Tout d’abord, je tiens à remercier tous ceux qui ont ajouté à mes propos des deux dernières semaines. Ceux qui ont lu leurs commentaires comprennent un peu mieux que la vie nomade n’est pas une formule universelle et toujours désirable. Durant les quinze ans où Michelle et moi avons bourlingué en Amérique du Nord, nous avons éprouvé plusieurs des états d’âme rapportés et vécu tous les questionnements conséquents à ce style de vie.
Nous aussi avons aussi vécu des remises en questions. Je me souviens, après notre dixième anniversaire d’errance, d’avoir tenté une réinsertion dans le monde sédentaire. Une incartade qui s’est avérée insatisfaisante et de courte durée. À ce moment, moins attiré par la vie traditionnelle que Michelle, j’avais accueilli avec beaucoup de satisfaction sa décision de renouer avec le nomadisme.
Je l’ai souvent écrit, vivre en permanence sur la route oblige que ce projet soit partagé avec une même intensité par les deux membres d’un couple. À défaut de respecter cette règle, les choses risquent de rapidement tourner au vinaigre. On ne peut peser sur l’accélérateur et sur la pédale de frein en même temps sans un risque évident de surchauffe ou de bris du véhicule.
Aujourd’hui, cependant, les choses ont quelque peu évolué. Ainsi, après une longue réflexion, ensemble, nous en sommes venus à décision majeure. Dans les prochains jours, le 1er décembre précisément, mettrons fin à notre carrière d’itinérants et réintégrerons le monde des « moldus ».
Même si la nouvelle orientation donnée à notre vie peut vous sembler brusque et dramatique, sachez qu’elle fut mûrement réfléchie. En fait elle a commencé à germer et à se frayer un chemin dans notre esprit durant l’été, alors que nous voyagions en camping-car sur les routes de France.
En même temps que nous découvrions des horizons inconnus à notre expérience de caravaniers, nous prenions conscience d’une façon de faire du caravaning très différente de celle vécue ces quinze dernières années. Tout l’automne, nous avons continué à scruter nos besoins, nos attentes, nos projets et même nos rêves afin de prendre une décision éclairée et en harmonie avec nous.
Petite anecdote: à la mi-octobre, alors que je terminais une entrevue à propos de la vie de nomade, sur les ondes de la radio de Radio-Canada, l’animatrice m’avait demandé à brûle-pourpoint si je comptais vivre ainsi pendant longtemps encore. J’avais alors volontairement esquivé le fond de la question en l’orientant sur des considérations, disons, plus générales.
Pourtant, à ce moment, notre réflexion arrivait en fin de parcours, mais seuls nos proches partageaient cette information privilégiée. Pour moi, il était impensable de couler aussi bêtement une nouvelle dont j’avais décidé de réserver la primeur aux fidèles lecteurs de ce blogue. Maintenant, vous le savez !
N’ayez crainte cependant, ni Michelle ni moi n’avons l’intention de nous détourner du caravaning. Cette activité nous intéresse toujours autant, même si nous éprouvons le besoin de la vivre différemment. Dorénavant, nous pourrons enfin envisager de visiter les États de l’Oregon, de Washington, de l’Alaska ou multiplier les escapades en Europe durant l’été sans mettre en péril notre admissibilité au régime de l’assurance-maladie du Québec.
Chaque nouveau trajet pourra plus ressembler à des vacances, un concept que nous avions complètement occulté, puisque nous étions continuellement sur la route. Après tout, la notion même de vacances n’implique-t-elle pas une rupture avec la quotidienneté ?
De plus, la découverte du caravaning à l’européenne m’ayant donné plein de nouvelles idées. En maîtrisant mieux le moment et la durée de mes séjours au Québec, j’aurai alors une plus grande disponibilité pour développer certains projets. Et Je vous fais grâce de la joie de retrouver l’hiver de chez nous, sa neige, sa lumière, son froid… et toutes ces choses dont nous étions privés depuis longtemps.
