Enfin partis
Comme il fallait s’y attendre, il nous fut impossible de prendre le départ tôt en matinée. Le temps de fixer deux ou trois supports à serviettes pour vraiment donner à notre nouvelle maison la couleur Mimi, de trouver un revendeur de propane pour emplir la bonbonne et l’avant-midi était derrière nous. Un MacDo avalé en vitesse (est-ce possible de faire autrement avec ce genre de nourriture ?) et nous présentions à la frontière de Lacolle à 14 h. Chose rarissime, l’agent des services douaniers états-uniens était de fort belle humeur. Je lui présente nos passeports et après leur avoir jeté un bref coup d’oeil, il nous dit « You’re Paul and Michelle ». Voilà bien la première fois qu’un agent nous appelait par nos prénoms.
Pendant qu’il nous demandait où nous allions et pourquoi, un de ses collègues reluquait notre Sprinter. Après une ou deux minutes, n’y tenant plus, il annonce à l’agent qui nous questionnait, toujours assis sur son tabouret dans la guérite, qu’il allait pénétrer à l’intérieur. La façon dont il regardait notre véhicule en disait long sur ses intentions réelles. Il était clair que son objectif n’avait rien à voir avec les mesures de sécurité, mais tenait beaucoup plus de la curiosité.
Il ouvre l’immense porte latérale et pénètre dans notre domicile. Accueillant, je lui dis « Welcome aboard! ». Pas un mot de sa part. Du regard il fait le tour des lieux, sans même ouvrir une seule porte d’armoire ou un seul coffre. Ceci fait, il desserre les dents pour nous dire que notre VR possède un excellent dégagement pour la tête avant de tourner les talons et de quitter. Ne voulant pas gâcher son plaisir et lui donner l’idée de sortir ses gants de latex, je me mordis les lèvres pour ne pas lui souligner que ce véhicule n’était pas vendu dans son pays, mais uniquement dans le mien, gna gna!
Jamais traversée de la frontière ne nous fut plus facile et agréable. Aucune file d’attente et après cinq minutes, nous reprenions notre chemin. L’autoroute conduisant à Albany était, elle aussi, quasi-déserte. Mis à part quelques bourrasques d’un vent de bâbord trois de quarts avant, c’eût été le calme plat.
À l’occasion, quelques rafales un peu plus intenses que les autres secouaient le Sprinter. Rien cependant pour s’énerver. On aurait pu s’attendre à pire à cause du rapport hauteur — largeur de ce type de VR. Merci au génie allemand à cet égard. Le profilé et surtout la grande qualité de la suspension du Sprinter jouaient un grand rôle pour en rendre le comportement routier aussi sécuritaire.
Rendus à Albany, après nous être arrêtés pour souper et faire un peu d’épicerie, nous avons obliqué vers l’Ouest afin de rejoindre la I-88 devant nous conduire à la I-81, en Pennsylvanie.
Une des choses que j’aime de l’État de New York, c’est de donner l’impression qu’il n’est pas habité. Il faut souvent quitter ses grands axes routiers pour découvrir le pittoresque de ses petites villes, cachées au creux d’un paysage ondulé rempli d’arbres magnifiques.
Rouler dans cet État, et surtout en début de soirée, a quelque chose de magique. À ce moment de la journée, le vent ayant épuisé sa rage, tout a l’air plus calme. On dirait que la nature veut bien se préparer à la nuit.
Après un peu plus d’une heure de ce trajet bucolique, la brunante se chargea de nous rappeler que nous avions beaucoup de fatigue accumulée des derniers jours. Les campings et les relais pour camionneurs se faisant rare, Michelle pris la dernière édition du répertoire The Next Exit pour dénicher un Wal-Mart dans les environs.
À Cobleskill, sortie 21 de la I-88, un Supercenter était annoncé. Curieusement, il nous fallut rouler sept ou huit kilomètres avant d’y arriver. Cela nous donna l’occasion de traverser le Village of Cobleskill, un de ces bijoux auxquels je faisais allusion plus haut.
Dans le stationnement immense de ce Wal-Mart, bordé de pelouse et de gros arbres, nous avons rapidement trouvé un emplacement à l’écart du va-et-vient des clients. Si ce n’était de l’asphalte sous les roues, il suffirait de quelques grammes d’imagination pour s’y croire campé dans un coin isolé et très tranquille, à proximité d’une forêt.
Évidemment, pas de signal wi-fi dans les environs. Qu’à cela ne tienne, m’étant engagé à publier un carnet chaque jour, il me faut passer au plan B. Au diable les coûts de transmission de données à l’étranger, je vais utiliser la fonction Bluetooth de mon iPhone pour relier mon ordinateur au cyber espace.
Bon, l’heure est venue pour le bonhomme d’aller dormir. À demain.
Je pense aussi qu’il y a des douaniers curieux et qui en profitent. Je ferais la même chose. Au sud de Magog (je ne sais pas le nom de cette douane), en mai, moi aussi j’ai eu droit à un douanier à l’air jovial (rare et donc remarquable) qui a voulu jeter un coup d’oeil dans mon Pruneau. Ce n’était sûrement pas parce qu’il a l’allure neuve et moderne du vôtre! Probablement même le contraire. Aucune remarque ne fut passée, il n’est pas monté et rien ne nous fut demandé.
J’espère que le rodage est fini (je pensais que ça n’existait plus cette période) parce que rouler sur les autoroutes à 50-60!
À demain!