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Faire face aux insectes
La contre-attaque

Donner de son sang est un acte altruiste qui doit être encouragé. Mais avouons-le, on préfère effectuer ce don sur une base volontaire et à un organisme comme Héma-Québec. Pourtant, le fait de jouer dehors au Québec implique forcément d’être piqué par un insecte, qui, plus souvent qu’autrement, est assoiffé de sang; notre sang, pardieu ! Bien que d’autres insectes puissent nous piquer, on peut penser aux guêpes et aux abeilles par exemple, elles le font essentiellement pour se défendre, et non se nourrir.

Revenons donc à nos « amis » suceurs de sang. Du printemps à l’automne, de l’aurore à la brunante, il y a souvent un insecte ou l’autre qui nous a dans sa mire. Mais que faire ? En tout premier lieu, s’informer. S’informer des types de bibittes, de leurs habitudes, des maladies qui peuvent être transmises, des insectifuges et des stratégies à adopter. Allez, on pique dans le vif du sujet…

Mosquito !

À tout seigneur, tout honneur : parlons des moustiques. Sur les 2 000 espèces qui existent dans le monde, seules (!) 60 sont établies au Québec. Ces culicidés, communément appelés maringouins chez nous, sont en fait les seuls insectes piqueurs du lot. À l’aide de leur proboscis, une sorte de trompe effilée, ils aspirent le sang de leur victime. Seules les femelles s’adonnent à cet acte dangereux au cours duquel elles peuvent se gonfler jusqu’à atteindre trois fois leur poids. Les éléments nutritifs ainsi récoltés serviront à la ponte des oeufs, qui seront alors déposés à la surface de l’eau ou du sol humide. Lors de la piqûre, le moustique injecte un peu de salive dans la plaie; une salive contenant un anticoagulant et un vasodilatateur. Ce sont ces deux ingrédients qui entraînent les démangeaisons et les enflures. Les moustiques, présents l’été durant, sont en plus grand nombre en juin et en juillet. Dès la tombée du jour (et bien avant, souvent, là où il y a de l’ombre), par temps chaud et humide, leur chasse débute.

Les hématophages

Par opposition, les autres insectes hématophages (qui s’abreuvent de sang) sont plutôt des « mordeurs ». Les mouches noires et leurs cousines plus petites, les brulots, vont plutôt arracher un morceau de peau, injecter un anticoagulant et s’abreuver pour les mêmes raisons que le moustique. Leur petite taille rend difficile leur détection et ils peuvent aisément se faufiler par le plus petit des orifices. Actifs de jour comme de nuit, ils sont plus présents en fin d’après-midi. Leur morsure donne une sensation de brûlure. Les mouches plus grosses, comme les mouches à chevreuil et les taons, actives surtout le jour et par temps ensoleillé, ont des morsures plus grosses et douloureuses. Agressives, elles sont tenaces une fois leur proie identifiée.

Au-delà de l’inconfort associé à la piqure ou à la morsure, certaines maladies peuvent être transmise par ces insectes. Jusqu’à présent, contrairement à plusieurs pays tropicaux, il n’y a pas de risque de contracter une maladie mortelle comme la malaria, la filariose ou la dengue. Toutefois, comme le démontre les épidémies de 2002 et 2003, la transmission du virus du Nil occidental est possible. Les taons ont quant à eux été identifiés comme vecteur potentiel de la tularémie, une maladie associée à une bactérie.

Contre-attaquer en se protégeant

Connaissant mieux notre ennemi, il est maintenant temps de discuter des options pour se protéger de ces vampires.

La première ligne de défense en est une qui vise le problème à sa source et réside en une approche stratégique quand vient le temps de pratiquer des activités extérieures. Par exemple, quand faire se peut, il est intéressant de privilégier les mois de mai et septembre pour les vacances. En bonus, les touristes sont aussi moins nombreux. De même façon, il faut considérer le lieu. Une virée sur le bord du fleuve dans Chaudière-Appalaches ou dans la forêt boréale en Abitibi ne présentera ni les mêmes insectes ni la même densité de population. Par exemple, je tends à éviter les sorties de canot-camping en Mauricie, au mois de juin… Une fois ces considérations générales prises en compte, on peut ensuite choisir un endroit pour camper qui n’est ni à l’ombre, ni dans une forêt de conifères ni près d’eaux stagnantes. Enfin, si les moustiques ou les brulots sont les pestes à éviter, il faudra peut-être se protéger plus adéquatement le matin très tôt ou encore à la tombée du jour. Pour ce qui est des taons et mouche à chevreuil, actives toute la journée, il faudra vraisemblablement passer immédiatement à l’étape suivante.

Les moustiques détectent leur proie grâce à la chaleur, à l’odeur (sueur, acide lactique…) et au gaz carbonique dégagé. Bien qu’ils puissent piquer à travers des vêtements moulants peu épais, il est possible de les déjouer en adoptant une tenue vestimentaire appropriée (tenue qui ne vous fera pas gagner des points dans un concours de mode, toutefois). Des vêtements aux teintes pâles, amples et au tissu épais et robuste offrent une bonne protection. Insérer le bas du pantalon dans ses bas, fermer le col autour du cou, porter des manches longues et une casquette ajoutent un cran à la protection. Si la menace est féroce, porter un mince filet sur la tête (au-dessus du chapeau) et des gants complètent la stratégie vestimentaire. Si une baignade fréquente diminue l’odeur que l’on dégage et en bonus, nous rafraîchit, l’application de parfums corporel est à proscrire (shampoing, savons, crèmes…) pour les raisons inverses. 

