Le désert constitue sans doute l’environnement naturel le plus mystérieux et le plus fascinant qui soit. Y camper se révèle une expérience hors du commun que l’on n’oublie pas de sitôt.
Mettons de côté le désert blanc hivernal qui nous semble familier, mais que peu de gens ont vraiment affronté. Parlons du vrai désert. Celui de sable, de sècheresse. De jours torrides et de nuits froides. L’image stéréotypée de ce désert ressemble à une mer agitée de sable blond stérile, dont les vagues forment autant de dunes.
Divers déserts
Les zones arides ou semi-arides couvrent environ le tiers de la surface de la Terre. Il s’agit de territoires où les précipitations sont très rares (moins de 250 mm/an), ce qui rend extrêmement ardue la survie des végétaux et des animaux. La chaleur n’est donc pas l’unique critère pour reconnaitre un espace désertique. Il existe des déserts chauds, froids et tempérés. On trouve également des environnements semi-désertiques, où tombe de 250 mm à 500 mm de pluie annuellement, et qui sont couverts d’une végétation relativement abondante : cactus, bosquets et arbustes. Contrairement à ce que l’on croit, plusieurs animaux ont aussi réussi à s’adapter à ces milieux hostiles.
Sur le golfe Persique
Sans jamais avoir vu le plus grand désert et la vedette entre tous, le Sahara, j’ai pu séjourner et camper à quelques occasions dans les déserts de ce monde. Le premier se trouve dans la péninsule arabique, près de Dubaï, à la frontière du Sultanat d’Oman. La Dubaï Desert Conservation Reserve, qui allie la découverte de l’environnement désertique au glamping de grand luxe, se trouve dans le désert du Rub al-Khali, ce qui signifie « espace vide ». Nous nous imaginons le désert comme une zone inhabitée. Pourtant à Dubaï, dont toute la superficie est désertique, le territoire est partout occupé et couvert d’enclos de chameaux. Seule l’instauration d’une zone de conservation a pu préserver l’environnement naturel du désert, sa faune et sa flore.
Comme on ne sait faire que dans le luxe et l’exclusivité dans l’émirat de Dubaï, nous sommes allés dans un hôtel très exclusif qui propose un hébergement sous la « tente » s’inspirant de la tradition bédouine. Après la balade à dos de chameau sur les dunes, nous nous sommes retrouvés dans des suites de toile somptueusement décorées, qui offrent une magnifique vue panoramique sur les étendues du désert et sur les monts Hajar.
À travers la Jordanie
En Jordanie, le désert a couleur d’ocre. Il est tapissé de pierres et ponctué d’arbustes fleuris dont les couleurs atténuent la dureté du paysage. J’y ai marché durant six jours, en 2018, traversant la célèbre vallée du Wadi Rum à partir du village de Dana jusqu’à la cité antique de Pétra. Nous couchions à la dure, sous des tentes individuelles, admirant le coucher de soleil sur le désert avant de dormir comme des buches jusqu’au matin. Ce panorama de montagnes n’a rien à voir avec les mers de dunes, mais il a été traversé durant des millénaires par les caravanes sur les plus grandes routes commerciales de l’histoire et habité par des peuples qui ont sculpté ses parois rocheuses pour en faire des temples ou des sépultures.
Non loin, en Cisjordanie et en Israël, le désert qui entoure la fameuse mer Morte est un enfer de chaleur et d’aridité. Après une nuit sous une tente bédouine, je m’y suis retrouvé pour assister à un lever de soleil franchement transcendant.
Le long de la Namibie
Âgé de 55 millions d’années, le désert du Namib mérite le titre de doyen de la planète. Il s’étire sur 1 500 kilomètres de côte dans le sud-ouest de l’Afrique. Des centaines de touristes parcourent ses parcs nationaux pour admirer de près toute la pléiade de la faune africaine : zèbres, éléphants, lions, léopards, girafes, rhinocéros… Nommez-les ! Plusieurs aventuriers voyagent dans des Jeeps surmontées d’une tente fixe qu’on déploie au coucher. Chaque parc compte son camping et un point d’eau qui attire toutes les bêtes le soir venu. Le parc national de Namib-Naukluft accueille des masses de touristes à Sossusvlei où l’on admire les plus hautes dunes du monde, dont on peut même faire l’ascension par la crête. Une expérience que je ne suis pas près d’oublier.
Sur les hauteurs du Nouveau-Mexique
Aux États-Unis, le White Sands National Monument, maintenant promu parc national, préserve un peu plus de 400 kilomètres carrés d’un environnement naturel rare, un désert de sable de gypse. Le plus vaste qui soit de cette nature. Le gypse recouvre effectivement les murs de nos maisons. C’est un minéral commun, mais il est rare de le voir remonter en surface comme ici. Il s’est déposé sur le lit de mers asséchées il y a 250 millions d’années, puis a été recouvert d’autres matériaux avec le temps. Les mouvements de la croute terrestre ont cependant fini par le ramener en surface ici, dans la cuvette qu’entourent les montagnes San Andres.
Comme tous les déserts, il s’agit d’un paysage vivant, changeant, toujours en mouvement. Ses dunes se déplacent constamment, se forment sous les vents, se déforment par effondrement et se refont plus loin en avançant constamment.
Le gypse a cette particularité d’être blanc et incroyablement aveuglant sous le soleil, comme nous en avons fait l’expérience. De plus, il est stérile, dénué de toute matière nutritionnelle pour les plantes qui peinent vraiment à s’y installer.
Lors d’une randonnée sur l’Alkali Flat Trail, on plonge dans l’univers désertique des White Sands et l’on se fait littéralement envelopper par cet environnement immaculé. Sur les pentes de dunes instables, on avance d’un pas et on recule de deux… Sur le plat cependant, la surface reste plutôt solide et portante. Quelques fleurs réussissent à éclore dans l’austérité. Les yuccas dardent leurs boules de flèches acérées. Quelques arbres, qui ressemblent à nos peupliers, réussissent péniblement à croitre. L’odeur du romarin embaume l’espace. Non loin, on s’installe au camping Desert Paradise d’Alamogoro.
Jusqu’au gigantesque Utah
L’Utah n’est que désert et canyons que les temps immémoriaux ont « gossé » à coup de grafignes et d’égratignures. Des grains de sable ont ciselé des murailles et des forteresses. Des gouttes d’eau ont taillé des failles sans fond. Les vallées y deviennent des corridors titanesques que le soleil n’arrose que quelques heures par jour. Les parcs nationaux de Monument Valley, Canyonlands, Bryce Canyon, Capitol Reef, Arches et Zion sont autant d’hommages grandioses au désert sous toutes ses formes. On l’admire, subjugué. On y randonne en perpétuel état d’étonnement et de ravissement. Mais le moment le plus extraordinaire survient lorsqu’on s’y retrouve fin seul, au milieu de nulle part, pour passer la nuit. Ce que nous avons vécu par pur hasard dans la région de Zion alors que l’impossibilité de trouver un camping nous a forcés à nous réfugier sur les terres publiques pour camper au milieu du désert. Durant toute la soirée, nous avons vu le jour s’éteindre derrière les montagnes qui nous entouraient. Le silence n’était habité que par quelques hurlements de coyotes. Nous avons pris une douche de solitude et un bain d’immensité qui nous ont réconciliés avec les foules de touristes. Et nous avons senti qu’il n’y avait que le désert pour nous en donner autant !
Texte et photos : Yves Ouellet
Magazine Camping Caravaning, vol. 26 no 8, décembre 2020-janvier 2021
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