La cour est pleine
J’adore lorsque vous faites des commentaires qui provoquent un questionnement en soulevant des aspects plus ou moins négligés de situations portant à réflexion. Seulement la semaine dernière, deux interventions, une première rédigée sur ce blogue, la seconde expédiée directement à mon adresse courriel. Tant que vous continuerez à m’alimenter de la sorte, soyez certain que mes neurones, déjà aux aguets de tout ce qui se passe dans le domaine du camping et du caravaning, continueront de chauffer et que cette activité se traduira par de nouveaux textes.
Les deux commentaires que je viens de mentionner portaient sur des sujets parents certes, mais un peu trop éloignés l’un de l’autre pour que je les aborde dans un même billet. Il m’a fallu trancher et j’ai décidé de mettre celui de Pierre Meilleur sur la glace, ce qui me laissera plus de temps pour mieux le documenter.
Puisque vous n’avez pas lu le courriel que Jean-Claude Boivin m’a adressé, voilà qui vous mettra au parfum.
En me rendant en Floride je remarquais un nombre effrayant de Vr chez, comme exemple, VR St-Nicolas, Roulottes Chaudière, AS Lévesque de St-Apollinaire et encore plus à la succursale de Ste-Hélène le long de la 20.
Aux USA, les inventaires sont astronomiques, tous les détaillants ont des inventaires immenses en particulier les Camping World, et encore plus chez le détaillant George pas très loin de Richmond.
Qu’est-ce qui justifie de tels inventaires, on dirait que les fabricants ont continué à fabriquer pendant la pandémie sans ralentir. Ou encore, est-ce que les ventes ont ralenties ou stagnées au Canada et aux USA. Pourtant l’an dernier, il était très difficile, pour ne pas dire impossible de trouver un motorisé neuf… on nous promettait une livraison dans … quelques mois. Big deal.
Et que dire des prix, à titre d’exemple, un petit motorisé genre Delano qui se vendait autour de $210,000 l’an dernier se vend cette année, $277,000. Même chose pour les class A , à l’essence difficile d`en trouver en bas des $200,000-$250,000
J’ose avancer une hypothèse, est-ce que les détaillants couvrent leurs coûts fixes avec les quelques unités qu’ils réussissent à vendre…et pour y arriver, ils gonflent les prix.
Question : est-ce que les manufacturiers feront face à des faillites prochainement? Autre question, si tous ces VR sont vendus au cours des prochains mois, il n’y aura plus de places dans les campings partout au Canada et encore moins aux USA.
Qu’est-ce qui explique que les détaillants aient de tels inventaires, alors que les taux d’intérêts ont monté en flèche et que l’inflation frappe tout le monde.
Le problème évoqué ici est bien réel. Il est vrai que les cours de concessionnaires de VR semblent déborder. En passant, je crois que le concessionnaire que M. Boivin a nommé George est plutôt McGeorge’s Rolling Hills dont le commerce longe la I-95 au nord de Richmond, VA. Ce commerçant qui avait développé un modèle d’affaires basé sur des marques à grand volume a été acheté et intégré au réseau Camping World il y plusieurs années. Cette dernière entreprise, tel un trou noir dans l’espace, semble vouloir avaler tout ce qui se trouve dans son champ d’action. Fin de la précision.
Jean-Claude a raison de s’interroger. L’industrie étasunienne du VR est au reflet de citoyens qui habitent ce pays. Quand apparaît une situation créant une opportunité d’affaire enrichissante, rapide et facile, la plus pure tradition du capitalisme veut qu’on ouvre les vannes pour profiter de la manne.
Dans le cas en question, cette opportunité a pris forme lors de la Covid épidémique. Souhaitant échapper au méchant virus, plusieurs citoyens se sont tournés vers les véhicules récréatifs qui permettaient de voyager dans une bulle sécuritaire et se prêtaient bien au travail à distance. Et boom ! La production de VR a explosé.
Tous les records de production furent battus malgré les problèmes de main-d’œuvre et de pièces rencontrés sur le terrain. Pis encore, le manque d’expertise et d’expérience jumelées à l’absence de formation d’employés, embauchés à la va-vite pour pourvoir aux postes vacants, engendra de nombreux vices de construction.
