La côte Ouest sous la pluie
Après un arrêt au mont Rainier, nous avons commencé à en avoir marre des forêts denses de la côte Ouest. Notre quota de sapins de Douglas, si majestueux soient-ils, était atteint. Ils commençaient à nous rester en travers de la gorge, et comme ils sont gros… Nous avons donc décidé de mettre le cap sur le Pacifique. Ça tombait bien : l’Oregon offre à ses visiteurs quelque 600 kilomètres de route le long de la Côte.
Petite déception toutefois : sur les cartes, la route 101 longe le bord de l’eau. Mais dans la vraie vie, elle en est parfois éloignée de plusieurs kilomètres, de sorte qu’on voit rarement l’océan.
Deuxième déception, le mauvais temps. Aussitôt que nous sommes arrivés sur la côte Ouest, il s’est mis à pleuvoir. Le lendemain, il a plu encore. Le surlendemain aussi. La tentation était forte, vous nous connaissez, de changer de direction. Mais on s’est dit : on ne peut quand même pas se mettre à zigzaguer chaque fois qu’il fait mauvais. On n’aura peut-être pas l’air de poules mouillées, mais on aura l’air de poules sans tête.
On a donc poursuivi courageusement notre route. Sauf que la cinquième journée, il pleuvait toujours. Ça commençait à ressembler à la Gaspésie. D’autant que les prévisions étaient franchement pessimistes. Pour les dix jours à venir, on ne voyait que l’icône de la pluie sur les graphiques. Tout le contraire de l’Arizona. En outre, il avait plu tellement fort que l’eau s’était infiltrée par la fenêtre de la rallonge, mouillant même notre matelas.
Tout cela nous a scié les jambes ou, devrais-je dire, le parapluie. Je dois l’avouer piteusement, on a capitulé. Au centre de l’Oregon, près de Bend, la météo s’annonçait bien plus clémente. Son attrait était irrésistible. Au diable la pluie, au diable les kilomètres supplémentaires! On a remballé nos affaires. Bye, bye la Côte.
On ne l’a pas regretté. À mesure qu’on se dirigeait vers l’est, les nuages se dissipaient. On a fini par aboutir à Prineville, quelque 350 kilomètres plus loin. Un beau coucher de soleil a tout de suite récompensé notre détermination.
Le lendemain, nous nous sommes rendus dans les Painted Hills, considérées comme une des sept merveilles de l’Oregon. J’ai bien dit de l’Oregon, un État qui ne manque pas de charme assurément, mais qui n’est tout de même pas l’Arizona ou la Californie. Si d’aventure vous vous rendez dans ces collines, ne vous attendez pas à y trouver des tableaux aussi grandioses que ceux du Grand Canyon ou de la Vallée de la Mort.
Cela dit, ces collines aux couleurs riches, surgies il y a plus de 30 millions d’années, sont belles à voir. Elles sont aussi agréables à marcher. Les sentiers ne sont ni longs ni exigeants, mais mis bout à bout ils totalisent environ six kilomètres, ce qui n’est pas si mal.
Un mot en terminant sur la côte mouillée de l’Oregon. Elle est splendide, même sous la pluie. Non, je n’ironise pas. Évidemment, on en aurait mieux profité sous le soleil. Les plages sont magnifiques. Mais la seule fois où nous y avons marché, un gros grain a éclaté et nous sommes revenus tout trempés. On trouve aussi de nombreux et beaux sentiers le long de la Côte. On a réussi à faire deux randonnées entre deux pluies. Ce fut malgré tout très plaisant. Bien sûr, nos bottes de marche étaient bien crottées, mais comme c’est Lise qui les nettoie, je n’ai pas râlé. Non, ne la plaignez pas, elle aime ça.
À l’heure de l’espresso
En 2011 lors de notre premier voyage dans le Sud-Ouest, trouver un bon café en dehors des grands centres relevait de l’exploit. Par bon café j’entends un espresso ou un cappuccino, bref une boisson qui n’a rien à voir avec l’affreux café americano des McDo ou des Subway.
Depuis, les États-Unis ont heureusement découvert le café, l’authentique. Il est rare maintenant de traverser une ville, voire un village, sans voir une affiche indiquant en grosses lettres «Espresso». On trouve de plus en plus de cafés «drive through», où l’on peut commander un espresso, un latte ou un cappuccino sans même sortir de son char. Rien d’étonnant dans ce pays où l’on ne marche plus. Du côté de l’Oncle Sam, en effet, on roule en auto ou, à la rigueur, on court. Mais marcher est une activité en voie de disparition.
Mais revenons au café. Non seulement on peut en trouver du vrai, mais qui plus est, du bon. Pas toujours évidemment ; nous ne sommes pas en Italie. Il arrive qu’il soit plutôt quelconque, voire mauvais. De toute évidence, le personnel ne sait pas toujours se servir des nouvelles et rutilantes machines italiennes. Ainsi cette semaine, une serveuse n’est pas parvenue à mousser le lait, de sorte que nous avons bu un café au lait plutôt qu’un cappuccino.
En général toutefois, le café, je le répète, est bon; parfois même, il est savoureux. L’espresso n’est habituellement pas trop allongé. Quant au cappuccino, il est délicieux, à condition de commander le plus petit format. Les «jumbos» contiennent bien trop de lait à mon goût. Ce n’est plus du café, c’est une boisson pour les veaux.
Lise vous fait ses amitiés. On se revoit samedi prochain.
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