Floride 2, Texas 0
Dimanche dernier, il faisait un soleil magnifique à Carrabelle, dans le nord-ouest de la Floride. Au retour de notre promenade, nous nous sommes lancés dans la piscine du camping. Comme elle n’était pas chauffée, l’eau était fraîche, mais quelle sensation! Se baigner alors qu’il neige au Québec nous a procuré, il faut bien l’avouer, un immense plaisir. Bien sûr, pour certains de nos proches, la neige, c’est les sports d’hiver. J’en suis très content pour eux, l’important étant d’être bien là où l’on est. Mais nous, nous préférons avoir des sandales aux pieds plutôt que des skis ou des raquettes.
Le lendemain, nous avons repris la direction de l’ouest. Premier arrêt, le Henderson State Park. Quand nous sommes arrivés en fin d’après-midi, le soleil commençait à se coucher à travers les nuages et le brouillard. Il y avait au-dessus du golfe du Mexique toutes les nuances de bleu et de rose. C’était magnifique! Nous nous sommes mis le bout des pieds à l’eau. Elle était déjà moins froide que nombre de nos lacs l’été. Nous nous sommes dit que, s’il continuait à faire aussi chaud, nous ne résisterions pas à l’envie de plonger dans la mer cette semaine. Mais le lendemain, la température avait chuté brutalement d’au moins 10 degrés. La nuit suivante a été si froide qu’il a fallu fermer la porte et remettre le chauffage.
Il n’en fallait pas plus pour que la valse-hésitation reprenne chez nos deux Montréalais frileux. Devions-nous poursuivre notre route vers l’ouest ou plonger vers le pays des Snowbirds? Nous nous sommes branchés à l’internet et avons noté soigneusement les températures des 14 prochains jours. Côté Texas, c’était le frette assuré. Côté Floride, on prévoyait un temps beau et chaud au moins jusqu’à Noël. Nous avons dormi là-dessus. Le lendemain matin, ce fut deux voix contre zéro pour la Floride. Nous sommes arrivés hier à Fort de Soto, au sud de Clearweather et de Tampa.
Je suis convaincu maintenant que personne ne va s’inspirer de nous pour planifier son prochain voyage.
Le camping d’Henderson est incontestablement un des plus beaux que nous ayons vus. On y trouve seulement 60 emplacements. Mais n’allez pas croire que le terrain soit petit. Sur un espace semblable mais privé, on compterait au moins 300 sites. Ici par contre, chaque lieu est séparé des autres par des arbres et des arbustes, tant et si bien qu’on a presque l’impression d’être seuls.
En quelques minutes, on accède à une belle plage de sable blanc par une promenade en bois qui chemine à travers les dunes. Quant aux bâtiments sanitaires, ils sont impeccables. Si tous les campings d’État sont de cette qualité, nous deviendrons très vite nous aussi accros des State Parks.
De belles rencontres
Depuis le début de ce voyage, nous rencontrons des gens formidables. Au camping de Carrabelle, par exemple, il y avait une famille qui, à elle seule, faisait baisser la moyenne d’âge de quelques décennies. Les parents, fin trentaine sans doute, voyageaient avec deux adolescents, un garçon et une fille.
– Nous sommes nomades, me dit le père.
– Nous aussi, jusqu’en mai 2015. Mais nous, nous sommes retraités. Vous, qu’est-ce que vous faites pour gagner notre vie.
– On a pris notre retraite, vendu tout ce qu’on avait et on est partis.
Lui et sa femme trouvaient leurs parents trop pantouflards. Ils ne voulaient pas attendre d’être trop vieux pour vivre leurs rêves. Quand ils n’auront plus d’argent, ils reprendront un emploi et une vie normale. Mais pour le moment, ils paraissaient heureux.
En se rendant à l’île St George, on a aussi rencontré une famille de Québécois. La mère, infirmière, profitait d’un congé de maternité. Le père, informaticien à son compte, avait fait une pause. Ils voyageaient depuis six mois dans leur classe C en compagnie de leur fille de 4 ans et de leur garçon de 18 mois. Ils s’apprêtaient à partir pour le Québec pendant les Fêtes. Mais ils comptaient revenir pour quelques mois encore en janvier.
Nous avons aussi connu un très sympathique couple de Québécois. Ils nous ont invités à prendre l’apéro dans leur grande classe A. C’est la première fois que Lise et moi montions dans une de ces grosses autocaravanes. Jusque-là, on les voyait comme des véhicules mystérieux, conduits par de très vieux messieurs, âgés d’au moins 92 ans, qui n’en descendaient jamais, sinon pour le pipi du chien, à quelques pas de la sortie. Mais Diana et Jean ne sont pas des vieillards et ils n’ont pas de chien. Ils ne sont pas snobs non plus. N’empêche, on se sentait comme des roturiers reçus chez des aristocrates.
Et quel espace, mes amis, dans ces immenses autocaravanes! La chambre, à elle seule, était presque aussi grande que notre motorisé au complet. À tel point que lorsque nous sommes revenus dans La grande bleue, nous avons songé à la rebaptiser La petite bleue.
Ceux qui ne croient pas au karma devraient voir ce qui nous est arrivé après avoir zigouillé notre invitée. Dès la semaine suivante, nous avons senti une odeur malodorante, qui émanait de la cabine de pilotage. «C’est la souris», a tout de suite dit Lise. Moi, j’ai joué les sceptiques. Mais il a bien fallu se rendre à l’évidence. Ça puait de plus en plus et il fallait agir.
J’ai appelé un exterminateur à la rescousse. Il ne s’occupait pas des animaux morts. Mais il m’a gentiment donné le numéro d’une entreprise qui le faisait. J’ai joint l’autre exterminateur, en lui expliquant qu’il serait difficile, voire impossible d’accéder au cadavre. Sans rien me promettre, il s’est fait rassurant.
De fait, il s’est montré très compétent dès son arrivée. Après avoir flairé l’odeur, il a immédiatement pointé le tableau de bord. Il a enlevé les tapis, dévissé quelques panneaux, tendu le bras, et je l’ai entendu dire : «Ça y est!» Quelques secondes plus tard, il ressortait non pas une souris, mais un rat. C’est que notre Miquette était plutôt transgenre, genre Ratatouille. Je veux dire de la race de Ratatouille, car l’animal aimait mieux bouffer que faire la cuisine.
Malgré la facture de 429$, la découverte nous a immensément soulagés. Lundi matin, nous avons rendez-vous chez le concessionnaire Mercedes de Tampa. Tous nos problèmes sont en train de se régler. Espérons juste que la note sera moins salée.
Lise vous fait ses amitiés. À samedi prochain.
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