tab 1 FERMER
J'aime observer les oiseaux

Et moi qui pensait que tous les oiseaux du Québec étaient noirs et faisaient kwac kwac… Bon, c’était il y a plusieurs décennies et j’étais encore étudiant au secondaire. J’ai appris deux trois petites choses depuis ! Non, je ne suis pas un ornithologue scientifique, ni même amateur sérieux. Disons, que je suis tout simplement un observateur intéressé. Pourquoi cette précision, me direz-vous ? Tout simplement parce que tout ce que je peux aujourd’hui partager avec vous, c’est le bonheur que l’on peut ressentir à admirer le comportement ou le plumage de ces petites bêtes ailées. Un bonheur accessible et surtout, qui se marie à merveille avec les autres activités liées au camping en pleine nature, que ce soit la marche, le farniente ou même le vélo.

Selon Louis Vaillancourt, du Regroupement Québec Oiseaux, il y a 2,6 millions de personnes qui s’adonnent à cette activité. De ce nombre, une dizaine de milliers sont des passionnés, des ornithologues amateurs sérieux, alors que très peu sont des ornithologues scientifiques avec une formation universitaire pertinente. Si la pratique au Québec remonte au début du 20e siècle, avec la création d’un premier club d’ornithologues à Montréal, il faut attendre au milieu des année 1970 avant que la pratique ne se démocratise et prenne vraiment…son envol !

La pratique

Observer les oiseaux a l’avantage de pouvoir se faire à peu près n’importe où. Sans blague, au moment où j’écris ces lignes, je suis assis à l’extérieur et je jette un coup d’oeil (trop fréquent…ce qui fait que je ne suis pas très productif dans l’écriture de ce texte) sur un couple de juncos ardoisés qui a installé son nid sur la poutrelle du gazebo, à 3 m de ma tête. En ville, on peut installer un petit bassin d’eau et une mangeoire pour attirer quelques espèces ou se rendre à un parc urbain. En banlieue, un champ ou une forêt permettra d’observer de nouvelles espèces alors que le bord de mer révélera une faune ailée très différente. En tout, le Québec compte sept habitats : les milieux marins, les milieux humides en eau douce, les forêts de feuillus, les forêts de conifères, les forêts mixtes, les milieux ouverts et les lieux habités. Évidemment, certains lieux sont plus propices à l’observation que d’autres et présentent même dans certains cas des sentiers, des tours d’observation ou même des caches pour faciliter le tout. On peut consulter une liste de lieux répertoriés par région, ce qui facilite la planification de sa sortie en utilisant un outil comme le site internet de l’organisme Oiseaux Québec. Comme la majorité des oiseaux nous quittent pour des cieux plus cléments quand vient l’hiver, il est plus facile de s’initier à l’observation pendant les mois compris entre mai et septembre. De plus, le matin très tôt ou à la tombée du jour sont des moments où l’activité est la plus importante. Ça ne veut pas dire qu’il est impossible de voir des oiseaux en d’autres lieux ou moments! L’hiver, par exemple, est un bon temps pour admirer le majestueux harfang des neiges alors qu’il chasse dans les grands champs et on peut tout de même prendre le temps d’étudier des espèces communes comme l’étourneau sansonnet (vous aviez remarqué son plumage aux reflets iridescents dans le cou ?).

On n’observe pas qu’avec les yeux

L’observation des oiseaux à des fins récréatives ne se limite pas à regarder l’oiseau comme tel. Il arrive que ce soit son chant qui nous attire et malheureusement, comme c’est souvent le cas pour les parulines, l’individu demeure invisible. Ainsi, l’observation regroupe tout à la fois l’étude de ses caractéristiques physiques, comme sa forme, sa taille et la couleur de son plumage mais aussi de ses vocalises. D’ailleurs, plusieurs ont des chants très élaborés et variés. On peut penser au fameux moqueur chat par exemple ! L’observation du comportement de l’oiseau fait aussi partie de l’expérience. Il y a les caractéristiques du vol qui permettent d’affiner l’identification. On peut penser aux oiseaux de proies qui planent en effectuant des cercles tout en profitant des thermiques, des colibris qui battent des ailes si vite que leur mouvement est invisible à l’oeil nu ou au martin pêcheur qui effectue des plongeons spectaculaires. Le comportement au nid (comme le moment où l’adulte nourrit les oisillons) ou lors de la construction de celui-ci revêt un intérêt particulier.