 

Si malgré toutes ces précautions, les envahisseurs se font insistants, il est peut-être temps d’avoir recours à un insectifuge. Le DEET (N, N-diéthyl-3-méthylbenzamide) est un produit chimique développé par l’armée américaine à la fin des années 1940. D’une efficacité reconnue (même contre les tiques), il est utilisé dans des concentrations entre 5 et 30%. Comme le démontre de nombreuses études, son utilisation ne se fait pas sans risque pour la santé toutefois (irritations, allergies…). Il a aussi la fâcheuse habitude d’attaquer la plupart des plastiques ! Quand c’est possible, on limite la quantité et la concentration appliquée et on privilégie les vêtements à la peau nue (des vêtements enduits de DEET sont d’ailleurs disponibles). Une alternative au DEET est l’icaridine. Moins dommageable pour les produits plastiques, il demeure tout aussi efficace. La perméthrine, quant à elle, est surtout utilisée pour imprégner des vêtements. Son efficacité est aussi bien démontrée. Dans un souci de diminuer la toxicité des substances insectifuges utilisées, on peut se tourner vers des substances, moins efficaces et durables, comme les huiles essentielles. Ainsi, des huiles de citron, de lavande, d’eucalyptus, d’aiguilles de pin, de géranium et de camphre contribuent à éloigner les moustiques et les mouches noires. Leur utilisation doit tout de même être faite selon les normes indiquées par le fabricant afin de diminuer les risques pour la santé.

Afin de protéger un endroit fixe, comme la table à pique-nique, il peut être intéressant d’avoir recours à des accessoires plutôt qu’à des produits chimiques que l’on applique sur le corps. Sans contredit l’outil de défense le plus efficace demeure un filet moustiquaire.

Que ce soit un abri cuisine avec armature ou une toile à suspendre, le filet doit avoir des mailles très fines afin d’empêcher les brulots de passer. Il en est d’ailleurs de même pour les moustiquaires de fenêtres du véhicule récréatif. Vérifiez ! Vous serez peut-être désagréablement surpris de découvrir que vos filets moustiquaires ont des mailles trop grosses ! Une autre option, mécanique, est d’utiliser un ventilateur oscillant qui balaie la zone à protéger. Comme les moustiques ne volent qu’à une vitesse située entre 1,6 et 2,4 km/h, ils auront alors bien de la difficulté à vous trouver.  Si les chandelles à la citronnelle sont peu dispendieuses et sentent (généralement) bon, leur efficacité n’est pas démontrée. Il en est de même pour tous les appareils à ultrasons qui émettent, semble-t-il, une onde sonore inaudible pour les humains mais désagréable pour les insectes. Les lampes à ultra-violet, de leur côté, ne sont pas des insectifuges, mais attirent plutôt les bestioles pour les tuer au contact. N’étant pas discriminatoires, elles tuent tous les types d’insectes (ce qui n’est pas forcément souhaitable d’un point de vue environnemental), font un bruit qui peut être désagréable et sont plus efficaces dans un endroit fermé. Les spirales anti-moustiques sont quant à elles d’une efficacité reconnue. Toutefois leur usage est limité à l’extérieur, loin des zones où l’on mange. Elles dégagent des produits chimiques dont les effets néfastes sur la santé sont bien documentés. Récemment, les produits de la marque Thermacell ont envahi le marché et de nombreux utilisateurs en vantent l’efficacité. Utilisant la chaleur pour diffuser un insectifuge, leur coût d’utilisation est à considérer (cartouches de rechange) en plus de se questionner sur les vapeurs nocives dégagées (l’agence européenne des produits chimiques considère le D-allethrine comme hautement toxique pour la faune aquatique et peut être dangereux si inhalé ou avalé). Parlant de découverte récente, nous avons utilisé avec bonheur cet été, une raquette anti-moustique Zap it de type « bug zapper ». Surpris de son efficacité à tuer les insectes qui se sont faufilés dans le véhicule ou la tente, une séance de chasse aux moustiques de quelques minutes est bien plus efficace et propre que de tenter de les écraser avec les doigts sur la paroi, surtout si le maringouin est gonflé de sang. La raquette possède une batterie rechargeable et électrocute au contact les petits insectes.

Somme toute, la présence d’insectes de toutes sortes (piqueurs ou non) est sans contredit essentielle à un écosystème en santé et les éradiquer avec un épandage aérien massif d’insecticide n’est pas forcément la meilleure solution. Le compromis demeure donc de gérer le problème avec une stratégie qui fait appel à plusieurs solutions complémentaires en plus de garder son sang… froid, quand c’est possible.

Par Dany Coulombe
Camper au Québec 2023

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