Gros-Morne et autres beautés naturelles…
C’est un grand jour. Nous avons enfin pu faire du kayak avec les icebergs à proximité et, de plus, dans des conditions absolument incroyables.
Suivant les conseils de l’office de tourisme régional, nous avons largement débordé des sentiers battus pour nous diriger vers la Baie des Exploits et le hameau de Fortune Harbour. Avant d’y arriver, nous avons squatté non loin, près du quai du petit village de Phillips Cove. Comme toujours, nous sommes rapidement devenus la curiosité du coin. Les gens sont venus sentir en se montrant très respectueux de notre intimité et très accueillants. Au matin, je suis allé pêcher sur le quai avec les bonhommes de la place qui s’informaient de la qualité de notre sommeil, qui nous offrant sa table de pique-nique, qui ses chaises de parterre. On nous a recommandé tous les plus beaux endroits où squatter dans le secteur. Puis nous avons jasé de tout un lot de banalités. Il n’a manqué que la truite de mer…
Près de Fortune Harbour, nous avons rejoint notre guide de kayak, Paul, après avoir repéré quelques magnifiques spécimens de glaçons géants dans les baies environnantes. Nous nous y sommes donc dirigés pour explorer sous toutes ses coutures un iceberg de taille moyenne échoué près des quais. Puis, au loin, nous avons rejoint un iceberg carrément éblouissant que nous avions aperçu précédemment. Une beauté saisissante, une luminosité éblouissante et une forme absolument fabuleuse de coquillage. Je me suis payé la traite avec tout ce soleil et ce ciel bleu semé de nuages.
Au retour, le premier iceberg s’était renversé sur le côté. Ce que nous aurions bien voulu voir, mais on ne peut pas tout avoir. Il présentait donc des formes nouvelles et criardes ainsi qu’une surface glacée brillante et ruisselante. Fortune Harbour ! La route est mauvaise, mais ça vaut la peine.

Sous le vent
Le vent de Terre-Neuve ne souffle pas. Il frappe. Il se déchaîne des jours durant en bourrasques irrégulières. Fait coucher les arbres et soulève la mer. Sur la route, avec le kayak sur le toit qui fait effet de voile, il se moque de nous avec ses soufflets du revers de la main qui nous charrient d’un bord et de l’autre de la route. Il faut souvent tenir le volant à 45 degrés d’angle pour arriver à rouler droit. Il fait écran au point de presque doubler la consommation d’essence. Il nous a véritablement effrayés hier, sur la route de Port-au-Choix à Gros-Morne, au fil d’une route pourtant ahurissante de beauté sur le versant du golfe du Saint-Laurent. Entre le massif montagneux et la mer démontée, le panorama est plus que grandiose, mais il est ardu de l’apprécier quand on craint que tout n’arrache au-dessus de nos têtes. Le support du kayak a d’ailleurs reculé d’au moins trois pouces sur ses ancrages et je n’ose imaginer ce qui aurait pu arriver si je ne m’en étais rendu compte. Mais, tout est encore au mieux dans le meilleur des mondes et nous avons fait une agréable escale à Port-au-Choix, trouvé du propane à Port Sanders, admiré de magnifiques formations rocheuses dans le parc Arches, marché jusqu’à la bouche de l’ancien fjord Western Brook, plus étroit, mais beaucoup plus haut que le Saguenay, visité le très pittoresque phare de Lobster Cove Head puis trouvé un refuge à l’abri du vent au camping Berry Hill du parc national de Gros-Morne. Telle fut notre journée sous un ciel bleu et sous le vent.

Parc national du Gros-Morne
Le parc national du Gros-Morne, au centre de la côte est de Terre-Neuve, a ceci de très particulier qu’il nous révèle un morceau des entrailles de la Terre qui a ressurgi des abîmes il y a des centaines de millions d’années avec la collision des continents et le déplacement des plaques tectoniques. Révélé par les glaciations, ce massif au sommet plat comme une table est composé d’un sol qui foisonne de métaux, mais qui demeure inexploitable, inculte et même empoisonné pour la végétation. Ce qui explique sa nudité, alors que sa couleur orange lui vient de l’oxydation du fer.

Nous nous sommes surtout orientés vers la partie sud du parc, le principal sentier de randonnée au nord étant encore fermé pour protéger la nidification et la reproduction de certaines espèces animales rares. À partir du Centre de découvertes, nous avons fait le sentier Lookout, court, mais très escarpé, pour découvrir un panorama absolument ahurissant sur les Tablelands et l’immense Bonne Baie. En court d’ascension, une perdrix s’est montrée extrêmement curieuse de notre présence et nous avons pu l’approcher à quelques pieds.
De retour du sommet, nous nous sommes dirigés vers le petit village de Trout River, au bout du chemin, pittoresque au possible avec ses pêcheurs de homard et ses magasins généraux. Nous y avons acheté deux gros homards et les avons savourés au camping local du parc qui offre une vue magnifique sur les Tablelands.
Le lendemain, nous avons fait une randonnée d’interprétation en groupe avec une biologiste du parc puis avons quitté le groupe à la première occasion pour une grimpette fascinante sur les pentes de ces montagnes uniques.
C’était nos premières vraies journées d’été à Terre-Neuve Labrador. Premières nuits sans chauffage. Premiers matins sans frigo gelé. Premières fois en shorts et manches courtes. Premiers repas dehors. Premières vraies chaleurs. Et pas encore incommodés par les mouches et moustiques… Mais ça s’en vient !
Le jour des macareux
J’ai eu maintes opportunités de voir, ou plutôt d’apercevoir, des macareux moines au fil de mes voyages. Surtout en Minganie, en Islande (ou j’en ai dégusté en entrée fumée) et récemment à Blanc-Sablon. Mais, faire une photo correcte d’un macareux est un défi de taille. D’abord parce qu’on ne peut jamais les approcher vraiment et, aussi, parce que lorsqu’on qu’on y arrive, on est la plupart du temps en bateau ou en kayak.
On trouve de très nombreuses colonies de macareux moines à Terre-Neuve, mais celle du petit village d’Elliston, sur la péninsule de Bonavista, a ceci de particulier qu’on peut les observer de la terre ferme. Le piton rocheux sur lequel ils établissent leurs terriers se trouve sur la pointe ultime d’un cap qui s’est fracturé et qui n’est distant de sa roche mère que d’une centaine de mètres. Les visiteurs peuvent donc aisément les admirer à l’œil nu et les photographes se font aller le téléobjectif pour capter les meilleures attitudes de cet oiseau si attendrissant et si beau qu’abrite le golfe du Saint-Laurent.
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