Évolution ou répétition ?
Dans le règne animal, les gros avalent souvent les petits, mais ce phénomène n’est pas réservé aux seuls organismes vivants. On peut également le retrouver dans plusieurs autres secteurs de l’activité humaine. Au plan économique, il est particulièrement présent et très à la mode. Quoi de mieux pour se débarrasser de la compétition que de l’acheter ?
Ce fut le cas de Hymer, pourtant lui-même le géant des constructeurs de VR européen, qui, depuis bientôt trois ans fut acquis par l’américain Thor. Puis, en 2018, REV fit de même avec Lance, une entreprise californienne de longue date, mais surtout la plus réputée parmi les fabricants de caravanes portées.
En 2019, Winnebago entra lui aussi dans la parade en devenant, pour 270 millions en dollars états-uniens, propriétaire de Newmar. La semaine dernière, Thor revenait dans l’actualité par l’acquisition de Tiffin, encore une transaction impressionnante de l’ordre de 300 millions. Une nouvelle qui a suscité beaucoup de réactions.
D’une part, les marchés boursiers ont favorablement accueilli le fleuron Tiffin que Thor ajoutait à ses lauriers. Moins d’une semaine après l’annonce de la transaction, l’action de Thor avait bondi de 11,1 %. Cependant, du côté des consommateurs, l’enthousiasme se faisait beaucoup moins palpable.
Les habitués des produits Tiffin et de la culture de cette entreprise étaient nombreux à témoigner d’un certain pessimiste sur l’avenir du niveau de qualité qui avait fait la réputation de Tiffin. Un son de cloche similaire résonnait dans le même sens chez plusieurs observateurs neutres de l’industrie du VR. Seul l’avenir dira comment la recherche effrénée du rendement sur investissement, si importante pour les actionnaires, pourra cohabiter avec la qualité telle qu’antérieurement définie par Tiffin.
Il est clair que l’industrie américaine du véhicule récréatif, comme cela se passe aussi dans une multitude de secteurs de l’économie, s’inscrit dans une mouvance favorisant les acquisitions. Malheureusement, des entreprises privées ou familiales en font les frais. Difficile de ne pas céder lorsque le montant des dollars proposés donne le tournis.
Disposant de moyens énormément plus élevés que ceux l’entreprise qu’il convoite, la crainte de se retrouver dans un combat qu’ils ne pourront soutenir, les propriétaires visés se voient souvent contraints à déposer les armes.
Même si elles étaient établies à des milliers de kilomètres l’une de l’autre, Lance (Lancaster, CA), Newmar (Nappanee, IN,) et Tiffin (Red Bay, AL) partageaient plusieurs points en commun. Respectivement en affaires depuis 1965, 1968 et 1972, aucune d’entre elles n’était inscrite en bourse. Au sens de la loi toutes étaient des compagnies privées, même que dans le cas de Tiffin, il s’agissait d’une entreprise familiale où trois générations affichaient une même passion.
Ces trois compagnies partageaient aussi plusieurs valeurs fondamentales dont la qualité du travail bien fait, le respect et l’écoute de la clientèle. D’ailleurs, le fondateur, Bob Tiffin, que j’ai croisé à maintes reprises et avec qui j’ai eu le plaisir de discuter au salon des VR de Hershey, il y a quelques années, avait la réputation de toujours laisser la porte de son bureau ouverte pour ses clients, ce qui en faisait un cas à part dans l’industrie.
Ces valeurs, mais surtout la capacité de prendre des décisions répondant aux besoins réels de leur entreprise sans la contrainte des dictats d’actionnaires anonymes, avaient manifestement joué un rôle important dans leur histoire. D’ailleurs, on se souviendra que lors de la dépression qui avait frappé les États-Unis, fin 2008, de tous grands fabricants, Newmar avait été celle qui s’était sortie de la dégringolade économique avec le moins d’égratignures.
Mais les temps changent. Alors que les GAFA (Google, Apple, Facebook et Amazon) de ce monde font la pluie et le beau temps dans l’univers numérique, le monde du véhicule récréatif adopte un comportement similaire, de moins en moins de joueurs, mais de plus en plus gros. Il est clair que les têtes au sommet de ces entreprises n’ont jamais lu la fable de Jean de La Fontaine Le chêne et le roseau ou, s’ils l’ont fait, n’en ont pas pris leçon.
Encore heureux que Newmar soit entré dans le clan Winnebago, car au moins cette compagnie jouit d’une bonne réputation concernant la qualité. Elle ne devrait pas entrainer vers le bas la qualité de Newmar.
Chez Tiffin, ils avaient des valeurs familiales. C’était leur nom sur le produit, donc leur réputation, disait Bob Tiffin. Maintenant ce sera le rendement pour les actionnaires qui va primer. Le prix des autocaravanes ne va surement pas baisser…
Chez Triple E de Winkler Manitoba, c’est encore la qualité qui prime. Mais la qualité a un prix. Parfois il vaut mieux payer un peu plus pour un produit de qualité. On fini normalement par en avoir pour son argent.
En effet traditionellement le systeme capitaliste est plus favorable aux « strategistes » qu’aux poetes. Reste a voir si les gros manufacturiers deVR sauront seduire les jeunes generations avec des produits de masse de moins en moins abordables pour eux.
Pas d’accord avec Estelle concernant la bonne réputation de qualité de Winnebago. À tout le moins, rien de comparable avec Tiffin et Newmar.
Winnebago ne fait plus partie de ma liste de fabriquant de qualité. J’ai eu un Vista classe A 2014 et l’assemblage était horrible. Eau chaude était raccordée à la toilette, le capot amovible avant était tout croche il manquait un appuie, le slide out toujours défectueux j’ai changé deux petits moteurs et une raille d’entraînement, ect, ect,
Peut-être que dans les catégories de 300000$ et plus la qualité y est mais pour les bas de gammes c’est ordinaire pour ne dire affreux.