En route vers le lac Supérieur
Lorsqu’on voyage en VR à la découverte des grandes merveilles naturelles de ce monde, il y a certains incontournables qu’il ne faut pas rater. Le lac Supérieur est de ceux-là.
Dans des conditions normales, nous en aurions fait le grand tour, soit un itinéraire à lui seul de plus de 2 300 kilomètres. Toutefois, la fermeture de la frontière américaine et l’ambiance sociale et politique extrêmement malsaine en cette période préélectorale nous ont forcés à ne considérer que la partie canadienne du plus grand lac d’eau douce du monde. Soit de Sault-Sainte-Marie à Thunder Bay. Ce qui représente quand même un aller-retour de plus de 4 000 km pour nous, en partance de Chicoutimi.
Gatineau — Sault-Sainte-Marie
Deux choix de routes s’imposent pour rejoindre le lac Supérieur à partir du Québec et c’est le même choix qu’ont les voyageurs qui s’engagent dans la traversée du Canada. J’avoue que nous avons hésité jusqu’au dernier moment à faire l’aller par le nord de l’Ontario, par la route 11, en passant par l’Abitibi-Témiscamingue puis en traversant les communautés francophones du Nord-Ontario, Hearst, Kapuskasing, jusqu’à Thunder Bay. Ce circuit, un peu plus long, a l’avantage de constituer une boucle et, conséquemment, d’être moins répétitif que l’aller-retour par la Transcanadienne (17). L’avantage de ce dernier trajet, plus au sud, consiste à nous permettre de nous rependre au retour dans certains endroits en cas de mauvais temps. Ce qui est effectivement arrivé à deux occasions.
Notre première étape, au départ de Chicoutimi, a été dans les Hautes-Laurentides puis, en quittant cette région, nous descendons vers Montebello et nous dirigeons vers Gatineau-Ottawa. Nous nous installerons, quelques km avant Ottawa, au Camping Cantley qui se trouve en retrait de la TC. Malgré la proximité de la capitale canadienne, aucun signal téléphonique n’arrive ici et le signal Internet du camping est d’une faiblesse totale. Malgré tout, ce grand camping est logé dans un environnement forestier absolument exceptionnel. Que des immenses pins et des feuillus, de grands étangs bordant un petit golf. Deux piscines. De superbes emplacements. Un très bel endroit dont nous profiterons très brièvement.
S’il avait fait beau, nous nous serions dirigés vers Gatineau pour une journée de vélo en ville avant de repartir. Mais comme les prévisions sont peu encourageantes, j’ai convaincu Joanne de clencher jusqu’à Sault-Sainte-Marie, une journée d’environ 850 km de route sur la TC Ouest (17). Debout à 5 h 45. En route à 6 H 30. Pas trop de trafic pour traverser Gatineau et Hull. Puis on s’enligne vers North Bay et Sudbury. Finalement, sauf un peu de brouillard et de bruine, la température n’est pas trop vilaine et nous maintenons une bonne vitesse, légèrement supérieure aux limites, même si la plus longue portion de la route est à voie simple. Cela nous permet d’arriver à North Bay sur l’heure du midi. Comme l’autoroute vers Sudbury contourne complètement North Bay, nous ne lunchons pas en ville, mais sur le bord de l’autoroute, sur un élargissement réservé aux charrues qui y tournent en hiver. Les surveillants de l’autoroute arrêtent nous donner leur bénédiction et enlever un grand plastique orange pris dans les essieux.

La route contourne également Sudbury puis nous arrivons tout près de Sault-Sainte-Marie où nous stoppons vers 17 h dans un petit camping vieillot le long de la rivière Sainte-Marie : Bell’s Point Campsite. Les gens y sont charmants, mais c’est un camping de pêcheurs et les emplacements sont souvent bordéliques. L’endroit est superbe, sur le bord de la rivière, sous une canopée de pins géants. Notre emplacement fait dur. Le raccordement à l’eau est si éloigné que je ne peux pas m’en servir. Pas de table de pique-nique. Cela ne nous empêche pas de bricoler un super souper et de bien relaxer avant d’aller visiter la ville demain, vendredi.
Sault-Sainte-Marie
Dès la sortie du camping Bell’s Point, on se rend compte qu’on ne peut être plus aux portes de Sault-Sainte-Marie. À quelques centaines de mètres de la sortie du camping, on croise la route 17 devenant le grand boulevard commercial de la ville qui compte quand même 75 000 habitants.

Nous la traversons donc jusqu’à la frontière américaine et au très long pont International qui relie les É.-U. et le Canada. Inutile de dire que les douanes sont très, très tranquilles. Un camion passe de temps en temps sur le pont, sans plus. Non loin se trouve le Canal historique national et son écluse qui, lors de son inauguration en 1895, fut considérée comme la plus moderne au monde avec sa technologie révolutionnaire et ses magnifiques bâtiments construits avec le grès rouge excavé du canal.

En franchissant la rampe de l’écluse, on se retrouve sur deux îles, dont Whitefish Island qui, pendant des millénaires, a constitué un site extrêmement important pour les Premières Nations Ojibwés de la région et ce, pour maintes raisons. D’abord pour sa situation stratégique à la sortie du lac Supérieur, sur les rapides de la rivière Sainte-Marie, à la jonction des lacs Huron et Michigan. Aussi pour l’incroyable abondance de la corégone, le poisson blanc, une ressource alimentaire et commerciale vitale. Expropriés sauvagement au début du 20e siècle, l’endroit a fait l’objet d’interminables négociations qui se sont soldées en 1997 par la rétrocession de l’île aux premiers occupants.

Aujourd’hui, Whitefish Island compte 3 km de sentiers pédestres dans un environnement naturel absolument éblouissant. La faune ailée y est d’une abondance et d’une diversité renversantes, qui s’explique sans doute par la surabondance de petits fruits. Les canards, les castors ainsi que les tortues occupent les milieux humides. Et les pêcheurs à la mouche taquinent la truite sous la structure du grand pont. J’y aurais bien passé la journée à photographier les parulines, faucons, martins-pêcheurs et autres.
Le centre-ville de Sault-Sainte-Marie était plutôt désertique lorsque nous l’avons traversé en direction du musée consacré principalement à une fascinante collection d’hydravions : Canadian Bushplane Heritage Centre. Je l’ai visité avec grand intérêt pour me rendre compte lors de la présentation d’un film que j’y suis déjà allé il y a longtemps. Lors de ma première visite en Ontario, j’étais parti de North Bay en hydravion pour m’y rendre. Un vieux souvenir qui est remonté en surface à ce moment…

La promenade urbaine au bord de la rivière est très agréable alors qu’on y rend hommage à la plus célèbre citoyenne de la ville, l’astronaute Roberta Bondar. On visite aussi la plus ancienne résidence du nord Ontario : Ermitage-Clergue National Historic Site.
Au prochain blogue, nous aborderons le lac Supérieur comme tel.
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