Get your kicks on Route 66…
C’est ce que dit la chanson qui a contribué à la gloire de la Route 66 et à son mythe. Nous avons rejoint le tout début de la Route 66 à Chicago pour entreprendre notre descente vers le Sud. Puis nous avons roulé sur l’autoroute 55 en faisant deux incursions sur l’ancienne 66. La première dans la petite ville de Joliet où nous avons mangé dans un diner typicos dans un « Diner » qui respire l’ambiance de la vieille route. D’ailleurs. La ville qui porte le nom du premier explorateur québécois revendique sa place sur la route mythique avec un musée et plusieurs bornes d’information.
Le second arrêt est dans la minuscule municipalité d’Atlanta, toujours en Illinois, où nous avons vu notre premier « muffler man ». Ces géants servaient autrefois d’annonce publicitaire pour une chaîne de garage de silencieux. Aujourd’hui, plusieurs endroits les ont restaurés et, au lieu de silencieux, leurs bras portent toutes sortes de choses. Même un hot dog. Les arbres en fleurs étaient spectaculaires et l’agglomération que traversait autrefois la 66 est tout à fait charmante.
Après l’épicerie, nous avons profité du fait que le centre auto soit ouvert pour aller faire tester les batteries, ce qui ne nous a rien appris de plus que leur état comateux. On nous a conseillé un garage où nous allons demain matin après une première nuit en camping, en banlieue de Springflied.
Coucher dans un agréable camping à proximité de Springfield. Grand terrain verdoyant, plein d’arbres et des moustiques frais sortis du jour, cherchant désespérément la chair fraîche en finale de ce premier jour chaud.
Direction garage aux premières heures. Malheureusement, aucun ne peut nous prendre sans rendez-vous avant plusieurs jours. Mais on me donne les coordonnées d’un concessionnaire VR et bateaux de Springfield où nous nous rendons de ce pas. Très pris lui aussi, il me prend en pitié et me donne une place sur son agenda à 14 : 00. Le temps d’aller visiter le parc national Abraham Lincoln qui comprend la maison que Lincoln et sa famille habitaient jusqu’à son accession à la présidence des USA. On a aussi préservé et inclus dans le parc plusieurs résidences significatives du voisinage. Les rangers sont super accueillants et vont même jusqu’à me vendre une carte d’accès à vie (ainés) dans les parcs américains pour 80 $. Ce qui, nous l’avons vérifié, est illégal puisque réservé aux seuls résidents des USA. On verra bien !!!
Nous avons aussi visité le Capitole de l’Illinois où on laisse les gens se promener librement dans tout l’édifice qui est une véritable galerie d’art.
Retour au garage où on change les deux batteries de l’habitacle (qui auraient probablement pu faire un bout, mais qui devaient être en phase avancée de perdition) puis le gars trouve le gros câble principal qui s’était rompu au branchement, probablement à force de vibrer, et qui était la cause de tous nos malheurs…
Nous avons ensuite repris la route vers Saint-Louis, soulagés de 450 $, mais heureux d’avoir tassé ce gros nuage qui planait au-dessus du VR.
Nous avons couché dans un Cracker Barell, puisqu’il est bien connu que cette chaîne de restauration familiale ou traditionnelle garde quelques places pour les VR qui peuvent y passer la nuit gratuitement. Puis nous sommes rentrés à Saint-Louis pour une trop brève visite sous son arche gigantesque, Gateway Arch que l’on voit des dizaines de km avant de traverser la rivière Missouri.
Le Museum of Westward Expansion, situé sous l’arche, s’est avéré fascinant et très complet quant aux enjeux de la colonisation par les Français, les Espagnols, les Anglais puis les Américains.
Comme toujours, je suis renversé pat l’héritage français laissé sur l’ensemble du territoire nord-américain par les explorateurs de la Nouvelle-France. Saint-Louis ( du nom de Louis XIV) est particulièrement marqué par cette influence, ayant fait partie de la Louisine avant sa vente aux américains par Napoléon. Certains de ses panneaux touristiques sont traduits en français et son grand musée met en valeur cette période.