Enfin, il y a des comportements surprenants comme lorsque le pluvier kildir feint d’être blessé pour éloigner un prédateur de sa progéniture ou lorsqu’une hirondelle fait des piqués sur notre tête pour nous éloigner de son nid. L’observation est donc une activité riche en informations de toutes sortes ! On peut alors décider de faire une sortie extérieure dédiée exclusivement à l’observation comme telle. On choisit donc un endroit et un moment propice, on marche lentement ou mieux, on reste immobile. Mais ce qui me plaît de cette activité, hormis le fait que ce soit à l’extérieur, c’est qu’il est possible de la combiner à d’autres. Lors d’une activité de randonnée à pied, en vélo ou même en canot / kayak, il est facile de prendre une pause et de profiter de la découverte de quelques oiseaux dans leur milieu.

Les oiseaux

Si plus de 454 espèces d’oiseaux ont été observées au Québec, seules 300 y nichent. Ça fait tout de même un nombre impressionnant ! Dans la taxonomie, ont les regroupe sous 18 ordres et 51 familles, alors que le nom latin demeure celui permettant d’identifier l’individu, peu importe la langue employée. Ainsi la corneille d’Amérique, commune à souhait et que l’on reconnaît facilement de par son cri agressif «kaw kaw », porte le nom de Corvus brachyrhynchos ! De grandes catégories nous permettent de mieux cibler nos observations. Ainsi on parle d’oiseaux de rivage, de rapaces, de canards ou d’oies, de pics, de merles ou de parulines, pour n’en nommer que quelques-unes. Bien qu’il soit intéressant de se motiver en cochant les espèces observées sur une liste, il ne faudrait pas se désintéresser de l’activité par manque de diversité. Le comportement, le détail du plumage ou les intonations de son cri sont autant d’informations qui peuvent être intéressantes de noter chez des espèces que l’on voit à tous les jours. Par exemple, il peut être bon de noter que le fameux goéland vu récemment en est un argenté, alors que celui devant nous est plutôt à bec cerclé. Mais serait-ce plutôt l’imposant goéland marin? Le très commun quiscale bronzé, quant à lui, arbore un cou aux reflets iridescents qui se révèle tout particulièrement beau avec un éclairage adéquat. 

 

L’équipement

S’il est facile de trouver un endroit et un moment pour pratiquer l’ornithologie et même l’inclure à l’une de nos activités extérieures, il ne faudrait pas croire que l’équipement nécessaire est complexe et dispendieux. Dans les faits, on peut s’y adonner…avec rien pantoute ! Juste nos yeux et nos oreilles sont de bons outils, que l’on a toujours avec soi. Bon, c’est certain que ça limite passablement les découvertes, mais c’est pour dire qu’un rien peut convenir. Pour une meilleure expérience, il va de soi qu’une paire de jumelles augmentera la qualité des observations. Les jumelles sont légères, offrent une vision binoculaire et peuvent être relativement abordables, leur prix variant toutefois de 50 à 2 500$ ! Outre leur prix qui reflète leur performance optique (leur robustesse et étanchéité), les jumelles sont identifiées à l’aide de deux nombres, par exemple 8 x 40 mm. Le premier indique le grossissement. Pour une observation générale, on recommande habituellement un chiffre entre 6 et 8. Le deuxième nombre fait référence au diamètre de l’objectif en millimètres. Plus il est élevé et plus l’appareil est dit lumineux, c’est donc dire qu’il facilite l’observation dans des situations de faible luminosité. Somme toute, les jumelles les plus populaires chez les ornithologues amateurs sont les 6×32, 7×35 ou 8×40.

Outre ses yeux, ses oreilles et une paire de jumelles, il est intéressant d’ajouter le traditionnel guide d’identification. Contrairement à l’encyclopédie qui regorge d’information et qui est trop encombrante et lourde à traîner, le petit guide peut se glisser dans la poche d’un sac à dos permet une identification plus rapide de l’oiseau. Il est important de choisir un guide récent, car la nomenclature a changé avec les années, un guide en français et surtout, un qui présente les espèces rencontrées chez nous.

