Faire peur pour économiser
Une fois de plus, il me faut reporter le sujet annoncé la semaine précédente. Aujourd’hui, la raison en est simple. Je suis toujours en attente d’un retour des services frontaliers états-uniens pour clarifier à quelles conditions il est possible de traverser la frontière.
J’ai noté, à la lecture des commentaires de mon dernier billet que la question des assurances monopolisait passablement votre intérêt. Non, aujourd’hui, je n’entrerai pas dans le dossier que je suis à préparer pour dresser le portrait que prendra la nature des assurances voyages l’hiver prochain pour les « snowbirds ». Cependant, nombre d’entre vous m’ayant contacté personnellement par courriel, mais aussi par téléphone, j’ai décidé de clarifier une phrase de mon dernier billet ayant semblé quelque peu sibylline.
Parlant des facteurs aggravants ayant contribué à semer l’inquiétude chez les caravaniers en voyage aux États-Unis en mars dernier, j’écrivais qu’il en était un ressemblant beaucoup à une « fake news ». En fait, l’énoncé de cette phrase parlait « d’une alerte émise par les assureurs proposant une couverture médicale lors de voyages à l’étranger » au moment où nos gouvernants nous incitaient fortement à revenir au pays.
Comme des milliers d’assurés, j’ai moi-même reçu l’avis en question par courriel. Je précise Michelle et moi sommes couverts par le régime d’assurance collective offert aux enseignants et autres employés de la fonction publique et parapublique québécoise. Il s’agit d’un régime administré par la mutuelle SSQ Assurance.
Pour simplifier, le message en question sommait les assurés de revenir au Québec dans un délai très court, au risque de voir leur couverture annulée. La limite variait d’une semaine à dix jours après la transmission de l’avis. Comme plusieurs, recevoir une telle sommation me fit sursauter. Après tout, ma couverture d’assurance était, selon le contrat, valide pour un séjour de six mois.
Tenant pour acquis qu’un contrat engage formellement les deux parties qui y ont souscrit et qu’il ne peut être modifié d’une façon unilatérale, je décidai d’aller plus loin et je ne fus pas le seul à vouloir comprendre. Mon compatriote et voisin de camping immédiat qui avait fait carrière dans l’assurance me fut alors d’un grand secours. Après avoir lu de fond en comble les conditions énumérées au contrat, il confirma ma perception. Un avocat spécialisé dans le domaine me fournit un avis similaire. L’assureur se devait de respecter les conditions mentionnées au contrat.
Ce jeudi, une autre connaissance, elle aussi issue du domaine de l’assurance, me téléphona pour me faire part de son aventure avec le même assureur. Après avoir reçu message, ce type avait téléphoné à SSQ Assurance pour obtenir des explications. La personne qui lui répondit lui répéta sensiblement la teneur du message et termina en disant qu’à défaut de se conformer, sa couverture serait annulée.
Insatisfait, il communiqua à nouveau avec l’assureur où là, il obtint un message similaire, un peu plus nuancé, mais tout aussi contraignant pour le retour. S’il persistait à demeurer en Floride et qu’il attrapait la COVID-19, l’assureur refuserait de payer pour les soins. Par contre, s’il l’attrapait sur la route du retour, il serait protégé. Deux poids deux mesures pour une même infection.
Têtu comme j’aime, mon bonhomme n’allait pas abdiquer aussi facilement. Sans grand espoir, il décida tout de même de porter plainte auprès de l’assureur. Peu de temps après, il recevait un appel lui apprenant que le fameux message n’aurait jamais dû être envoyé aux assurés.
Fin de l’histoire, mais l’impact de ce courriel fut, lui, bien réel. Combien de caravaniers dès sa réception ont décidé de plier bagage sur le champ pour revenir à la maison au plus tôt ? Désireux de réduire les kilomètres les séparant de leur résidence, il en est sûrement qui ont roulé beaucoup plus longtemps qu’à l’habitude, augmentant ainsi le stress lié à la conduite et, de ce fait, le risque d’avoir un accident.
Au strict plan économique, cette menace d’interrompre la protection des caravaniers, si illégale fut-elle, a sûrement été profitable pour l’assureur. En revenant rapidement, les caravaniers minimisaient le risque potentiel d’une augmentation du nombre de réclamations liées à la pandémie. Malheureusement, en ce qui a trait à l’intérêt manifesté envers la clientèle, il faudra repasser.
Quant à la notion de condition préexistante que certains lecteurs ont évoquée dans les commentaires de la semaine dernière, je suis certain que la COVID-19 n’en fait pas partie, à moins bien sûr qu’on l’ait attrapée avant de se procurer une assurance voyage.
Il ne faut pas oublier que cette notion de condition s’applique à la personne assurée seulement et non pas au pays visité. Le diabète, les maladies coronariennes existent aux États-Unis, comme le paludisme dans les pays tropicaux. Cela n’en fait pas une condition préexistante chez le client pour autant. L’assuré, c’est le voyageur et non pas le pays où il se rend.