Encore une fois, je croise nombre d’endroits aux noms français : Villes, villages, rivières, lacs… Le plus étonnant se nommant Pomme de Terre.
Des rencontres inoubliables…
La journée suivante reste mémorable sur la Route 66, où nous nous sommes arrêtés dans plein de petits patelins et avons rencontré des gens exceptionnels. D’incroyables passionnés en amour avec la Route 66, son histoire, son patrimoine et leur coin de pays.
Tout a commencé dans le deuxième Springfield du voyage alors que nous avons laissé la 40 pour nous arrêter prendre quelques photos autour d’un parc et d’une ancienne annonce du « Diner » disparu : Hamburg. Le proprio du Mother Road Antiques & Uniques, Mark Cockburn, arrivait dans sa boutique au moment où nous regardions dans la vitrine. Il nous a tenus durant une demi-heure en nous parlant avec emphase de sa nouvelle passion pour le commerce des antiquités et des objets de collection ainsi que de de la Route 66. Il nous a fait planter une aiguille sur Chicoutimi sur sa carte du monde et nous a photographiés pour sa page Facebook.
Puis nous sommes passés par une des anciennes stations-service les plus mythiques de la Route 66, la Sinclair de Gay Parita. Georges nous y reçoit comme de vieux amis, nous offrant le café et la visite gratuite du garage et du parc de vieilles voitures. Puis nous avons longuement discuté des anciens proprios et de leur dévotion à la Route 66, de voyages et de son service militaire dans les Marines qui l’a conduit jusqu’au détroit de Béring. Nous avons acheté 4 boissons gazeuses Route 66 (dont 2 Root Beers) pour le remercier.
Plus loin, sur la vieille 66, nous avons croisé le Garage Spencer et, avant d’arriver à Carthage, nous avons fait un petit détour pour visiter Red Oak, une reconstitution de village de l’époque de la Route 66 réalisé par un autre malade qui a regroupé et retapé plusieurs anciennes bâtisses, dont une station-service Phillips. Il y a dispersé plusieurs de ses créations artistiques bizarroïdes qu’on trouve aussi dans toute la ville.
À Carthage, toujours sur la 66, nous avons fait la rencontre marquante de Debby Dee. Elle est proprio du Boots Court, un motel des années 40 qu’elle restaure avec un acharnement féroce et un dévouement total. De l’extérieur, le motel tout blanc a un style massif et bas qui frise l’art déco et semble quelque peu défraîchi. Toutefois, 7 des 14 chambres ont été restaurées avec un incroyable souci d’authenticité. Le résultat est totalement séduisant et invitant. Deux chambres ayant été occupées par Clark Gabble et toutes les autres nous plongent avec réalisme dans la belle époque de la Route 66 avec les planchers de bois rutilants, les salles de bain de céramiques blanches et noires, les couvre-lits de chenilles qui ont l’air neufs, mobilier d’époque et imitations de radios à lampes branchées sur une station qui ne joue que des airs du passé. C’est fou ! Debby nous a finalement fait visiter toutes ses chambres ainsi que son abri pour affronter les cyclones. Une femme accueillante au possible qui peut passer une demi-heure sur la carte du secteur avec un visiteur qui lui a juste dit bonjour. Elle parle sans respirer. Impossible de s’en sortir ! Une personnalité rare comme semble en produire seule la Route 66.
Toujours à Carthage, nous somme allés luncher dans un déli retro très clinquant au centre-ville. Un endroit géré par des jeunes qui charmants qui proposent un menu rapide, mais moins lourd que ce qu’on trouve habituellement.
