La poisse
Ainsi que je l’avais annoncé la semaine dernière, Michelle et moi avons pris la route des vacances. J’en suis à me demander si nous n’aurions pas mieux fait de ne pas bouger tellement la guigne semble faire partie du voyage. Je vous raconte. Lundi midi, après avoir fait nettoyer les composantes mécaniques du frigo, nous mettons le cap sur Trois-Rivières. À peine avions-nous parcouru quelques kilomètres qu’un bip répétitif émerge du tableau de bord. Un rapide coup d’œil aux nombreux cadrans et témoins lumineux de la planche me permet de constater que les mots « alt charge » y sont illuminés en rouge. Ça y est, nous avons un problème d’alternateur, me dis-je. Pourtant, lorsque je regarde le cadran indiquant le voltage poussé par celui-ci, l’aiguille se fait rassurante avec ses 13,4 V. J’en déduis alors qu’il s’agit simplement d’un mauvais contact dans le circuit électrique. J’ai beau tenter de faire comme si de rien n’était, le bip continue à me taper sur les nerfs. Voulant en avoir le cœur net, je place un appel à Pierre Harvey, de VR Camion Expert en espérant que son entreprise ne soit pas fermée pour la période des vacances. Pfiouf, on répond ! Pierre me conseille alors de pulvériser généreusement de l’huile pénétrante sur les contacts électriques à l’entrée de l’alternateur. Il peut arriver, après une immobilisation du VR de plusieurs jours, que ces contacts fonctionnent mal et qu’un peu de lubrifiant corrige le problème. Une fois retirée, la trappe dans le plancher de la garde-robe à l’arrière du VR donne un accès direct au moteur. Me voilà donc à quatre pattes, juste au-dessus de l’alternateur à pulvériser du lubrifiant sur les contacts hypothétiquement défectueux. Une chaleur étouffante avec odeur assortie m’arrive au visage. L’opération terminée et la trappe remise en place, je m’installe à nouveau au volant pour constater que le bip sonore cherche toujours à me rendre fou. Nouvel appel à Pierre Harvey. Il me dit d’arrêter à son atelier de Québec. Chemin faisant, le voltmètre du tableau de bord commence à faiblir. Je me fais la remarque comme il serait agréable que le bip connaisse le même sort, mais il n’en est rien. Alors que j’approche de la capitale, le voltmètre indique un maigre 11 V, ce qui veut dire que l’alternateur ne fonctionne plus et que je roule grâce à la réserve des batteries. Ma température corporelle augmente, car je me demande si je vais avoir assez d’énergie pour me rendre au garage. Heureusement, j’y parviens. Un premier examen confirme que l’alternateur est sauté. Heureusement, Harvey en a un tout neuf en stock. L’après-midi est donc consacré à déposer l’appareil défectueux pour en installer un autre. Dans mon esprit, le bip du tableau de bord est remplacé par celui du tiroir-caisse, encore plus traumatisant. L’alternateur posé, je démarre le moteur. Le voltmètre grimpe immédiatement à 13,9 V ce qui me rassure. Comme il est tard, je décide de passer la nuit dans le stationnement de l’entreprise, je reprendrai la route au matin. Mardi donc, me voilà de nouveau en route pour les Maritimes. À la hauteur de Lévis, le maudit bip recommence son vacarme et le témoin du tableau de bord rougit à nouveau. Quant au voltmètre, il demeure imperturbable. Le problème se situe donc ailleurs. Nouvel appel à Pierre Harvey et virage à 180º. Une fois de plus, direction l’atelier. Quelques heures plus tard, le problème est enfin trouvé. Un petit fusible de 5 A, soigneusement caché sur la ligne électrique, avait grillé. Nouveau coucher dans le même stationnement. Allons-nous enfin réussir à partir ? La journée de mercredi se déroule bien. En fin d’après-midi, nous arrivons à Dégelis. Arrêt chez Métro, pour remplir le frigo et les armoires. Sur l’enseigne extérieure, on peut lire « bienvenue aux campeurs ». Une fois à l’intérieur, je m’informe pour savoir si je peux utiliser leur stationnement pour la nuit. La caissière me réfère à la propriétaire, une jeune dame très gentille qui me confirme la véracité de sa pancarte. Je m’installe donc dans le fond du stationnement. Michelle décide de faire une compote avec la rhubarbe toute fraîche qu’elle vient d’acheter. Les feux de la cuisinière refusent de s’allumer. Merde, le réservoir de propane est à sec. Qu’à cela ne tienne, nous allons démarrer la génératrice et utiliser la plaque à induction. À son tour, la génératrice refuse de partir, car le réservoir de carburant est juste en dessous du quart. Nous n’avons pas le choix, il faut tout ranger et refermer pour aller à la station-service à moins de deux kilomètres. Une fois sur place, j’apprends que la caissière ne possède pas le permis requis pour opérer la pompe à propane et qu’il me faudra attendre au lendemain pour que l’employé compétent revienne. Heureusement, la pompe à diesel fonctionne et je peux faire le plein ; nous pourrons donc nous servir de la génératrice. Vendredi matin, nouveau départ en direction du parc national Kouchibouguac, sur la côte est du Nouveau-Brunswick, en espérant y trouver un emplacement vacant. À 18 h, nous sommes au poste d’accueil du camping. Bingo, un emplacement, le 261, avec électricité est le seul encore disponible. Je débourse le 45,90 $ que l’on me demande (après rabais pour les « seniors ») pour un emplacement sans eau ni égout, mais avec électricité. Merci à M. Harper de mettre à la disposition des Canadiens, un réseau de parcs abordables. Après m’être faufilé dans les chemins bordés d’arbres et avoir arraché quelques