Écolo le caravanier?
La semaine dernière, parlant du salon de Louisville je mettais en relief certaines différences entre les véhicules récréatifs construits aux États-Unis et ceux fabriqués en Europe. Plusieurs commentaires intéressants ont alors été formulés, tant sur ce blogue que dans mes courriels.
Certains, provenant de personnes ayant eu, comme moi, la chance de voir de près des machines d’outre-Atlantique, signalaient la qualité générale de construction les caractérisant. D’autres insistaient davantage sur la consommation jugée excessive de nos VR d’Amérique et souhaitaient presque que le prix du pétrole continue à grimper pour forcer l’industrie à se redéfinir. Il est vrai que le choc pétrolier subi il y a quelques années avait suscité des réactions, pas tant chez les fabricants que dans l’esprit de certains caravaniers étatsuniens. Cela en avait d’ailleurs conduit à bazarder leur gros monstre à prix ridiculement bas. Sous le coup de l’émotion et dans la crainte que leur VR coûte peut être 1 000 $ de plus à opérer par année, certains avaient perdu des dizaines de milliers de dollars en se débarrassant de leur autocaravane. Mauvais calcul !
Même si nos véhicules récréatifs sont plus gourmands et, par conséquent, plus polluants que les VR européens, cela ne fait pas pour autant d’un caravanier un mauvais citoyen, du moins écologiquement parlant. Vivre dans une habitation traditionnelle, à la ville ou à la campagne, signifie aussi laisser une empreinte négative sur l’environnement.
L’auto, ou même les transports en commun, dont on se sert pour aller travailler ou faire les courses, la maison qu’il faut chauffer ou climatiser, l’eau que l’on consomme souvent avec excès et que des usines doivent traiter en amont et en aval, tout cela a un prix écologique. Ces quelques exemples ne sont qu’une partie du problème environnemental.
Aussi, je suis persuadé qu’avant de jeter la pierre trop rapidement sur le caravanier à cause de la consommation importante de son VR, il vaut la peine de détailler un peu plus sa situation réelle. Oui, il brûle plus de pétrole dans ses pérégrinations, mais il faut reconnaître qu’il se sert moins souvent de son mastodonte que l’automobiliste. Ainsi, celui qui passe l’hiver en Floride franchit environ six mille kilomètres pour la durée de son voyage. Rendu à destination, il devient souvent sédentaire jusqu’au printemps et, souvent, utilise un vélo pour faire les courses.
Revenu au Québec, il ajoutera durant la belle saison deux ou trois mille kilomètres de plus au compteur et préférera souvent louer un emplacement de saisonnier dans un camping. Voilà pour l’aspect négatif au plan écologique.
En contrepartie, il adoptera souvent des comportements plus conscients de ses dépenses énergétiques. Celui qui a voyagé en VR sait que les réservoirs d’eau potable ou sceptiques obligent à utiliser l’eau avec parcimonie. Disposant de ressources très limitées, le caravanier responsable choisira, après s’être mouillé, de fermer le robinet de la douche pendant qu’il se savonne, pour l’ouvrir à nouveau au rinçage. Même chose lorsqu’il se brossera les dents. Plutôt que de laisser comme à la maison le robinet couler sans arrêt et gaspiller plusieurs litres d’eau, il donnera chaque fois un très léger répit aux usines de traitement des eaux.
On pourrait sans doute observer le même comportement en matière de déchets domestiques. Vivre dans un VR appelle à une rationalisation de tous les gestes. Cette attitude s’impose naturellement, particulièrement à cause de la petitesse des lieux habités.
Il existe une multitude d’autres exemples soutenant l’hypothèse du caravanier responsable. Même la pelouse à tondre est moindre sur un emplacement de camping qu’autour d’un bungalow. Quant à la piscine, plutôt que chaque demeure en possède une, comme dans plusieurs quartiers résidentiels, celle que l’on trouve sur un camping sert à de multiples usagers. Je suis certain que plein d’autres exemples vous viennent à l’esprit.
Dans toutes mes lectures, jamais je n’ai pu mettre la main sur une étude, une seule, comparant, au plan environnemental, le citoyen nomade au citoyen traditionnel. Je suis persuadé qu’une telle étude aiderait à nuancer certains préjugés malheureusement trop répandus.
J’en viens à souhaiter qu’un étudiant en environnement à court d’idées pour sa thèse de maîtrise ou de doctorat lise ce blogue et s’en inspire. Quel beau cadeau ce serait pour tous les caravaniers, en ce temps des Fêtes !
La semaine prochaine, à la demande de plusieurs, je reviendrai sur les VR européens et vous verrez que l’économie de carburant n’est vraiment pas la seule variable influençant leur gabarit.
Bonsoir, je viens de lire le billet de votre blog et je dois dire que je n’avais jamais pensé à tous ces aspects. De mon côté je suis nouveau dans le monde du camping, je possède une petite roulotte de 16 pieds, mais c’est tout un plaisir et c’est vrai qu’on apprend rapidement à se rationner.
Pascal
Quand je vais aux États-Unis, je n’ai vraiment pas l’impression d’être écolo. On rationalise peut-être l’eau mais tout va à la poubelle, les bouteilles de bière, les bouteilles de vin, les cannes de conserve, etc. Oh, il y a bien quelques centres de tri mais quand on est sur la route et qu’on ne sait pas où ils sont, on abandonne vite le transport d’un méga sac rempli d’items à recycler.
Aussi, très peu de gens utilisent leur vélo pour faire toutes leurs commissions. La plupart auront leur pick-up de roulottes ou de fifth wheel ou bien leur youyou.
En Amérique, ce n’est pas juste une question d’essence. On est habitué d’avoir de l’espace. De l’espace dans nos maisons, autour de la maison alors c’est la même chose dans nos VR. On veut être à l’aise, surtout si on y vit plusieurs mois par année.