Souffrant déjà d’une piètre réputation en matière de qualité, les VR furent construits durant cette période aggravèrent encore la situation. Aujourd’hui, les observateurs-experts du monde du VR étatsunien utilisent de plus en plus l’expression « Covid-RV » pour désigner ces véhicules, ce qui n’a absolument rien de flatteur, croyez-moi !
Voilà pour le premier élément qui permet d’un peu mieux comprendre ce qui est arrivé. L’appât du gain à la base du capitalisme constitue un des deux côtés de la médaille, celui des fabricants et des revendeurs, sur qui il fut mis beaucoup de pression pour entreposer dans leur cour les véhicules fabriqués en grand nombre qui ne pouvaient plus trouver place chez les fabricants. Que la construction des véhicules ait été finalisée ou non n’avait aucune importance. Ce qui comptait avant tout, c’est qu’ils aient quitté l’usine. La compagnie les ayant à moitié fabriqués y trouvait matière à faire sourire ses actionnaires.
Sur les gravures d’une pièce de monnaie, un côté fait toujours référence au pays qui l’émet, que ce soit un drapeau, une maxime ou un symbole culturel. Sur l’autre face se trouve un visage souvent célèbre suggéré par l’histoire des citoyens du pays. Appliquée à l’industrie, une médaille expose d’un côté le fabricant et le consommateur sur l’autre. Là aussi, il faut se tourner vers les valeurs de la société pour mieux en comprendre les raisons.
Il est notoire que nos voisins sont plus du type émotif que rationnel. Tu es contre l’avortement car il s’agit d’un crime contre la vie humaine et tu deviens justifié de prendre un AK-47 pour tuer, au nom du respect de la vie, des personnes qui travaillent dans une clinique médicale où se pratiquent des avortements.
Au début des années 90, pendant la guerre en Irak, alors que la France refusait d’endosser les actions belligérantes des États-Unis, un mouvement de réaction suggérait de modifier l’appellation patates frites (french fries) pour en retirer toute connotation pouvant d’une quelconque façon rappeler la France, pour en faire un mets typiquement américain.
Dans un journal du nord de la Floride, un lecteur avait publié un article où il se vantait d’avoir cassé toutes ses bouteilles de vin provenant de la France en guise de réaction. Réactions enfantines, direz-vous. Non, une réaction tout simplement conforme à la psyché d’une majorité des nos voisins.
Cette propension à réagir rapidement en fonction de ses émotions peut aussi s’appliquer à ce qui se passe dans le domaine du véhicule récréatif. Dans un climat où la polarisation des opinions est radicale, il suffit de peu pour que les choses dérapent. Des taux d’intérêt à la hausse, un prix des biens et services qui touche des sommets, la perte de confiance dans les institutions gouvernementales et la science, tout ça dans un bouillon de « fakes news » conduisent plusieurs citoyens à se replier sur eux-mêmes, autant par prudence que par crainte de l’avenir.
Dans une telle perspective, comme cela s’est produit à la fin de la première décennie de ce siècle, la hantise d’une instabilité économique pousse à couper dans les dépenses périphériques, moins essentielles. Le secteur des loisirs est souvent le premier qui écope. Malheureusement les véhicules récréatifs dont les prix ont également explosé depuis la pandémie deviennent tout simplement inabordables. Les détaillants se retrouvent alors avec des surplus considérables en inventaire, ou plutôt en invendus.
L’économie étant une roue qui tourne, on peut s’attendre à ce que, durant les prochains mois et les prochaines années, les prix amorcent une courbe descendante ou, au pire, se stabilisent. Cela durera jusqu’à ce que les acheteurs se pointent à nouveau à la porte d’entrée. D’ici là, les unités invendues vont faire mal aux détaillants et de nombreuses aubaines vont surgir et, peut-être aider à repartir le mouvement de la roue. Quand ? N’étant pas devin, ni buveur de thé, je m’abstiendrai donc de prédire une date.
Bonjour Paul,
Un très long texte ce matin mais reflétant le marché actuel.