J’avais ouvert ma série sur la vie nomade en citant les premiers vers d’un vieux poème de Du Bellay. Maintenant que j’en suis à la fin de ce sujet, les derniers du même quatrain s’imposent, comme nous les citait le cultivé Claude de la Sablonnière dans son commentaire :
Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage…
… Et puis est retourné, plein d’usage et raison,
Vivre entre ses parents le reste de son âge !
Quel « punch ».
Je comprends tout à fait la décision. Surtout à cause de l’ouverture aux possibilités accrues de voyages outre-mer.
Nous aimons encore fuir les froids du Québec l’hiver, mais nous avons toujours à notre agenda des escapades en Europe ou en Asie les printemps et les automnes.
J’ajoute que les règles de la RAMQ, comme le rapporte un autre lecteur, sont très embêtantes pour nous aussi.
Très intéressant l’analyse que vous en avez faite ainsi que la conclusion qui s’est imposée à vous. Je vous souhaite un agréable retour à la vie sédentaire tout en continuant à découvrir des coins splendides de l’Amérique .
Bonjour, je termine la lecture du livre de Célia Forget «Vivre sur la route» à vous lire et à lire le résultat de cette recherche je crois que ceux qui désirent faire du plein temps en VR auront une bonne idée de ce que cela comporte. Le temps plein sur la route c’est lasser de côté d’une certaine façon tout un mode de vie, de biens et de contacts quotidien, pour un monde de découvertes et de souvenirs. Bon retour «moldus».
J’aimerais bien lire encore vos expériences de «camping-car» en France ceux ci m’ont beaucoup plus et l’approche réservée aux itinérants est fort agréable.
Bon retour
Bonne nouvelle vie, Michelle et Paul – Vous aurez le temps d’écrire votre livre, maintenant !
Bonjour à vous,
Votre carnet m’a tout de même surprise! Je ne l’avais pas vu venir celle-là. Mais, au final, je comprends tellement bien tout ce que vous dites.
Ce qui va vraiment changer pour vous, ce sera les destinations, les durées et les périodes passées ailleurs et…le retour dans notre hiver Québécois!
J’aime beaucoup votre description du concept de vacances. C’est donc vrai que c’est une rupture avec la quotidienneté vécue avec un grand enthousiasme.
Bravo pour votre dynamisme, votre culture et vos propos enrichissants et porteurs de réflexion.
J’aimerais moi aussi lire encore vos expériences si intéressantes.
Je vous salue et vous souhaite le meilleur pour la suite.
Wow! tout un revirement, je n’aurais jamais penser lire cela ce matin.
L’achat du nouveau motorisé me donnait l’impression que vous alliez continuer a parcourir les routes de l’Amérique du nord.
Vous avez donnés plus que tout autre comme nomade Michèle et vous, une nouvelle vie s’ouvre à vous et je trouve cela fantastique.
Je vous souhaites le plus grand bonheur possible dans cette nouvelle vie… Bravo! 🙂
Lire ton blogue aujourd’hui m’a donné l’impression de finir un livre auquel on s’était accroché. La seule chose qu’on souhaite, est que le suivant soit aussi rempli de belles histoires 🙂
Pour ma part, je reçois le 1er chapitre de cette nouvelle histoire comme cadeau de Noël car enfin, j’aurai le plaisir d’avoir mes deux parents avec moi et mes proches pour les réjouissances du temps des fêtes.
Bon retour parmi nous :))
Quand j’ai lu la semaine dernière que votre article se terminait par: La décision, ça m’a laissée perplexe.
Je comprends cette semaine.
15 ans de nomadisme, c’est une très belle aventure, maintenant, vous allez vivre d’autres choses qui seront différentes et tout aussi enrichissantes.
Dans la vie, pas de changements, pas d’agrément!
