Jordanie, une finale éblouissante !
Mes aventures à l’étranger…
Jordanie, une finale éblouissante !

Le trek de six jours sur la Jordan Trail s’achève avec la traversée de l’un des sites historiques et touristiques les plus réputés du monde: Pétra.
Mais, juste avant d’atteindre l’ancienne ville élevée au cœur du désert, nous expérimentons une nouvelle forme de camping qui m’a laissé très dubitatif. Le Seven Wonders Bedouin Camp propose un hébergement inspiré de la tradition bédouine, mais disons, fortement adaptée à l’image que les touristes internationaux s’en font. Il s’agit de petites tentes carrées d’environ dix pieds carrés, chacune équipée de deux lits simples et recouvertes d’une épaisse housse noire totalement dépourvue de fenêtres. La température y atteint des sommets durant le jour, rappelant plus un four à cuisson qu’une chambre. Cette sorte de iourte n’arrive à se rafraichir que quelques heures après la tombée de la nuit, permettant alors le sommeil dans une obscurité solide. Tout ça m’a semblé plus près de l’attrape touriste que de la réalité des Bédouins, ce qui me sera confirmé plus tard. Pour le reste, l’endroit s’avère quand même très agréable avec une bonne restauration et des musiciens autour du feu en soirée.
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Seven Wonders Bedouin Camp… La tradition réinventée pour les touristes |
Seven Wonders Bedouin Camp… L’intérieur des tentes |
Pétra

Après l’immersion totale dans l’environnement et l’esprit du désert jordanien, voilà qu’apparaissent les premières traces d’occupation humaine autres que les quelques campements bédouins que nous avons croisés. Certaines remontent à l’Antiquité et ont d’abord été l’œuvre des Nabatéens puis des Romains, des Byzantins et autres grandes civilisations conquérantes. Pétra était une ville à la convergence des routes commerciales de l’époque, avantagée par son approvisionnement en eau et sa sécurité. Elle a progressivement été abandonnée à cause du changement des circuits commerciaux et des tremblements de terre.
Les deux derniers jours de la randonnée se déroulaient donc dans le secteur archéologique de Pétra, une des destinations historiques mondiales les plus prisées au monde, reconnue par l’UNESCO. On y trouve essentiellement des anciens tombeaux. Des centaines de cavités rectangulaires creusées de main d’homme dans le grès tendre de toutes couleurs. Les parois rocheuses prennent l’allure de gruyères géants. Répartis sur un espace très vaste, une dizaine de sites sont particulièrement connus et recherchés au fil des deux emplacements principaux que sont Little Pétra (basse ville) et Pétra. Il s’agit généralement de façades monumentales sculptées à même la montagne. Des sépultures ou, dans les cultures moins anciennes, des lieux de culte ou des amphithéâtres romains. Ces cavernes, grands cubes à l’intérieur desquels les tombeaux familiaux sont sculptés, ont été transformées en habitations troglodytiques jusqu’à récemment, mais aucune n’était destinée à cet usage au départ. Notre guide, Makmoud, est né dans l’une de ces cavernes artificielles.
Lorsqu’on arrive à Pétra en randonnée, on découvre l’endroit comme nul autre touriste. On entre carrément par la porte arrière et l’effet s’avère très bizarre.
Un thé sur la falaise

Auparavant, revenons au moment où nous sommes assis à l’ombre à la terrasse montagneuse la plus étonnante qu’il m’ait été donné de voir. Sur le plateau rocheux d’un des plus spectaculaires belvédères de la Jordan Trail, apparait comme par magie un petit campement où une femme tient boutique et offre le thé bédouin, c’est-à-dire beaucoup de sucre, un peu de thé et une branche de menthe. De là, on suit les corniches sur quelques kilomètres avant que le sommet du premier monument ne pointe au loin. C’est le Monastère, ou Deir, avec sa façade massive aux reliefs géométriques. Déjà, tout le monde a la même question en tête… Comment ont-ils fait ça ? Mais tout s’explique !
Nous descendons puis remontons le long d’impressionnantes cascades asséchées, que l’eau ne dévale que lors des pluies diluviennes de l’hiver. Puis, le sommet de l’une d’elles est occupé par une boutique de souvenirs… Tiens ! Je trouve tout de suite mon premier et seul souvenir. Un petit poignard arabe pour enrichir ma collection.
Little Pétra

Nous sommes entrés dans Little Pétra sans trop nous en rendre compte. Les tombes vides dans les escarpements exigus de la vallée d’Édom sont omniprésentes. L’une d’elles, le Khanneh, se démarque par ses dimensions et sa grande salle qui servait aux repas donnés en l’honneur des morts. La façade fait 40 mètres de haut.
On descend ensuite les 900 marches bordées de boutiques que tous les autres visiteurs ont à gravir à pied ou, de façon très acrobatique, sur le dos d’ânes qui croulent sous le poids de gros touristes. Nous découvrons en bas l’ancienne ville romaine avec les vestiges de ses temples et grandes infrastructures dont la plupart restent à être dégagées du sol.

Pour nous rendre au centre-ville moderne de Pétra, notre guide nous propose un très étroit canyon qui peut s’emplir d’un torrent puissant en quelques minutes lors des coups d’eau. Il reste d’ailleurs des dernières pluies quelques mares brunâtres, plus ou moins profondes, dans lesquelles nous devrons patauger. Les parois incurvées font 20 mètres de hauteur et parfois moins d’un mètre de largeur.
À l’arrivée en ville, nous avons droit à une pause divine, dans le Cave Bar, aménagé dans une ancienne crypte. Je savoure avec un plaisir jouissif ma première et seule bière de la semaine en me disant qu’on peut ultimement survivre à une semaine de randonnée sous le poids de la chaleur extrême. Mais le faire sans quelques bonnes bières pour se réconforter après l’activité tient du pur héroïsme. Si vous voulez me féliciter de quelque chose, félicitez-moi de ça !
Jusqu’au Khazneh par le Siq
Le lendemain, nous retournerons à Pétra par le chemin suivi par tous les touristes, le canyon du Siq. Un autre corridor étroit et grandiose qui serpente jusqu’à la grande vedette des lieux, le fameux Khazneh et son prétendu trésor que contiendrait l’urne qui domine cette façade gigantesque. De là, on longe la rue des Façades qui, comme son nom l’indique, compte de nombreux monuments somptueux, un amphithéâtre, un emplacement sacrificiel et ce qu’on appelle les tombeaux royaux à cause de leur allure princière.
Des ruines comme celles de Pétra, il s’en trouve un peu partout dans le monde. Ce qui, à mon point de vue, fait leur singularité, c’est leur localisation au milieu de canyons inaccessibles qui transforment ces trésors antiques en joyaux gigantesques déposés dans un écrin montagneux.
La foule se bouscule ici, au milieu des chameliers qui offrent une balade sur leur animal chargé d’ornements colorés. Une multitude de marchands s’alignent sous une bâche sommaire. Vendeurs d’épices odorantes, d’encens, de petites bouteilles de sable blond à l’intérieur desquelles des artistes arrivent à créer des dessins en y introduisant du sable noir ou de diverses couleurs. Bébelles, bijoux de pacotille et souvenirs made in China abondent, mais n’arrivent pas à corrompre les souvenirs d’une expérience unique qui marque toute une vie. Visions monochromes du désert aride et envoutant. Évocations de campements magnifiques où s’est créée une belle solidarité humaine qui perdure.