Entre l’époustouflant et le désolant.
Michelle et moi venons tout juste de rentrer d’un périple d’une dizaine de jours autour de la péninsule gaspésienne. Partis de Longueuil, notre première escale fut à St-Pascal de Kamouraska, un village que je ne connaissais pas, mais qui nous a beaucoup plu par son calme, la beauté de ses résidences bien entretenues et l’accueil des habitants.
La raison de cet arrêt était fort simple. Chaque année, la compagnie Safari Condo organise pour ses clients un rassemblement qui permet de réunir en un même endroit plusieurs centaines de « condistes ».
Sur les lieux du rendez-vous, tout le monde était en mode camping autonome. Hormis les cellules photovoltaïques des panneaux solaires, la seule source d’énergie disponible provenait des sourires chaleureux des caravaniers présents.
Petit détail cocasse, notre voyage devait se faire à deux équipages. Une sœur de Michelle et son conjoint, pourtant inscrits depuis des mois à l’événement, durent revoir leur plan pour une raison imprévisible au moment de l’inscription. La veille de notre départ, ils avaient finalisé la vente de leur Safari Condo et pris livraison de leur nouvelle autocaravane, une Montecarlo FB-21. Leur nouveau véhicule les privait donc du droit de partager le terrain commun. Qu’à cela ne tienne, il leur fut facile de trouver une place au Camping de la batture SEBKA à Saint-André situé à quelques kilomètres du rassemblement. Ils purent ainsi nous rejoindre et faire leurs adieux aux membres de la communauté qu’ils venaient de quitter.
Durant ce weekend, il est une activité que nous avons découverte, un spectacle de cirque dont la magie est absolument féérique. Entre les villages de Saint-Germain et Saint-André, un groupe d’artistes de la voltige a conçu un spectacle exceptionnel, intitulé Naval et joué à la brunante.
Après avoir stationné son véhicule, on s’engage dans un sentier ou un éclairage feutré supporté par une musique qui nous plongent dans une ambiance du « troisième type ». Mi-fantômes, mi-réels, des personnages silencieux surgissent de la noirceur qui s’installe, certains en contrebas du sentier, d’autres suspendus sur un filet au-dessus de nos têtes, nous en perdons tous nos repères se demandant ce qui nous attend au détour.
Sur les lieux du spectacle, faisant face à la falaise de granit, des conteneurs éventrés sur une face et empilés les uns sur les autres attendent les spectateurs. De haut en bas des conteneurs, des moustiquaires, déployées pour nous protéger des attaques des bestioles armées de dards, rendent la vision un peu floue, comme par temps de brouillard, ce qui rehausse d’un cran le caractère bizarre des lieux.
Inspiré de légendes régionales, le scénario raconte l’histoire d’un capitaine dont le bateau nommé Naval a péri dans le fleuve. Échoué sur la berge, le naufragé est rescapé par des locaux qui mettent en commun toute leur imagination et leur ingéniosité pour lui construire un nouvel esquif, utilisant souvent des morceaux de bois et de métal échoués sur la grève.
Et ça marche ! Impossible de ne pas se laisser prendre à la magie et de ne pas embarquer avec ravissement dans l’histoire qui nous est proposée. Comme un feu de camp où, le soir venu, se racontent des histoires étranges, l’environnement et le paysage deviennent eux aussi presque un personnage en soi contribuant ainsi à notre immersion dans le conte. Qu’on se le dise, il se fait de très belles choses dans les régions. Le génie et la créativité ne sont plus réservés aux seuls grands centres.
Après avoir continué vers l’Est, nous fîmes un arrêt pour une nuit au Walmart de Rimouski. Plus d’une quarantaine de caravaniers semblaient avoir eu la même idée que nous. Malheureusement, comme d’habitude, certains d’entre eux semblaient encore incapables de saisir ce qui différencie un camping et d’un stationnement commercial hospitalier. Des caravanes à sellette et traditionnelles laissées seules sur le stationnement pendant que le propriétaire et les siens étaient partis avec le tracteur pour visiter les environs. Rallonges et auvents ouverts, des caravaniers confortablement installés sur des chaises pliantes festoyaient avec leur voisin, barbecues allumés, décidément il y en a qui auraient grandement besoin de leçons de civilité. Pour nous, ce fut notre seul arrêt de la sorte, toutes les autres nuits furent passées dans des campings officiels.
Curieusement, même si nous étions deux équipages voyageant sans réservations, nous avons toujours trouvé un camping prêt à nous accueillir. Pourtant nous étions durant la première semaine des vacances de la construction, un temps fort pour la Gaspésie. Même à Percé, au Camping de la Côte surprise, la préposée nous dénicha deux emplacements côte à côte pour deux jours. Ce fut le troisième camping où nous pûmes nous stationner de la sorte après nous être présentés à l’improviste. Moi qui étais persuadé qu’il serait déjà difficile de trouver un emplacement vacant sur le pourtour gaspésien, imaginez mon étonnement en apprenant que nous pouvions en obtenir deux emplacements voisins. Pourtant, dans la région de Percé, les campings ne peuvent jouer la carte d’une concurrence déloyale de la part de Walmart, il n’y en a pas dans ce coin de pays.