Puis nous nous sommes dirigés vers Tulsa où nous garé le VR dans le grand stationnement de L’Expo Square dont une section a été aménagée pour recevoir quelques centaines de VR avec 3 services. Un endroit tranquille, sécuritaire, avec douches et toilettes et même Internet.
Le lendemain, nous avons décidé dès le matin de réserver une seconde nuit afin de consacrer toute la journée à Tulsa qui nous semble très prometteuse.
Nous commençons donc par le grand musée Gilcrease consacré au « western art », ce que je traduisais par « l’art western » au lieu de l’art de l’ouest. Je m’attendais donc à quelque chose d’amusant, mais j’ai eu droit à autre chose d’impressionnant avec la fabuleuse collection de Thomas Gilcrease.
Une journée froide a suivi, pour rouler et s’avancer ainsi que pour multiplier les étapes sur la Route 66.
Premiers arrêts à Stroud, pour le Rock Café. Pas pour le Rock & Roll, mais pour les roches avec lesquelles ce café a été construit et qui ont été soutirées au lit de l’ancienne route 66 juste avant qu’elle soit pavée. L’endroit est un des arrêts obligés du pèlerinage sur la 66, mais le village comme tel est plutôt morne et défraîchi.
Nous sommes en Oklahoma et nous arrêtons un instant devant une des anciennes stations Philipps bâties entre 1927 et 1938 selon une architecture qu’on définit comme « B » Cottage avec ses allures de maisonnette colorées.
La micro municipalité d’Hydro recèle apparemment une section de la Route 66 originale avec son asphalte rosé que je remarque au moment de quitter la 40 sur une route parallèle à l’autoroute qui vient d’apparaître.
On fait le tour du village en moins de 5 minutes et on s’arrête à l’épicerie pour acheter des arachides de Virginie. La caissière nous explique, Google Map à l’appui, qu’il s’agit justement de la section de route que je viens d’apercevoir et qu’on peut la suivre sur des dizaines de km, toujours en parallèle de la 40, de village en village. Mais, avant de nous y engager, nous faisons la pause au food truck garé à l’intersection de la 40 pour deux bons gros hot dog de Chicago. Le proprio et sa fille se montrent d’une gentillesse extrême et s’informent de notre projet de voyage tout en nous invitant à visiter la ferme de pot thérapeutique juste derrière sa roulotte.
C’est une joie que de rouler ainsi sur la vraie Route 66 durant de longs moments. On s’arrête rapidement à la station-service abandonnée que Lucille Hamons a opérée durant 59 ans tout en s’occupant de ses 3 enfants et de son mari. L’endroit est devenu un monument historique original qui porte son nom : Lucille’s.
On roule encore un bon bout de temps jusqu’au National Route 66 Museum, d’Elk. Un endroit sympathique, mais très kitch. Reproduction d’un village ancien avec quelques éléments intéressants d’histoire locale dans une présentation approximative et amateur. Film instructif sur les origines des grandes routes américaines.
Un peu plus avant sur la 66, nous nous aventurons sur une section marginale de la route pour découvrir en parallèle ce qui devait être une partie originale abandonnée sur laquelle la nature est en train de reprendre ses droits. C’est totalement fasciné que nous faisons quelques pas sur deux bouts de cette route qui se referme sous la végétation envahissante. Son souvenir se perd lentement et irrémédiablement.
Avant d’achever cette journée, Shamrock est notre dernière étape afin de voir son ancienne station d’essence et diner Conoco qui reste un des plus beaux exemples du genre.
Coucher un peu plus loin sur la 66, dans un petit camping qu’un jeune couple réaménage. Un endroit agréable (20 $) dans la prairie. Il y a l’Internet que nous perdons complètement au moment où un gros VR vient s’installer à côté de nous…
Très intéressant Yves et Johanne…..et j’y ai même remarqué une coquille ou plutôt une faute de frappe à pat au lieu de par: Comme toujours, je suis renversé pat 😉 l’héritage français laissé sur l’ensembl