Haro sur le baudet !
Alors qu’un trou noir a avalé tous mes billets publiés sur ce blogue depuis le 2 aout, je reviens en ligne ce matin avec un nouveau texte. Pas question pour moi de jeter la serviette simplement parce que seulement six malheureux articles ont été absorbés par les ténèbres. Après tout, ces pertes représentent à peine 1 % de mes publications sur un blogue qui tient le coup depuis maintenant plus de douze ans et demi.
D’ailleurs alors même que j’aborde ces nouvelles lignes, Crystiane, une fidèle lectrice, vient tout juste d’inscrire un commentaire rassurant où elle indique qu’elle peut malgré tout accéder aux autres billets archivés tout en m’encourageant à continuer parce que, dit-elle, elle aime toujours me lire. Comment pourrais-je alors succomber au découragement et tout abandonner ? Pas question !
Cette semaine, j’ai reçu Vérification, le périodique publié par l’Association des mandataires en vérification mécanique du Québec. On y reprenait le contenu d’un reportage diffusé le 25 aout à la radio de Radio-Canada, section Côte-Nord. Voici d’ailleurs un lien qui vous permettra d’en lire la transcription publiée par la société d’État canadienne : https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1728947/vr-vehicule-recreatif-roulotte-inspection?depuisRecherche=true.
Ce reportage, préparé à la va-vite m’a littéralement mis hors de moi et je me retiens pour demeurer poli. Son titre d’un alarmisme dénonciateur frôlant le jaunisme accusait carrément les caravaniers de négligence sur l’état des véhicules qu’ils conduisaient. Voilà un bel exemple d’un reportage introduisant un biais dans l’information qu’il entend communiquer.
Bien sûr, j’ai moi aussi des biais sur certains sujets. Chaque fois que l’on charge les caravaniers, une communauté à laquelle j’appartiens avec fierté, le poil de mes bras se hérisse. Cependant, je retrouve facilement mon calme lorsque les propos sont justifiés et je m’y rallie facilement.
Dans le reportage en question, ce n’était malheureusement pas le cas. Pis encore, le bulletin Vérification reprenait et endossait intégralement et sans nuances les propos qu’il contenait. Curieux, pour une publication d’experts en vérification mécanique ! J’avais nettement l’impression que le périodique profitait du reportage en question pour mousser des intérêts proprement corporatistes.
L’ASMAVERQ (Association des mandataires en vérification mécanique du Québec) a récemment adressé aux autorités gouvernementales un document demandant de rendre obligatoire une inspection mécanique annuelle des autocaravanes de classe A. Évidemment, selon eux, une telle inspection serait réalisée par les mandataires de la SAAQ.
Même si je suis plutôt favorable à l’idée d’une inspection des autocaravanes, je crois qu’il serait important de s’interroger sur sa périodicité en fonction de l’âge du véhicule. Mais là n’est pas le point dont je veux débattre aujourd’hui, aussi je reviens au contenu du reportage.
Voici quelques-uns des éléments m’ayant particulièrement heurté. Tout d’abord, le titre dont il était coiffé accusait les touristes caravaniers de négligence. Un garagiste cité déclare n’avoir jamais observé durant dix ans de pratique une telle situation. Comme si d’un coup, cette année, les caravaniers s’étaient concertés pour sombrer dans la négligence.
Pourtant, depuis 60 ans, bon an mal an, ils sont des dizaines de milliers à parcourir le Québec et, subitement, ils seraient devenus imprudents. Allons donc cela ne tient pas la route. Plus loin dans le reportage, la CAA-Québec corrobore les dires du mécanicien expert, ajoutant même avoir observé cet été une hausse de 12 % des appels de service.
Pour expliquer cette augmentation, un porte-parole de CAA-Québec avance ce qui suit : « On peut penser aux gens qui ont loué un VR pour la première fois, des gens qui partent avec leur véhicule avec une charge à l’arrière comme une remorque. Est-ce que le véhicule était suffisamment prêt pour prendre la route ? Malheureusement, ça ne semble pas être le cas cette année sur la Côte-Nord. »
Je suis parfaitement d’accord avec deux points fondamentaux exprimés de son propos. Le premier fait référence aux néophytes, qui pour la première fois de leur vie se sont retrouvés derrière le volant d’un véhicule récréatif de location pour leurs vacances annuelles. Sans expérience ni formation autres que les images léchées des publicités évoquant le rêve d’un voyage en VR où tu peux arrêter n’importe où, ailleurs que sur un camping, ils sont partis surs d’être à l’abri de la pandémie.
Pourquoi alors leur lancer des pierres et les tenir responsables de la piètre condition mécanique des VR. Lorsqu’on loue une automobile, n’est-on pas en droit de croire que celle-ci est en ordre de marche, que ses pneus sont en bon état et bien gonflés, que les freins, le moteur et la boite de vitesse fonctionnent adéquatement ? La réponse est oui, car toute compagnie de location de voiture qui offrirait des citrons à sa clientèle n’aurait qu’un avenir très limité.
Mais voilà, le monde du VR est différent. Plusieurs fois, dans les nombreux essais routiers de véhicules récréatifs que j’ai faits pour des articles dans Camping Caravaning, j’ai été confronté à des problèmes. Par exemple, en rapportant une autocaravane de classe A au commerçant me l’ayant prêtée, j’avais souligné combien il me serait difficile d’en faire l’éloge puisque tout au long de l’essai, des craquements de toutes sortes, des bruits insolites et la difficulté à la maintenir dans sa voie avaient sans cesse monopolisé toute mon attention. On m’avait alors fait comme réponse qu’ayant été en location court terme durant tout l’été, permettait d’expliquer la piètre condition du véhicule.
Une autre fois, la tubulure des freins d’une camionnette s’était rompue pour cause de corrosion. Heureusement, l’incident qui aurait pu être tragique était survenu au démarrage en voulant quitter un stationnement alors que la caravane à sellette qu’il devait remorquer n’était pas attachée derrière lui. Aucune inspection mécanique préalable à la remise des clés n’avait été effectuée par le concessionnaire. Des exemples comme ceux-ci, je pourrais en énumérer plusieurs.
Était-ce moi qui étais en faute ? Je ne crois pas. Il était tout à fait normal de faire confiance à la personne qui souhaitait me faire essayer son VR dans l’espoir que j’en parle favorablement dans le magazine. Voilà qui explique pourquoi le reportage en question m’a autant irrité. Le journaliste qui l’a réalisé ainsi que les intervenants ayant pris la parole ont tiré sur le messager et non pas sur les véritables responsables de la piètre condition des VR offerts en location.
Oui, un caravanier est responsable de la condition mécanique du VR qui lui appartient. Cependant, lorsque celui-ci est offert en location par une entreprise, cette responsabilité n’appartient plus au caravanier. Tout caravanier qui loue un VR pour une ou deux semaines est légitimement en droit de s’attendre que celui-ci soit en état de prendre la route. Mais voilà, isolément, les caravaniers ne font pas le poids contre les entreprises car, aucun d’eux n’achète de la publicité dans les médias. Dénoncer un coupable est normal, encore faut-il dénoncer le bon.
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