branches trop basses avec mon motorisé, j’arrive au 261. Malheureusement, quelqu’un est y déjà installé. Je dois donc retourner à l’accueil. Naïve, la jeune préposée parvient difficilement à comprendre ce que je lui explique. Dépassée par la situation, elle me demande si j’ai parlé au squatteur pour lui demander d’expliquer pourquoi il se trouvait sur mon emplacement. Je lui réponds que cela n’était pas mon travail et que de toute façon, je ne voulais prendre aucun risque avec un cowboy venant du Texas, souvent plus enclin à dégainer qu’à discuter. Pendant qu’elle m’expliquait n’avoir aucun autre emplacement à me proposer, soudain, elle découvre que la réservation du terrain où j’ai stationné mon VR avant de venir à l’office vient d’être annulée. Plutôt fort comme hasard ! Ce matin, samedi, je me pointe à nouveau à l’office pour dénicher un autre emplacement pour la nuit. Dans le pire des cas, je me contenterai d’un emplacement sans service. D’ailleurs, hier à deux reprises, on m’avait dit que plusieurs étaient vacants. Au guichet, la même préposée que la veille me reçoit. Comme hier elle avait émis des doutes sur le fait que mon autocaravane soit trop grosse pour un emplacement prévu pour un VR de 35 pieds, je l’informe que, non seulement j’ai pu loger mon autocaravane de 12 mètres (en fait, je lui ai dit 39 pieds pour ne pas la mêler davantage), mais j’aurais pu également y stationner deux voitures tellement l’emplacement était grand. Je ne peux cependant pas résister à l’envie de lui souligner que le préposé ayant pris les mesures devrait suivre un cours de perfectionnement afin de bien comprendre le fonctionnement d’un ruban à mesurer. Preuve qu’elle n’a pas inventé le bouton à quatre trous, elle émet l’hypothèse que 35 pieds est peut être pour la longueur minimale du VR. Je crois qu’à ce moment-là, je me suis mordu la langue au sang pour ne pas répondre à l’énormité quelle venait de dire. Quelques instants plus tard, autre revirement de situation, aucun terrain, avec ou sans service, n’est disponible pour la journée. Pourtant, la veille… Il nous faut donc quitter. En désespoir de cause, nous nous sommes rabattus sur le camping Daigle, à quelques kilomètres à peine au sud du parc. À l’entrée, lorsque j’ai souligné à la gentille personne que je trouvais leurs tarifs fort raisonnables (35,21 $ pour électricité 30A, eau, égout et wifi) comparativement à ceux exigés dans le parc, en souriant elle me répondit « le parc, c’est une grosse gimmick ». Tout était dit ! De la façon dont le voyage s’est déroulé jusqu’à maintenant, peut être que demain, dimanche, je devrais passer la journée au lit. La semaine prochaine, je commenterai une nouvelle tombée cette semaine qui pourrait avoir des retombées importantes pour les caravaniers québécois. D’ici là, j’aurai le temps de la décortiquer et d’en dégager les impacts et conséquences pour les adeptes du caravaning.
J’espere que la suite du voyage sera plus calme et moins stressante, bonne continuation
Comme planification de voyage, c’est pas fort de manquer de propane et de fuel le premier jour; comme conseil pour tous, on devrait toujours vérifier le propane avant de quitter et on devrait faire le plein avant de se stationner pour la nuit. Bon voyage et bonne semaine aux Maritimes.
Hum! tellement déplaisant lorsque la poisse s’abat sur nous… Mais tellement drôle à lire… J’espère que votre seconde semaine de vacances sera plus plaisante.
Mauvais début de voyage, pour un gars organisé comme toi cela est surprenant ?
Bon, en plus il nous laisse sur notre appétit en ne donnnat aucune information sur cette «nouvelle» une petite ligne nous aurait permis de faire notre recherche et nous faire une opinion, mais bon il faut tenir le lecteur en haleine.
A la semaine prochaine
Mon beau père disait: Quand tu as rien ,tu n’as pas de troubles.
J’ai bien hâte à la semaine prochaine.
Bonnes fins de voyage à vous .
P.S.: je prend bonne note de l’offre du Marché Métro de Dégelis, que j’utiliserais la semaine prochaine.
Pas évident des…vacances.
Le plus désolent avec un alternateur défectueux, c’est qu’on le change en chargeant le « total » alors que souvent ce ne sont que les brosses ou le pont de diodes qui est défectueux, une affaire à une mini-fraction du prix d’un alternateur…même problème avec un démarreur.
Bonne continuité de vacances en espérant que tout se passer bien.
Paul, la vraie vie de VR – mécanique, électricité, propane, fuel etc. Bon voyage au N.-B. !
Les parcs nationaux au Canada sont très cher. Trop cher. Les provinciaux aussi.
Pour les matinaux il faut payer en plus l’accès au parc.
Près d’où vous êtes j’étais l’an dernier au camping Cap Lumière. C’est collé sur la mer. Et il y a de la place pour les gros gros. Pas juste pour les petites coquilles passepartout. La plage y est aussi belle qu’à kouchibouchouac. Bon séjour !
Il n’y a pas d’aventures sans mésaventure! Dixit Isabelle Daquin
Bonjour !
Il me semble que votre motorisé soit relativement neuf pour une défaillance si hâtive de l’alternateur ? À moins que ce dernier soit exploité à +/- 100% du temps avec tous les accessoires qu’il doit alimenter lorsque vous êtes en route. La surchauffe a surement eu raison du bobinage…
Bonne vacances
Chanceux quand même dans la malchance, pas trop loin, réparateur disponible, pièce de remplacement disponible aussi …vous auriez pu faire du « surplace » une bonne partie des vacances!!!
Drôle pour nous à lire et en même temps instructif!