Maintenant, je vous souhaite de réaliser ces voyages en Oregon, Alaska, Europe, etc.
Grosse décision compréhensible sur cette page de votre vie et je vous souhaite autant de bonheur dans votre nouvelle orientation.
Espérant vous lire quand encore longtemps.
Au plaisir de vous croiser quelque part.
Je comprends tellement bien votre décision après toutes ces années. Comme vous le disiez, c’est plaisant de sillonner les routes de l’Amérique du Nord mais, éventuellement, vous êtes limités dans vos découvertes par Mère Nature et les réglementations gouvernementales. Pour ma part, après 4 années, il reste encore des endroits à parcourir en caravaning en Amérique du Nord mais j’entrevois déjà prendre la décision que vous avez prise éventuellement car j’aimerais tellement retourner voir la région des canyons au Utah et au Colorado, entre autres, et faire de plus longs voyages en Europe ou en Asie. Je suis convaincue que vous vous plairez dans votre nouveau style de vie. Sinon, il est toujours possible de revenir au caravaning.
Bonne chance dans votre nouvelle vie de sédentaires. Peut-être nous rencontrerons-nous en quelque part en Utah, Oregon, Californie, etc. (pour nous, au printemps prochain!). Votre écriture était belle, intéressante et elle me manquera.
Une autre étape de la vie…. Ce qui peut paraître surprenant devient évident quelques années plus tard, quand on en a profité et que désormais se profilent d’autres options, qu’on a laissé murir au soleil d’automne. Ce n’est donc pas un changement, mais une suite…
Je suis surprise, avec le temps j’avais oublié que ça pourrait arriver.Vous avez vécu un 15 ans de voyage, de découverte et surement de bonheur. Ça va continuer mais d’une autre façon.Je le comprends, mais en même temps je ne voudrais pas que ça s’arrête.
J’espère que vous ne prendrez pas tout de suite votre retraite de ce blogue. À vous lire, au cours des années passées, j’ai trouvé « ma voie », ma façon à moi de faire du camping. Vous êtes une source d’inspiration pour moi, avec du gros bon sens. Du GBS.
Je comprends la joie de « Soleil », moi aussi j’aimerais pouvoir profiter de la présence de mes parents pour noël…
C’est un chapitre qui se termine et un autre qui commence.
Tant et aussi longtemps que vous bloguerez, je vous lirai. De toute façon, vous devez bien avoir des histoires en réserve ? Et votre douce doit avoir, elle aussi, son point de vue sur sa futur « ancienne vie », des histoires à raconter, le point de vue féminin du « nomadisme »… Aurevoir. Au revoir. Au Revoir.
Bonjour Monsieur Laquerre,
15 années, c’est beaucoup quand on sait que la durée moyenne d’être fulltimers se situe autour de 7 ans environ. Comme dans toutes choses, il faut savoir passer à autre chose. Vous allez sans doute continuer à voyager de d’autres façons, et cela vous convient, eh bien tant mieux! Vous dites vouloir continuer dans le monde du caravaning mais continuerez-vous à voyager en VR l’été ou si vous vous rangez aussi de ce côté pour voyager en voiture ou d’autres façons?
Personne, ni même vous, n’a soulevé la question santé. J’espère qu’elle n’entre pas en considération dans votre décision. Un problème de santé, je veux dire.
Je vous laisse nous dire ce que vous voulez bien à votre rythme. Merci de nous avoir mis au courant.
Je peux donc fermer ce livre que vous nous avez ouvert, le remettre sur l’étagère, puis ouvrir ce nouveau que vous nous ferz découvrir bientôt. Cela fait maintenant 5 ans que j’ai découvert le caravaning, j’y suis accros, et grâce un peu, beaucoup à vous deux, j’ai des plans et des rêves pour les années à venir. Non pas comme full-timer, mais tout de même, plusieurs endroit à découvrir.
Merci pour ce partage et cette belle plume que vous avez.