Essai de définition
Il y a quelques années, j’avais croisé un type qui avait aménagé une Dodge Caravan 1996 pour en faire son véhicule récréatif. Accompagné de sa femme et de son fils handicapé, il utilisait son VR presque chaque weekend pour se rendre aux feux d’artifice de Montréal. Sa créativité et son ingéniosité à transformer une banale fourgonnette familiale en un véhicule récréatif discret, petit, mais quand même fonctionnel m’avaient fortement impressionné.
Profitant des rabais exceptionnels offerts lors du Salon de l’auto de Montréal, la petite famille s’était procuré une nouvelle Dodge Caravan avec la ferme intention de répéter une fois de plus le miracle de la transformation. L’idée m’est alors venue que je tenais là le sujet d’un excellent article. Très peu onéreux, ce VR fait maison faisait la preuve que le caravaning n’était pas une affaire de gros sous, réservée aux gens fortunés.
De nature très humble, après quelques réticences, le type en question accepta mon idée d’article, en me faisant toutefois la remarque que son véhicule n’était pas complètement terminé et qu’il profiterait de l’hiver qui vient pour y travailler. Comme il m’avait dit qu’il l’avait utilisé cinq ou six semaines lors d’un périple dans l’est du Québec cet été, j’avais imaginé que son véhicule devait grandement témoigner de son allure finale.
Malheureusement, en ouvrant une des deux portes latérales, j’ai déchanté. Ce que j’avais devant moi me rappela une chanson de Richard Desjardins se terminant par ces mots « et j’ai couché dans mon char ». Il me semblait que, même avec un onduleur, une glacière, une toilette portative et un matelas sur le plancher cette fourgonnette ne méritait pas l’appellation de véhicule récréatif. Cela m’amena à me questionner sur les critères justifiant d’accoler le qualificatif récréatif à un véhicule.
Pourtant, mon bonhomme et sa famille filaient le parfait bonheur à voyager dans leur minivan, leur monospace comme disent nos cousins d’outre-Atlantique. Étais-je atteint de snobisme pour lever le nez sur un tel véhicule ? Ma longue expérience de caravanier nomade, vécue dans des VR hyperconfortables, m’avait-elle embourgeoisé au point de m’autoriser à décréter ce qui était acceptable ou non ? Ébranlé dans mes valeurs par cette question, il me sembla urgent de trouver une réponse objective s’appuyant sur des arguments logiques.
S’il est évident que tout véhicule récréatif est un d’abord un véhicule, il est faux de prétendre que tous les véhicules sont récréatifs. Véhicule constitue un terme général auquel l’ajout du mot récréatif vient conférer un aspect plus spécifique. Alors quels peuvent bien être les critères permettant de considérer un véhicule comme un VR ?
Je fais ici un petit aparté. J’ai toujours été mal à l’aise que les gens de caravaning s’accaparent la propriété exclusive de l’appellation véhicule récréatif. Plusieurs autres véhicules : motomarine, VTT, moto et même un yacht, pourraient bénéficier de ce statut. Dans mon esprit, il ne fait aucun doute que l’influence de nos voisins étasuniens avec leur concept de « recreational vehicule » a sûrement pesé lourd dans la balance. Plutôt que de réfléchir pour trouver un terme plus respectueux de notre langue, l’industrie québécoise du VR, par manque de vocabulaire, s’est contentée d’une banale traduction littérale.
Mais qu’est-ce donc qu’un véhicule récréatif ? Ce n’est certes pas la présence d’un moteur puisque certains VR sont autopropulsés et d’autres tractés. Il faut donc regarder ailleurs.
Tous les véhicules récréatifs (dans une perspective de caravaning, je le répète) ont une fonction en commun : celle de permettre d’y séjourner. Bien sûr, le confort peut s’y décliner selon une géométrie variable, mais pour que le statut de VR puisse s’appliquer, il faut, selon moi, retrouver dans le véhicule un certain nombre d’accessoires et de services permettant d’y vivre en autonomie, au moins pour quelques jours.
