Un des commentaires les plus fréquents faits aux caravaniers avouant réfléchir à devenir grand nomade s’énonce ainsi : « N’avez-vous pas peur d’éprouver de la solitude à vivre au loin, coupés de vos parents, de vos amis, des gens de votre milieu ? »
Il s’agit là d’une question légitime témoignant de la réalité immédiate vécue par les sédentaires qui la posent. D’ailleurs, des caravaniers partageant le même mode vie que moi m’ont souvent dit s’être eux-mêmes posé cette question avant plonger dans l’aventure. Plusieurs ont trouvé une réponse en comprenant que s’ils ne se plaisaient pas dans la vie nomade, il leur serait toujours possible de rebrousser chemin et de trouver une résidence fixe.
Pourtant, au fur et à mesure que se construit l’expérience du voyage permanent, ces craintes s’estompent. Les caravaniers ne sont pas des êtres solitaires, des ermites coupés de tout contact social, bien au contraire. Ils ont simplement renouvelé leur horizon en faisant un X sur la vie de quartier pour s’ouvrir à une vie de dimension continentale.
Certains sédentaires, fortement attachés à leur milieu, rétorqueront qu’errer au hasard des routes implique nécessairement de couper les ponts avec ses habitudes, ses racines, ses contacts. Cette affirmation à courte vue découle probablement plus de leur propre insécurité que d’un raisonnement vraiment objectif. Les nombreux et puissants moyens technologiques de communication contredisent facilement leur affirmation. Pris de court, ils diront sans doute : « Skype ou le téléphone cellulaire ne peuvent remplacer le contact direct, en chair et en os, avec ses proches ». Pourtant, ils n’hésitent pas un instant à utiliser ces mêmes technologies pour s’entretenir avec leur fils résidant dans une autre province ou bavarder avec leurs petits enfants vivant en Europe, en Afrique ou ailleurs.
Ces dernières semaines, Michelle et moi avons eu, à quatre ou cinq reprises de belles surprises à cet égard. C’est d’ailleurs comme cela à chacun de nos périples, peu importe l’endroit où nous sommes sur le continent. Voici quelques exemples bien incarnés dans la réalité pour illustrer.
Il y a une dizaine de jours, un Québécois s’installe sur l’emplacement directement en face de notre caravane. Il me salue par mon nom, en me disant avoir vu ma binette dans Camping Caravaning. Jusque là, rien de bien extraordinaire. Il ajoute cependant qu’un autre lien nous unit et me parle d’un camping où nous avions projeté de nous installer pour la saison d’été 2012 et auquel nous avions renoncé après avoir revu nos projets. Curieux, je lui demande comment il sait cela. « Facile, me répond-il, grâce à votre désistement, c’est moi qui, l’été prochain, occuperai l’emplacement que vous deviez prendre.» Quel hasard tout de même !
Depuis des années, il m’est souvent arrivé de répondre à des questions que m’adressaient de caravaniers sur la vie en caravaning. Certains d’entre eux continuent d’ailleurs de communiquer avec moi pour me faire part de leurs aventures ou encore me poser d’autres questions. Avec le temps, un lien s’est créé avec plusieurs d’entre eux, un peu comme celui qui m’unit à mes fidèles lecteurs du dimanche.
Par deux fois, ces derniers jours, j’ai eu l’occasion de voir se matérialiser de ces contacts virtuels à seulement quelques emplacements du mien. Voilà qui démontre encore une fois que le caravanier n’est pas un être qui renonce à la vie en société pour choisir l’isolement. D’ailleurs, ces rencontres non planifiées et inusitées constituent sans doute la plus belle valeur ajoutée à la liberté de vivre en nomade.
Belle réflexion, Merci….
Et oui c’est un fait, les distances nous apportent plein de surprise et de rencontre inusité.
Durant le salon du VR a Quartzsite Arizona, je magasine des toiles pour le Vr et une dame s’approche et me demande si je veux bien poser une question au Monsieur car elle se débrouille pas tres bien en anglais…On discute quelque peu et on dit aurevoir.
4 ou 5 semaines plus tard, je me rends a Trois-Rivière chez un réparateur de génératrice, a coté du Vr je vois une dame descendre de son VR et se dirige vers moi, elle me dit ‘je vous connais’ et bien c’était cette dame avec son époux qui venait eux aussi faire réparer leur génératrice, et bien comme on dit le monde est petit….bonne semaine!
Je suis tout à fait d’accord avec vous. Il faut bien sûr être ouvert aux rencontres. Ce n’est pas assis dans notre salon que cela va se produire.
De plus, aujourd’hui, les membres des familles sont souvent dispersés !
Je viens justement ici en Floride de faire la connaissance avec mon conjoint d’un monsieur charmant du Colorado: physicien retraité, veuf ayant beaucoup voyagé et vraiment gentil et intéressant.
Ces rencontres sont un plus dans la vie. La plus belle valeur ajoutée comme vous dites.
Bonne continuité….