Labrador et Terre-Neuve Les icebergs… une pure merveille !
Après le Rocher-Percé, les baleines, les marées de la baie de Fundy, le Château Frontenac et Anne aux Pignons verts, les icebergs de Terre-Neuve et du Labrador sont-ils en train de devenir un nouveau produit touristique de calibre international ?
On pourrait presque affirmer que ces blocs de glace monumentaux le sont déjà tant ils attirent depuis quelques années une clientèle enthousiaste provenant du monde entier.
Les icebergs dérivent le long de la côte atlantique depuis des siècles et des millénaires. Ils font partie du paysage printanier coutumier des résidents de la côte de Terre-Neuve et du Labrador depuis toujours sans que cela ait changé grand-chose dans leur vie jusqu’à récemment.
En réalité, ces géants de glace sont demeurés dans l’indifférence générale jusqu’au 14 avril 1912, alors que l’un d’eux heurte le Titanic au large de Terre-Neuve et le fait couler. Depuis, l’attention s’est portée sur les victimes, mais voilà que, plus d’un siècle après, l’iceberg lui-même commence à fasciner les foules.
Un long voyage
Ce voyageur qui incarne la lenteur jusqu’à l’éternité a parfois entrepris son périple il y a des dizaines de milliers d’années. Coulant millimètre par millimètre dans le cours d’une rivière de glace, à partir du cœur des glaciers du Groenland jusqu’à la mer, il se détache de la langue glaciaire pour entreprendre une errance en mer qui durera plusieurs années elle aussi. Lorsqu’il atteint les côtes du Labrador, de la Basse-Côte-Nord puis de Terre-Neuve, il est en fin d’existence. Il va parfois pénétrer dans les immenses baies du sud du Labrador ou du nord de Terre-Neuve puis s’échouer avant de chavirer et de présenter des formes toujours redessinées puis de se désintégrer subitement. C’est là le spectacle que veulent voir les touristes convergeant de tous les continents.

Iceberg watching
L’observation des icebergs, sur des bateaux de mini-croisière, en kayak de mer et même de la terre ferme permet de découvrir l’incroyable diversité d’aspects, l’audace vertigineuse de formes et la pureté éblouissante des couleurs de ces mastodontes qui peuvent prendre l’allure de grands navires, de châteaux du Moyen-Âge ou de coquillages démesurés. Autant de structures improvisées qui semblent inertes, mais qui vivent et s’expriment dans leurs mouvements imprévisibles et leurs mugissements effrayants.
Comment l’iceberg, intervient-il dans l’économie du Labrador, de la Basse-Côte-Nord et de Terre-Neuve ? En suscitant la mise sur pied d’une multitude de petites entreprises là où la situation économique générale est critique.

Des pêcheurs qui se recyclent dans le tourisme comme Tim Rumboldt qui a fondé Cloud 9 Boat Tours dans son petit village labradorien de Mary’s Harbour qui n’est relié à la route que depuis quelques années. Ces nouveaux entrepreneurs espèrent étirer leur saison d’activité de plusieurs semaines puisque la meilleure période pour l’observation des icebergs s’avère être le mois de juin, bien avant le début de la haute saison touristique. Ils comptent aussi y ajouter un produit irrésistible, comme Paul Langdon, de Fortune Harbour, un hameau bien en dehors des sentiers battus. À sa retraite, Paul a fondé une petite entreprise d’excursions en kayak de mer : Canoe Hill Adventures. L’éventualité de faire du kayak autour ou à proximité des icebergs avec lui séduit déjà des visiteurs européens.

À Blanc Sablon, Yves Lévesques est concessionnaire d’équipements de loisirs motorisés, Sports Max, et il a ajouté aux nombreuses flèches de son arc des sorties d’observations des icebergs qui complètent un programme d’excursion comprenant les oiseaux et les mammifères marins ainsi que des sites historiques insulaires.

À l’extrême nord-est de l’île de Terre-Neuve, Ed English a profité de la mise en vente des phares et de leurs installations par le Gouvernement fédéral pour acquérir les bâtiments de l’île Quirpon, qui fait près de 6 km de longueur, et y aménager une auberge merveilleusement pittoresque et chaleureuse où se retrouvent autour de la grande table du souper des voyageurs du monde entier venus admirer les icebergs. Son entreprise, Linkum Tours, propose du kayak de mer et des sorties en zodiac pour côtoyer les baleines, mais les icebergs font salle comble au Quirpon Lighthouse Inn dès le début juin, un mois avant la saison des baleines.
Iceberg Alley
Un peu plus au sud, quelques destinations majeures mettent l’emphase sur les icebergs, prolongeant de la sorte la saison touristique de 4 à 6 semaines avant que les mammifères marins ne prennent la relève. Au long du circuit routier nommé Iceberg Alley, les municipalités de St Anthony et, surtout, Twillingate, mènent le bal. En juin, les bateaux d’excursions proposent aux nombreux touristes de se rapprocher des icebergs qui font le pied de grue dans la baie et sur les côtes. Et la clientèle en est ravie. Si jamais un rorqual à bosse vient dresser la queue devant une forteresse de glace, c’est carrément l’apothéose sur les ponts et les caméras se déchaînent.

Twillingate, quant à elle, s’est proclamée « capitale mondiale des icebergs » et toute une armada de petits bateaux de croisière tournait autour des deux icebergs présents lors de notre passage. Même s’ils étaient magnifiques, l’un d’eux présentant une arche grandiose et fragile, c’était beaucoup d’insistance. Mais, on fait avec ce qu’on a. Comme pour les baleines, le spectacle ne peut pas être mis en scène et rien n’est garanti.

Les icebergs sont bien présents sur toute la côte est de Terre-Neuve en juin jusqu’à la mi-juillet et les nombreux chasseurs d’icebergs, dont la photographe Diane Davis (lazydaysnl.wordpress.com) explorent les moindres baies et les villages les plus secrets pour les débusquer. Ce faisant, ils stimulent une économie qui était léthargique durant cette période de l’année auparavant. Des jeunes vendeuses de limonade installées au bout du chemin à Elliston, au dépanneur de Fortune Harbour, à la station-service de Trinity, au café de Crow Head et au gîte de St Lunaire-Griquet en passant par les entreprises touristiques les mieux structurées, tout le monde profite de cette nouvelle manne qui ne peut que gagner en popularité dans les années qui viennent tant les icebergs émerveillent les voyageurs.
Et quant à faire, goûtez la bière Iceberg, brassée par Quidi Vidi de St John’s, l’excellent rhum et la vodka Iceberg (vendue à la SAQ) faite avec l’eau cristalline des glaciers…
Bonjour,
Je regarde vos derniers post et il sont tous en temps de pandémies.
êtes-vous vraiment là présentement?
comment avez-vous fait?
Je me suis informé sur les traversiers et il n’accepte pas les étrangés
Bonjour Réjean. Désolé du retard à vous répondre mais rien ne me signale les messages et questions que je reçois sur ce blogue. Nous ne sommes naturellement pas « en directe » du Labrador pour ce blogue, ce voyage datant de 2018.