Des caractéristiques résidentielles essentielles au terme VR, mentionnons la présence d’un lit, d’un cabinet de toilette, d’armoires et de rangement, d’un chauffage, d’une table avec banquettes ou chaises, d’un système de plomberie comprenant évier, réserve d’eau avec au moins un réservoir septique, d’un frigo, d’une réserve d’énergie électrique et d’un élément de cuisson. Voilà pour la base. Congélateur, four micro-onde, lave-vaisselle, laveuse-sécheuse pour les vêtements, coupole pour capter la télé par satellite et même la douche, parce qu’ils tienent davantage du niveau de confort et de luxe, doivent être considérés comme une valeur ajoutée, mais non essentielle.
Il m’est arrivé dans mes écrits et entrevues d’employer l’expression « niches à chien » pour désigner certaines petites remorques que le fabricant qualifiait pompeusement de véhicules récréatifs. Pratiques pour transporter les bagages, ces petits machins sur roues (je ne sais trop comment les nommer) n’ont rien d’un VR. Rendu à destination, il faut les vider de leurs bagages que l’on placera à l’extérieur pour pouvoir, de peine et de misère, se glisser sur le matelas couvrant le plancher. Pas très pratique par temps pluvieux. Bien sûr, dans ces trucs, il faut oublier la toilette, l’évier, le frigo, la table. D’ailleurs, dans un tel environnement, même changer de vêtements alors qu’il faut rester en position accroupie tellement l’espace y est restreint et le plafond bas, impose des contorsions dignes du Cirque du Soleil. Aussi, selon moi, accoler à ces choses un statut de récréatif constitue une aberration.
Il n’est pas impossible que ma conception de ce que doit être un véhicule récréatif, soit trop restrictive. À vous de juger et de me corriger au besoin.
Note : Une adresse courriel a été créée pour permettre à ceux qui souhaitent me soumettre des commentaires ou soulever des point n’ayant pas rapport avec le billet en titre. N’hésitez pas à vous en servir si cela vous convient: plaquerre@campingcaravaningmag.ca
Je suis du même avis, pour moi un véhicule récréatif est au minimum une roulotte, 5th wheel ou motorisés de toute classe, possédant les items de base énumérés ci-haut;
les remorques, les tente-remorques et les tentes devraient être appelées « équipement de camping ».
Pour moi, un véhicule récréatif est un engin autonome, donc, motorisé, équipé de façon à pouvoir vivre en autonomie (dormir, manger, se laver, etc.) pour une durée limitée. Une roulotte, une tente-roulotte ou un « fifth-wheel » (et tout variation sur ces thèmes) ne sont donc pas vraiment des véhicules récréatifs, mais des équipements de camping, car ils doivent être déplacés par un autre véhicule.
Pierre… ce que tu décris est un motorisé ou une autocaravane; les roulottes ou 5th wheel tirées par des camions sont tout autant autonomes que le motorisé.
Nos amis américains considèrent tous les équipements que j’ai mentionnés comme des RV pour « recreational vehicule », car pour eux le RV est pour voyager et pour camper ! http://en.wikipedia.org/wiki/Recreational_vehicle
Il y as dejas une compagnie qui fait la conversion de Dodge Caravan 5Mars-rv.com
Il y a dans l’univers des VR les deux extrêmes. Les »niches à pitou » au bas de la pyramide et les condos »all star » sur roues au sommet. Au centre, il y a les… VR !
La »modération » a toujours meilleur goût à mon humble avis.
Personnellement, je suis d’accord avec Pierre: même si ma caravane à sellette est considérée comme un VR, ce n’est pas un « véhicule » car il n’y a pas de moteur. Il s’agirait peut-être alors d’une « demeure » récréative?
test
Connaissez-vous des compagnies qui font justement ce genre de transformation de fourgonnette à vehicule récréatif?