 ou à la 191 qui passe par la petite capitale régionale qu’est Boulder.
Toutes ces routes convergent cependant vers cette incontournable étape touristique qu’est la ville de Jackson, à près de 2000 mètres d’altitude. Autrefois consacrée exclusivement à l’élevage, Jackson (qu’on appelle aussi Jackson Hole) s’est progressivement transformée en station de ski de calibre international ainsi qu’en haut-lieu national pour les activités de plein air. La ville est toutefois littéralement envahie par des touristiques s’y arrêtent massivement dans le but de voir et de « s’autoportraitiser » devant les attractions les plus clichées de l’endroit, soit les grandes arches faites de bois de cervidés qui se trouvent aux entrées du Jackson Square Park ainsi que le fameux saloon Million Dollar Cowboy Bar au comptoir duquel on s’assoit sur de véritables selles de cheval. Quoi de plus américain ?
Un bout en Idaho puis le Wyoming
Le passage en Idaho est particulièrement spectaculaire avec les vallées qui ne cessent de s’élargir et les montagnes de s’élever droit devant nous. La route 89 est, ni plus ni moins, la route historique dont le tracé a initialement été suivi par les pionniers lors de la Ruée vers l’Ouest. Elle court au fond de passages étroits et profonds dessinés par les rivières qui longent le tracé.

En grimpant au Nord, on s’approche de la chaîne des Tetons Mountains avec ses pics drôlement impressionnants et encore complètement couverts de neige. On entre d’abord dans le parc national Grand Teton dont le sommet dominant, du même nom, culmine à près de 4200 mètres et est entouré d’autres hautes montagnes aux flancs enneigés. À quelques jours de l’été, la neige occupe d’ailleurs encore une bonne partie du couvert forestier et nous avons perdu 20 ͦ C comparativement aux derniers jours.

L’entrée à Yellowstone
Le parc Grand Teton traversé, on entre dans le parc national Yellowstone et sa forêt décimée par le feu qui est en pleine régénération. On se souvient du débat qu’avaient soulevé ces incendies de 1988 quant à l’intervention humaine en milieu protégé. Le feu avait alors dévasté 36 % du territoire du par cet altéré tout l’écosystème du parc. Il avait finalement été décidé de laisser faire la nature, d’autant qu’il est maintenant démontré que le feu est essentiel à la pérennité des forêts de conifères.

L’immense territoire de Yellowstone recèle un environnement forestier peu dépaysant pour nous, habitants de la Boréalie. Son grand lac Yellowstone domine le sud du parc en étant le plus grand lac en altitude du continent. Sa couronne de sommets de plus de 3000 mètres lui confère une noblesse et un mystère que renforcent ses brumes matinales qui se mêlent aux fumeroles évanescentes des bassins en ébullition qui s’y déversent.

Du lac, s’échappe la rivière Yellowstone, particulièrement gorgée avec la fonte toujours en cours. Elle glisse d’abord en larges méandres dans les prairies herbeuses où paissent les bisons, puis entreprend de dévaler les pentes en rapides constants. Elle se précipite ensuite avec rage au creux de deux précipices vertigineux qu’on admire sur un court sentier qui affiche un dénivelé de 200 mètres.

On voit au loin Upper Falls se ruer sur 33 mètres au creux d’une faille étroite puis, peut-être 1 km plus bas, la rivière déboule à nouveau dans un vide de 94 mètres, jusqu’au fond du canyon Yellowstone. Un belvédère permet de s’incliner juste au-dessus de cette fracture effrayante et de suivre le courant qui s’y précipite au ralenti, jusqu’à se fracasser sur le palier inférieur d’où l’eau brisée exhale des nuées de vapeurs vrombissantes.

Le canyon Yellowstone est l’un des plus extraordinaires qui se puissent à cause de ses dimensions impressionnantes, du classicisme de sa forme conique, mais aussi de la palette harmonieuse de ses couleurs.

À Yellowstone, peut-être plus qu’ailleurs, il faut se pencher pour admirer les fleurs, les insectes et la végétation qui tentent de faire leur place dans cet environnement qui frôle parfois l’apocalyptique et qui mérite que l’on reconnaisse sa beauté sauvage autant que son désir inaltérable d’exister. (à suivre)
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Lors de ce road trip, nous utilisons les guides de voyage Ulysse sur l’Ouest et le Sud-Ouest américain ainsi que Fabuleuse Route 66.
Mon épouse et moi avec un couple d’amis nous avons le projet de faire l’ouest américain à l’été prochain août et septembre 2021