Voyage tranquille et sans encombre s’il en fut un, notre tournée gaspésienne s’est déroulée sous le soleil. Tout au plus deux ou trois ralentissements d’à peine quelques centaines de mètres occasionnés par la réfection de la route, incidents sans importance s’il s’en faut.
Beau roadtrip ça!
WALMART : IL EST TEMPS D’AGIR
L’augmentation constante des ventes de VR versus le constat que tu as fait au cours de ton voyage éclair en Gaspésie, d’une étonnante disponibilité de sites de camping au coeur de la saison de pointe des vacances de la construction, illustre un dangereux paradoxe qui risque de pénaliser les « respectueux » amateurs de boondocking.
La multiplication des écarts de conduites chez certains caravaniers n’ayant pas compris qu’un terrain de stationnement d’un Walmart est une halte de courtoisie et non un camping risque d’être préjudiciable à court terme aux caravaniers qui en font bon usage. J’appréhende que la réaction de la grande bannière soit prochainement draconienne comme c’est le cas dans plusieurs grandes agglomérations en Amérique du Nord.
Je pense que Walmart devrait obliger les caravaniers de passage à s’enregistrer au service à la clientèle. Déjà, plusieurs entrent dans le magasin pour y faire des achats. L’obligation de remplir une fiche d’autorisation permettrait la remise des consignes (et non des règlements) que plusieurs ignorent. Il y serait précisé que la durée du séjour ne doit pas excéder 24 heures. On comprendra que si le magasin est fermé, il n’y aura pas cette obligation avant le lendemain si on désire prolonger de quelques heures son séjour en transit.
Cette seule initiative aurait certainement pour effet d’atténuer une bonne partie des débordements. Je ne crois pas que cela alourdirait le fardeau des employés tant au service à la clientèle parfois peu achalandé, qu’à la surveillance en extérieur lors d’une inspection ponctuelle des vignettes remises chez ceux qui ramassent déjà les paniers que plusieurs n’ont pas la courtoisie de ramener dans les enclos prévus à cette fin.
Je sais que j’ouvre une boîte de pandore en abordant ce sujet, mais une forte réaction de caravaniers s’étant désolés récemment sur la page Facebook de mon blogue d’un outrageant comportement d’un ontarien au Walmart de St-Romuald, m’encourage à « persister et signer ». (https://www.facebook.com/carnetsderogerlaroche/ )
Tout le monde est d’accord qu’il faut inculquer plus de « savoir vivre » aux délinquants. Voilà pourquoi il faut continuer à marteler le message que le « boondocking » a sa pertinence, mais qu’il y a des limites à en abuser sinon nous y perdront tous au change.
Je seconde Roger, n’y aurait-il pas une possibilité que la fédération communique avec les Walmart pour offrir de l’aide afin de créer ce genre de document qui servirait a responsabiliser certains caravaniers qui se foutent complètement du respect d’autrui.
Justement nous partons dans cette direction ce lundi et sommes content d’apprendre qu’il n’y a pas bousculade à l’entrée. Cela fait maintenant plus de 30 ans que nous n’y sommes allés, alors on s’en reparlera…
J’y suis retourné aussi à la mi-juin, aucune réservation de faite et aucun problème d’achalandage aux différents campings et ni aux WallMart…
Nous faisions du vélo au Parc National du Bic la semaine dernière, en plein coeur des vacances de la construction et nous avons circulé sur les 3 campings du parc, rivière du sud-ouest, ferme Rioux et le nouveau, Tombolo. Il y avait plusieurs sites libres sur chacun d’eux.
Nous sommes ds un camping à Wells ici aussi il y a beaucoup de sites libres, contrairement
aux années précédentes, aussi nous avons remarqués une baisse d’achalandage a Ogunquit même un samedi soir. Je ne comprend pas…
En réponse à Roger, votre réflexion est honorable mais me semble trop optimiste. Le problème est que l’on croit que les Walmarts auront un intérêt COMMERCIAL à trouver une solution pour régulariser ces comportements douteux de certains caravaniers alors que l’apport économique des tous les caravaniers qui font du boondocking ne représente surement qu’une fraction d’un dixième de pourcentage des toutes leurs ventes. Vous croyez que vous allez régulariser le comportement délinquant avec une politique sur papier alors que des milliers de ces même gens continuent d’utiliser leur téléphones en conduisant même si la loi est claire,roulent à 10-20km/h au dessus de la limite,même dans les zones de construction même si les panneaux oranges sont plus que visibles,continuent à laisser leurs déchets un peu partout à n’en juger le nombre de canettes et pots en styromousse pour vers de terre là où les pêcheurs se rassemblent. Pour faire une comparaison, un caravanier qui dort une nuit pour un Wallmart, c’est comme si vous échappiez une pièce de 1 cent dans la rue et que votre enfant vous disait « Papa, t’as échapper un sous à l’autre coin de rue ». Allez vous rebrousser chemin? Vous allez faire le pour et le contre de l’effort pour la rendement que cela procure, et non, vous n’irez pas le récupérer.