Bien qu’il soit tentant d’aller vers un livre qui regroupe tous les oiseaux d’Amérique du Nord, il sera plus facile et efficace d’en choisir un qui est spécifique au Québec. Bien que j’apprécie tourner les pages papiers d’un livre bien fait, il faut admettre que les applications que l’on peut télécharger sur son téléphone cellulaire volent aujourd’hui la vedette. Accessible, compact, léger, l’outil offre en plus des fonctionnalités inédites comme la possibilité d’enregistrer le chant pour aider à identifier l’individu. On peut par la suite explorer plusieurs photos, lire sur la distribution géographique et les caractéristiques physiques et même entendre plusieurs variations du chant et des cris de l’oiseau. Wow ! Je pense tout particulièrement à l’application Merlin Bird ID de Cornell Lab. Principalement en anglais, mais avec une traduction française partielle, l’application est non seulement de qualité professionnelle mais est totalement gratuite (sans publicité) ! Elle regroupe 8 500 espèces, permet de télécharger des trousses régionales et est facile d’utilisation. Un must !

Les ressources

Côté ressources écrites, comme je le mentionnais, il y a les encyclopédies qui offrent de l’information pour qui veut pousser ses connaissances plus à fond et les guides d’identification, qui se traînent sur le terrain. Évidemment, comme l’observation des oiseaux est une activité populaire, le web est une ressource incroyable qui regorge d’informations variées. Que ce soient des sites informatifs comme tels, des groupes de discussion ou des pages Facebook, il est facile de passer des heures à explorer et apprendre. Ainsi on peut découvrir les meilleurs sites d’observation, les espèces observées récemment dans notre coin, les regroupements dédiés à l’activité (comme les clubs, les organismes de protection…) et j’en passe.

Enfin, soit pour augmenter le plaisir et/ou la rapidité de l’apprentissage, il peut être intéressant de se joindre à un club d’ornithologie local ou même de suivre un cours (certains sont offerts en ligne).

L’ornithologie, malgré son appellation qui peut sembler un peu trop scientifique au goût de certains, n’est pas forcément difficile d’approche, contrairement à certaines espèces d’oiseaux ! D’ailleurs, il faut que je vous laisse, je viens de me rendre compte que le nid, placé au-dessus de ma tête, grouille d’activité. Les oeufs ont éclos et le couple de juncos qui rôde au-dessus de ma tête depuis un certain temps sont maintenant maman et papa ! Sans plus de préparation ni d’équipement, il faut que j’aille y jeter un coup d’oeil, tout en respectant leur intimité, bien sûr. Ça y est, je fais de l’ornithologie…sans tambour ni trompette. Facile, non?

Par Dany Coulombe
Camper au Québec 2023 

À lire aussi
● Baie-du-Febvre : camper au royaume des oiseaux
● Ces insectes qui veulent notre peau!
J’aime les oiseaux et je les observe

Les commentaires sont fermés.

Références

APPLICATION
Merlin Bird ID de CornellLab, en anglais et en français (partiellement), plus de 8 500 espèces, trousses régionales, photos, chants, possibilité  d’enregistrement et informations variées.
Le tout gratuit.

 

SITE WEB
oiseauxqc.org/francais.jsp, un site plus que complet qui offre une mine de renseignements, allant de la liste des clubs, des sites  d’observations et autres ressources pertinentes

https://gooiseaux.ca, site de Mireille Poulin, biologiste, M.Sc., spécialisée en ornithologie, offre de cours en ligne, encyclopédie web participative…

LIVRES
BRÛLOTTE, Suzanne.
Les oiseaux du Québec : Guide d’initiation, Boucherville,
Éd. Broquet, 2000, 288 p.

PETERSON, Roger Tory. Les oiseaux de l’est de l’Amérique du Nord, Boucherville, Éd. Broquet, 1999, 385 p.
STOKES, Donald et Lillian. Guide d’identification des oiseaux de l’est de l’Amérique du Nord, L’Acadie, Éd. Broquet, 1997, 471 p.

