Vous avez été nombreux à trouver la réponse à ma question d’hier. Il s’agit bien du West Virginia. De la même façon qu’il y a deux Carolines ou deux Dakotas, les États-Unis comprennent aussi deux Virginies.
Pour bien saisir la raison des deux soeurs Virginies, il faut remonter une fois de plus à la guerre civile (1861-1865) (décidément, on ne peut échapper à la guerre). Au début de cette guerre, six États du Sud décident de se confédérer afin de préserver une autonomie à leurs yeux menacée par les États du Nord, désireux d’unifier le pays. Souvent, on a tendance à vouloir expliquer cette époque cruciale de l’histoire des États-Unis en la ramenant à sa seule dimension de l’abolition de l’esclavage. La réalité était beaucoup plus complexe qu’une simple question raciale. Beaucoup d’autres questions fondamentales étaient également en jeu.
Petit à petit, d’autres États rejoignent les forces de la rébellion. Bien malgré elle, la Virginie se retrouve donc à la frontière entre les deux camps. Endosser la cause des Nordistes ou celle des Sudistes divise la population à un point tel que l’État se scinde en deux. La Virginie Occidentale préfère se joindre à l’Union tandis que la Virginie demeure fidèle aux Confédérés. Voilà pour l’histoire.
Tel qu’annoncé hier, nous sommes dans la région de Roanoke. Nous avons passé la nuit au Dixie Caverns Campground, à Salem. Ouvert à l’année, ce camping semble un peu vieillot de prime abord. Cependant, il comprend plusieurs emplacements à entrée directe, tous les services incluant le câble et aussi un signal wi-fi de très bonne qualité. Vous aurez deviné qu’il tire son nom des cavernes à proximité, cavernes découvertes en 1920 par un chien nommé Dixie et deux jeunes garçons téméraires.
Ce matin, nous sommes descendus en ville, profiter du Farmer’s Market du samedi pour acheter quelques provisions de grande fraicheur. Relativement petit, ce marché public présente des fruits et légumes vendus directement par leurs producteurs.
Les étals, situés dans la rue, font face au trottoir. Les passants ont donc le choix d’entrer dans une boutique ou de s’enquérir du prix des pêches, tomates, oignons et autres denrées locales. Une boulangerie artisanale à proximité séduit par l’odeur du pain frais et des pâtisseries fraichement sorties du four.
Sur le coin de la rue, un restaurant se spécialise dans les hot dogs, ou plutôt dans les wieners. Cachée au fond d’un pain chauffé à la vapeur, une saucisse fumée tente d’émerger sous une généreuse portion de chili. Du chili un peu trop salé à mon goût. Dans ce restaurant, un comptoir court sur trois murs et les clients mangent face au mur, juchés sur des tabourets. Des cadres, de vieux articles de journaux et des miroirs contribuent à distraire les affamés.
Petite anecdote pour illustrer l’importance de la religion dans ce coin du pays. Un couple s’installe sur les deux tabourets à ma gauche. Discrètement, Michelle me suggère de leur jeter un oeil. À mon grand étonnement, l’homme prend la main de sa femme, les deux ferment les yeux et récitent une prière avant de manger. Poser un tel geste pour un hot dog, voilà qui s’appelle avoir la foi. En les voyant, je me suis demandé ce qu’ils auraient fait s’ils avaient eu devant eux un repas gastronomique : un chapelet, un rosaire ou une neuvaine? Ne voulant pas les heurter, j’ai préféré ravaler ma question pour me concentrer sur mon hot dog.
Comme plusieurs autres villes de la Virginie, Roanoke regorge de musées. Ici, ce sont les chemins de fer et les transports qui volent la vedette. Ainsi, dans le même édifice que le « Welcome Center » on peut visiter une exposition de photos magnifiques illustrant cette thématique. Un peu plus loin, un autre musée présente des locomotives, des wagons ainsi que des d’anciennes voitures à traction animale.
Parlant voitures, cet avant-midi, une autre rue de Roanoke était fermée à la circulation. Des amateurs de voitures de collection exposaient leurs bijoux et discutaient ferme avec les badauds. Camaros, Corvettes, Chevelles, Dusters et Ford T partageaient la vitrine avec des MG et Austin Healy britanniques astiquées rutilantes sous le soleil.
J’écris ce carnet cet après-midi alors que Michelle se paye une petite virée au centre commercial (sa drogue). Je suis donc légèrement en avance sur mon horaire habituel, car à 18 heures, nous irons assister à un Horse Show qui viendra terminer une semaine consacrée aux chevaux au centre communautaire de Salem. Un événement annuel réunit plus de 1 200 cavaliers venus de la région et d’ailleurs.
Je vous laisse là-dessus, car la prudence m’impose d’aller rejoindre Michelle.
Bien oui, question dans un commentaire récent: puisque vous n’avez plus de tracteur ni youyou, comment vous faites pour vous séparer? Michelle dans les magasins et vous dans le stationnement en train de pitonner??? Ou elle avec le Sprinter et vous resté au camping sur la table de pique-nique? ou à l’accueil pour avoir accès à Internet?
Avez-vous des vélos?