Même si, beaucoup d’assurances comportent des clauses d’exclusion, la plupart du temps, ces restrictions sont associées à des notions aussi dramatiques qu’une insurrection ou une guerre déjà connue ou anticipée avant le départ. Dans la réalité de tous les jours, pour déterminer si une personne est protégée ou non et connaître la durée de cette protection, il est essentiel de retourner et de s’en tenir à ce qui est spécifié au contrat au moment de sa signature… avant le départ bien sûr.
« Tenant pour acquis qu’un contrat engage formellement les deux parties qui y ont souscrit et qu’il ne peut être modifié d’une façon unilatérale, je décidai d’aller plus loin et je ne fus pas le seul à vouloir comprendre. » Tiré du début de votre 6e paragraphe .
Le Gouvernement Canadien ne pense pas du tout comme vous. Unilatéralement et à contre la loi de l’Office de la Protection du Consommateur du Qc, il a décidé d’imposer le non remboursement des billets d’avions achetez chez Air Transat ou Air Canada.
Deux poids deux mesures.
Je ne souhaiterais pas voir un particulier partir en guerre contre la SSQ ou un autre assureur pour le non remboursement de ses frais médicaux, la bataille serait injuste. Les assureurs ont toujours les moyens avec nos primes versées de nous assommer.
Pour moi ne rêvez pas si la SSQ dit revenez ça veut dire revenez ou assumez les conséquences, ils peuvent faire traîner les choses en longueur ils ont les $$$
Bien dit Pierre, en cette période de pandémie, combien de contrat ont été bafoué?
C’est bien beau être dans son droit, les gents doivent attendre des années avant d’avoir un règlement en cours, notamment suite à des faillites d’entreprises et les réclamations des employés pour les fonds de pensions non payés, on entend parfois les dirigeants dire « allez-y, poursuivez nous, le temps que ça passe en cours, la moitié des retraités seront décédés ».
Non, 2 semaines de plus aux USA ne valent pas la peine de tous ces tourments avec les avocats.
Bien d’accord avec les commentaires qu’une poursuite contre un assureur est un combat de titan. Abandonnez est cependant une action qui n’est pas dans mon palmarès. Il y a des lois, par exemple celle du « recours collectif » et autres. Non, je ne veux pas initier un débat sur les éventualités législatives, les options de contre-poursuites, etc j’arrêterai donc ici ce volet de ce commentaire.Abandonnez est acceptez de se faire « encore » écrasez par les $$$$, pas question pour moi. Je dis non à la peur et je roule en VR dans le plaisir; merci.
Pour ce voyage en 2020, nous étions assurés avec la Croix-Bleue et le message que nous avions reçu au mois de mars dernier, nous recommandait de revenir non pas parce que nous n’étions plus couvert ou limité dans le temps, mais plutôt pour la problématique de ne pouvoir recevoir les soins adéquatement comme étranger aux US.
Je seconde le message de Pierre.
Air Transat et Air Canada ont une autre vision des contrats, tout comme la SSQ. Nous sommes aussi sous la protection des enseignants, donc étions supposément assurés pour annulation de voyage, mais SSQ a décidé qu’un crédit voyage équivalait à un remboursement, donc, je dois attendre le bon vouloir d’air Transat ou la fin de la pandémie avant de profiter des pesos payés à air Transat. Et comme ils feront probablement faillite avant la fin de celle-ci, bye bye ces pesos….
Pour moi, les assurances et la pandémie, je vois ça comme si je marchais au milieu d’une voie ferré et que le train s’en vient, je me tasse de la “track” parce que je n’aura jamais le gros bout du baton, mème avec une poursuite judiciaire… 😉
Notre assureur Medoc, qui couvre les retraités du fédéral, nous a enjoint de rentrer au Canada pour le 23 mars au plus tard. Ils nous donne une prolongation de contrat de trois mois mais on ne va pas nulle part! J’ai mis moins de 1,000 km sur la Mustang depuis notre retour, incluant 150 km pour aller dans un village sur le canal Rideau ou il y avait peu de monde comparé à la normale. On ne peut aller en Nouvelle-Écosse, on a annulé la location d’un chalet sur la mer.. Ce sera intéressant de voir l’offre pour l’hiver prochain – si on est chanceux on pourrait faire deux mois en Floride!
A 48 remi: Je ne veux pas être rabat-joie mais dans le contexte actuel et de la façon dont est géré la pandémie aux USA, je ne me vois pas en Floride l’hiver prochain sans parler justement des nouvelles conditions des cies d’assurances. Pour un optimiste, peut être mars 2021?
M. Bélanger, mars 2021 ou 2022 ?
Pour ma part, ce ne sera pas avant 2022. De toute façon, même si un vaccin devient disponible, ce ne sera sûrement pas avant la fin de l’année, voir début 2021 et la campagne de vaccination va s’étendre sur plusieurs mois.
Assuré avec CAA je n’ai eu aucune demande de retour précipité, par contre j’ai pris le décision de revenir le 14 mars et je passais les douanes de Lacolle le 17 mars au matin. Concernant un éventuel retour aux USA je suis en réflexion, avec tout ce qui se passe, ce n’est pas très invitant disons, l’avenir le dira!