Alors que les nuits se font de plus en plus fraîches, il devient difficile de ne pas s’apercevoir que la saison de camping tire vraiment à sa fin, au Québec du moins. Sous peu viendra encore une fois le temps où les outardes, les bernaches, les oies blanches et plusieurs autres volatiles au long cours prendront le chemin du Sud, suivis par les «snowbirds».
Déjà, certains campeurs saisonniers s’activent autour de leur caravane. Certains démontent leur gloriette, d’autres rangent table et chaises de jardin. Bien sur, il reste encore de beaux week-ends à venir, mais le meilleur de la chaleur est définitivement derrière nous.
Avant que ceux qui profiteront du soleil d’hiver en Floride, au Texas ou en Arizona ne partent, un autre phénomène intéressant se produit actuellement sur plusieurs terrains de camping. Je veux parler de cette sorte de chaise musicale qui, tel un remaniement ministériel fait en sorte que chacun change d’emplacement avec son voisin.
Il est en effet étonnant de constater combien de campeurs saisonniers peuvent, en fin de saison, délaisser le camping où ils sont stationnés depuis des années pour installer leurs pénates sur un autre terrain, quelques fois à moins de dix kilomètres de celui où ils étaient.
Les raisons les poussant à agir ainsi sont multiples. D’une part, on trouve l’émergence de nouveaux besoins, par exemple, un accès direct à un plan d’eau navigable consécutif à l’achat d’un bateau, d’un kayak ou d’un canot. Pour d’autres, la recherche d’une plus grande proximité des services justifiera le changement de lieu. Une brusque modification du statut social, divorce décès, aura souvent le même effet.
Cependant, beaucoup de ces déménagements découlent d’un conflit. Querelle de voisins, mésentente avec le propriétaire, changement de vocation du terrain de camping ou modification profonde de ses règlements; autant de raison de partir. Chaque fois, l’espérance de trouver mieux ailleurs, du moins pour quelques années, devient le moteur du déménagement.
J’ai été témoin d’une situation de ce genre dans les dernières semaines. Un véritable exode ou près de 25 % des campeurs saisonniers ont décidé de partir. À l’origine : une décision de la direction de revoir de fond en comble et de moderniser le fonctionnement, l’organisation et l’aménagement du terrain de camping. Une décision légitime, il faut en convenir.
Voici un exemple d’un changement ayant soulevé l’ire des saisonniers. Jusqu’à maintenant, chaque campeur avait le choix de faire lui même sa pelouse ou d’utiliser le service de tonte offert par le camping. À compter de l’an prochain, l’entretien de la pelouse sera assumé par le camping. Fini le bruit des tondeuses qui, à tout moment, mais souvent le week-end, couvraient le chant des oiseaux.
Désormais, le camping n’aura plus l’air d’un échiquier avec des carreaux tondus, pas tondus. La pelouse se fera en une seule journée et l’herbe du voisin ne sera pas plus longue que la mienne. Lorsqu’un campeur partira en escapade pour une semaine ou deux, le devant de son terrain n’aura plus l’air d’un champ de foin.
N’ayant aucune prédilection pour les tondeuses à gazon, la décision de la direction du camping me sembla très sage. D’autres, aux alentours ne le virent pas du même oeil, percevant ce changement comme une atteinte à leur liberté.
Bien sur, vous aurez compris que mettre fin au règne de la tondeuse individuelle n’était pas le seul changement administratif à la base de la grogne populaire, mais, pris individuellement, aucun de ceux-ci ne présentait un caractère capital. L’ensemble en choqua cependant plusieurs.
Curieusement, le fait d’habiter un lieu amène la création de racines. On s’y sent chez soi, à un point tel que l’on en vient à penser que cela nous donne des droits acquis. Un terrain de camping ne nous appartient pas et notre seul véritable lien avec lui consiste en une entente contractuelle renouvelable. Le propriétaire de l’emplacement lui a des droits. Il lui appartient de déterminer les clauses régissant le fonctionnement de son entreprise. Lorsque ses conditions nous conviennent, on signe le contrat, sinon, il nous reste toujours le choix d’aller voir ailleurs si l’herbe y sera plus accueillante pour notre tondeuse.
Votre réflexion m’a amusé. C’est en plein ça qui se passe chez les saisonniers.
Il est toujours préférable d’annoncer les changements bien à l’avance du moment où ils deviendront les nouveaux règlements. C’est une forme de respect que de donner l’occasion aux gens concernés de mesurer et d’exprimer l’impact que ces changements auront sur eux. Les imposer de façon brusque et cavalière est un témoignage de mépris.
Ceci dit, je ne connais pas le cas que vous racontez et les choses se sont peut-être passées autrement.
En lisant votre commentaire, je m’attendais à une chicane de clôture comme nous connaissons tous, mais une chicane de gazon, je lève mon chapeau. Merci aux propriétaires de ce camping de penser aux non-résidents qui fuient la ville et ses tondeuses à l’heure du repas et les week-end pour la tranquillité de la villégiature.
Je milite en faveur d’une telle approche dans mon quartier, interdire les tondeuses à essence particulièrement ou électrique dans certains créneaux horaires.
Belle initiative que ce camping amorce j’espère quelle sera suivi par d’autres. À bas les tondeuses à toutes heures
J\’abonde dans le même sens, tout simplement par respect pour les campeurs de fin de semaine qui fuient la ville à la recherche de paix. Il est certain que cela ne plaira pas à tout le monde, mais quand on vit en société, il faut agir avec civisme. Nous avons vécu une expérience, en vacance cet été, ou le p\’tit monsieur assis sur son petit tracteur-tondeuse, est venu tondre le petit carré de gazon sur lequel nous étiions installés pour la journée seulement, car nous étions en transit. Pas fort!