Une petite question cependant suite à la lecture: indépendamment des rabais qui seront certainement offerts pourrons nous se fier à la qualité des covid-vr?
Ils devront les liquider éventuellement et qui seront les poissons?.
Bonne saison à la chaleur
Bonne journée
Salutations à vous deux
Jayco/Entegra donne 2 ans de garantie. Wow! me suis-je dit. Ils ont confiance en leur véhicule pour doubler la garantie de base. Et bien NON. C’est maintenant ce que cela prend à l’acheteur pour régler tous les problèmes de construction. En janvier 2021 nous avons négocié et acheté neuf le nôtre un 2021 et tous les problèmes viennent tout juste la semaine dernière de se régler. Et encore là, ce ne fut pas le concessionnaire qui les a réglés, mais un garage spécialisé en VR qui a facturé le concessionnaire. Bien sûr nous avons avons pu l’acheter à 174 000$ et cette année, ce même VR identique se vend 255 000$. C’est fou fou. À un moment donné il y aura un retour du balancier, car cela ne peut continuer à augmenter ainsi.
Je crois que les consommateurs devront faire leurs devoirs avec choisir avec prudence et minutie. Contrairement à ce qui existe aux États-Unis, en tant que consommateurs, nous sommes beaucoup mieux protégés, par les recours mis en place par la loi.
Quant à nos commerçants, je suis persuadé que la majorité d’entre-eux, conscients de la situation et de leurs obligations légales, vont sans doute effectuer des inspections pré-vente plus rigoureuses et appliquer le principe mieux vaut prévenir que guérir.
Estelle,
Il en va de même pour le prix du beurre, des céréales, du pain, du jus d’oranges…. Même l’âge augmente d’année en année sans qu’on y puisse y faire quelque chose.
blue ox on the run rv inspection – Faites une recherche sur Youtube avec ce sujet. C’est un Canadien qui avec son épouse fait des inspections de VR souvent neufs. Des histoires épeurantes de VR-Covid, fabriqués à la hâte – encore plus vite qu’avant afin de répondre à la demande.
En effet les cours sont pleines, les prix ont montés – pas mal trop. Mon dernier camion 3/4 de tonne et caravane à sellette avaient coûté environ $90,000 en 2009, c’est près du double maintenant pour l’équivalent – plus taxes bien sûr. Ma pension elle n’a pas doublé au cours de la même période. Tout le monde a déjà un VR. Il y en a plein à vendre sur Marketplace. Le marché est tout simplement saturé…
J’ ai une anecdote qui en dit long sur la qualité des vr et du manque de professionnaliste des vendeur de vr. En visite au salon du vr de Québec, avec un de mes ami et on c’ est mi a la recherche des défauts de qualité d’ assemblage. Des tables branlante, des porte d’ armoire croche, des marche d’ entré d’ une solidité douteuse. Quand le dosserai du comptoir décolle sur un vr de 350,000$ en exposition dans un salon du vr on est pas sortie du bois. Bonne chance au future acheteur.
Bonjour M. Laquerre,
Mon conjoint et moi lisons très régulièrement vos chroniques. Étant des amoureux de camping et dans le domaine de la vente du VR à cause de notre passion (tout comme vous), nous trouvons intéressant de voir les différents sujets que vous abordez.
L’automne est la saison ou les inventaires doivent être renfloués pour se préparer pour la saison à venir. C’est donc le moment des achats.
Nous sommes présentement dans cette période de notre côté.
Donc est-ce que c’est tout simplement un cycle et que c’est ainsi à chaque année (excluant peut-être les années ou la COVID a frappé et que les inventaires étaient quasi absents) et que nous remarquons davantage les nombreux VR à nouveau disponibles dans les cours présentement?
En ce qui nous concerne, nous nous spécialisons dans les VR de classe C de 25 pieds et moins. Usagés pour la plupart car nous ne sommes pas détaillants autorisés d’une marque en particulier.
Nous importons nous-mêmes chacun de nos véhicules des USA mon conjoint et moi, soit seuls ou en famille (nous avons deux jeunes filles de 9 et 11 ans) et je peux vous confirmer qu’encore cette année plus que jamais, les achats ne sont pas faciles.