ORGANISME ET MAGAZINE
Regroupement QuébécOiseaux : quebecoiseaux.org/fr
« organisme sans but lucratif qui rassemble et représente les personnes et les organismes intéressés à l’étude, à l’observation et à la protection des oiseaux du Québec »
Revue : quebecoiseaux.org/fr/magazine

Autres articles dans cette catégorie
    Protection solaire

    De façon générale, les campeurs vivent à l’extérieur un plus grand nombre d’heure que […]

    La bonne Attitude

    Créée en 2005 et reconnue aujourd’hui comme la chef de file dans le domaine […]

    Trousse de premiers soins

    Il est très facile de créer soi-même une trousse de premiers soins. Il faut […]

    Les produits Biovert

    Cette entreprise, née en 1984, fait office de pionnière dans le domaine au Québec. […]

    Comment éloigner les moustiques de façon naturelle ?

    Ils nous zézayent dans les oreilles, nous piquent sournoisement et sabotent nos soirées autour […]

    La gamme des VR tractés

    Le caravaning peut se définir simplement comme la pratique du camping en… caravane, qu’elle […]

    Glacières

    Que ce soit pour le lunch, un piquenique ou un séjour en camping rustique, […]

    Bien manger en camping

    Si jouer dehors et dormir au grand air occupent une bonne partie de notre […]

    On s’installe en 5 étapes

    Bien entendu, on peut y aller freestyle et installer son campement de la façon […]

    Panneaux solaires portatifs

    La vie en camping a déjà été plus simple. Il fût un temps où […]

    Attention, ça pique !

    Pourquoi les moustiques, les guêpes et les « mouches à chevreuil » nous piquent-ils […]

    Bien installer son campement en 14 trucs

     

    Les crèmes glacées

    Crème glacée, ça rime si bien avec été ! Dès que le soleil darde […]

    Distraire les enfants au camping

    Ah !, les enfants… Ils veulent être divertis en tout temps. Voici 4 jeux […]

    La salubrité des aliments en camping

    Préparer, conserver et cuire des aliments de façon à maintenir une grande salubrité est […]

    Voyager sur la trace de ses ancêtres

    Le tourisme généalogique, vous connaissez ? Visiter une région ou un pays où ont […]

    Enfants anxieux et voyages

    La plupart du temps, les enfants sont contents de partir en voyage. Or, certains […]

    Des tentes pour tous les goûts

    Dans l’esprit populaire, on ne peut dissocier la tente du camping. Tout comme le […]

    Vive la pâte dentifrice !

    La pâte dentifrice ne sert pas seulement à vous offrir un sourire immaculé, elle […]

    moncampingprefere.ca

    Depuis 2010, la communauté des campeurs peut partager, en français, les bonnes (et mauvaises) […]

    L’ abécédaire du camping en famille

      À lire aussi ● Une famille à la conquête du Canada ● Sous la tente […]

    Parcs Canada a 100 ans : découvrez ses campings

    Au départ, la mission d’un parc est de préserver la nature pour les générations […]

    Les piquets de tente

    Les piquets de tente. Quel sujet dénué d’intérêt, non ? Soyons honnêtes. Qui, parmi […]

    Chaufferettes, hamacs et matelas

    Dormir en plein air est inscrit profondément dans l’ADN des campeurs. Alors, tant qu’à […]

    Traiter l’eau

    Notre corps est constitué de près de 60 % d’eau. Une eau qui assure […]

    Les soupes commerciales

    Les soupes commerciales sont parfois une solution simple et pratique pour les repas en […]

    Toilette portative

    Oubliez la promenade en pleine nuit en direction du bloc sanitaire le plus près […]

    Cochez avant de partir

    Elle n’est pas facile à faire la première fois, mais tellement pratique et utile […]

    Un pinceau très utile

    Il fallait y penser, joindre en un seul outil de cuisine le pinceau et […]

    Craquante noix de coco !

    Les journées tristounettes au camping sont, en fait, le meilleur moment pour faire un […]

AFFICHER PLUS D'ARTICLES