Comme à la plupart des jeunes de l’époque, peu argentés et avides d’aventure, la tente s’imposa comme refuge nocturne dans leur découverte du Québec. Attrait aussi fascinant qu’incontournable, la Gaspésie fit partie de leurs toutes premières destinations. Dans leur cas, c’était beaucoup plus qu’un simple fantasme de Montréalais puisque plusieurs de leurs parents, disséminés de Rimouski jusqu’à la baie des Chaleurs, habitaient déjà cette région.

De la tente à la caravane

Passionnés de camping certes, mais également rationnels et méthodiques dans la façon d’actualiser leur pratique du loisir, voilà ce qu’ils étaient. À preuve, leur premier critère au moment d’acquérir une voiture fut d’en trouver une aussi petite qu’économique, pourvu que tout le matériel de camping puisse s’y caser. Une Renault 10 gagna le concours, cela même si une fois tout le matériel placé, il aurait été difficile d’y ajouter une boite de sardines. De toute façon, pourquoi emporter de la sardine quand la Gaspésie regorge de poisson frais ?

Comme cela était habituel en ces temps-là, des enfants vinrent rapidement transformer le couple en famille, quatre au total. Il devenait donc indispensable de remplacer la Renault pour continuer à camper, mais surtout de délaisser la tente pour un autre type d’équipement récréatif. Or à l’époque, les autocaravanes n’existaient pas encore. Restaient donc deux options : une tente-caravane ou une caravane.

Après avoir fait le tour des produits offerts sur le marché, leur choix se porta sur une caravane Airstream comptant quatre années d’utilisation, acquise en mai 1969 au prix de 8 000 $. Une tournée des concessionnaires automobiles les amena ensuite à choisir une Plymouth Fury à moteur V8. Quelques années plus tard, celle-ci fut remplacée par un véhicule précurseur des VUS actuels : la Chevrolet Suburban. Par la suite, quatre ou cinq autres Suburban prirent la relève. L’une d’elles leur dura même 15 ans.

Aujourd’hui, toujours satisfaits des qualités de ce véhicule tracteur, ils continuent de rouler en Suburban, dans un modèle de 2018 toutefois.

Leur valeur de base

Leur fidélité dans le choix d’une voiture démontre combien cette valeur les habite. Leur mariage qui dure depuis 54 ans et leur gout du camping, qui reste aussi viscéral qu’à leur toute première expédition, même s’ils ont respectivement atteint 77 et 78 ans, en témoignent aussi. On aime à penser que voilà une autre preuve que le camping peut contribuer à la longévité de ceux qui le pratiquent !

Oui, Jean-Guy et Rita présentent un profil atypique, mais un dernier élément vient en ajouter encore une couche. Depuis plus de 50 ans, ils possèdent une caravane Airstream 1965 à bord de laquelle ils voyagent toujours. Après l’avoir achetée, ils entreprirent un voyage de 16 000 kilomètres qui leur permit de visiter tous les États formant le pourtour des États-Unis en six semaines. De ce voyage, ils se rappellent notamment avoir traversé avec leur équipage le barrage Hoover, érigé sur le fleuve Colorado et séparant le Nevada de l’Arizona. Aujourd’hui, cela serait impossible puisque, sur l’« Hoover Dam », seule la circulation piétonnière est autorisée.

Après cette longue expédition, les années qui suivirent virent le nombre de kilomètres parcourus graduellement diminuer. Devenus parents, plus sages et moins impétueux, ils parcoururent bon an mal an de 800 à 1 000 kilomètres avec leur caravane. Puis, pendant les quinze années de service de leur Suburban 2002, ils se maintinrent à 4 000 kilomètres annuellement.

Leurs coups de coeur

Devant des gens d’une telle expérience, ayant parcouru un territoire aussi vaste que le Canada et les États-Unis réunis, impossible de ne pas parler de leurs coups de coeur. Unanime et spontanée, leur réponse est à la fois surprenante et réjouissante. Les destinations les ayant le plus impressionnés se trouvaient au Québec.