Il serait difficile de passer à côté du fait que notre pauvre dollar canadien n’est pas en bonne position présentement, ce qui n’aide pas aux achats et probablement pas au prix de revente pour les petits et grands détaillants de la province de Québec.
Par contre, nous pouvons affirmer que les prix de vente affichés des VR que nous importons sont stables depuis un peu plus d’un an de notre côté.
Pour le moment, en novembre 2023, le prix d’affichage d’un 2022 Winnebago View est sensiblement le même qu’au mois de novembre 2022 pour des équipements équivalents.
Est-ce qu’il nous en a coûté le même prix à l’achat ?! Malheureusement non !! Tel que mentionné plus haut, nous subissons les fluctuations du taux de change qui ne semble pas vouloir être de notre côté présentement, certes nous tentons de gérer avec ces variables. C’est ça la business 😉
Du côté de la production qui a explosé pour les fabricants, ce n’est peut-être pas tous les fabricants qui ont utilisé la même stratégie.
Par exemple, en juin 2022, le fabricant Winnebago mentionnait qu’il semblait y avoir signe de ralentissement économique imminent et donc que l’entreprise ralentirait sa production pour le reste de l’année malgré qu’elle eût tout de même annoncé des bénéfices trimestriels records…(Extrait tiré d’un article du « Des Moines register » écrit par Tyler Jett le 22 juin 2022)
Et nous avons remarqué que le concessionnaire autorisé dans la province de Québec de cette marque (Winnebago pour ne pas la nommer) a été pendant un bon moment à ne pas recevoir d’unité neuve dans sa cour. Celles-ci ont à nouveau fait leur entrée dans les deux derniers mois ou vous pouvez y voir quelques modèles 2023 et 2024.
Donc nous croyons qu’il ne faut pas mettre tous les œufs dans le même panier.
Peut-être que les grands planchers ont des stratégies différentes. Il faut donc juste que les consommateurs demeurent prudents dans leur magasinage en ce qui à trait aux prix d’affichage.
Probablement que le mot COVID a été trop utilisé dans les dernières années et que ce phénomène a le dos tellement large que les gens ont tendance à tout rabattre sur celui-ci. Et comment nous y prendrions nous pour désigner un COVID-VR? Il aurait été produit entre quelle date et quelle date?
En remontant nos livres d’achat et de vente, même avant la venue de ce virus, les hausses de prix dans le milieu du VR étaient déjà présentes.
Nous avons bien hâte nous aussi que le marché se stabilise et que nous puissions offrir les unités à des prix à la baisse (si le marché nous le permet). En revanche, en ce qui nous concerne, nous tentons d’offrir un accompagnement et un service après-vente inégalé afin que les clients se sentent en sécurité avec nous.
Nous aimerions tous que l’économie retourne à des prix raisonnables comme nous l’avons déjà vécu.
Je me souviens, j’avais 16 ans et je faisais le plein de la voiture de mon père, un Honda accord à un prix aussi bas que 39,9 cents le litre !!
Ce qui est le plus inquiétant je vous dirais dans tout ça, c’est nos enfants qui seront aux prises avec cette économie déficiente. Mais je préfère repousser cette pensée et les laisser se blottir encore dans notre lit lorsqu’elles font de mauvais rêves la nuit. Les laisser être enfant quoi!
En terminant, je pourrais encore vous écrire plusieurs lignes à ce sujet, car nous recevons nous aussi beaucoup de questions de nos clients.
Ce que nous aurions envie de dire, c’est que l’achat d’un VR peut souvent être la somme accumulée pendant le travail d’une vie. Ne mettez pas vos rêves de côté.
Vous pouvez choisir d’attendre que le marché baisse, mais si vous êtes comme nous, il vous est impossible de vous acheter du temps. Sans compter que durant cette attente, pour laquelle le temps n’est pas déterminé, vous aurez laissé aller tous ces moments de bonheur que vous procure les sorties en VR pour peut-être sauver quelques dollars. Est-ce que c’est un choix qui en vaut la peine?
Au plaisir,
Steve et Marie