Direction : Yukon
Après les Rocheuses, nous devions nous rendre à Edmonton. Mais quand on a réalisé qu’il faudrait se taper plus de 700 kilomètres pour aller visiter un gros centre commercial, fût-il le plus grand du monde, nous y avons vite renoncé. D’autant que nous sommes toujours dans la phase nature de notre bipolarité. Les grandes villes, ça attendra bien encore un peu.
Nous avons plutôt emprunté la route menant au Yukon. Pas en très bon état, soit dit en passant. Les Albertains sont assurément plus riches que les Québécois, mais ils sont aussi radins à l’égard de l’asphalte que de Radio-Canada.
Après Grande Cache, le paysage commence à se gâcher à mesure que les montagnes perdent de l’altitude, que les coupes à blanc défigurent la forêt et qu’apparaissent des forages de gaz ou de pétrole.
Nous nous sommes arrêtés deux jours à Grande Prairie, le temps de faire des provisions avant de se diriger vers le Yukon, où les denrées seront plus rares et plus chères. Bon choix, car cette ville de 55 000 habitants, en pleine expansion, offre bien des commodités. Nous y avons trouvé notamment un super supermarché, de même qu’une boutique d’aliments naturels, où les granos que nous sommes se sont régalés.
Autant nous nous étions trouvés en harmonie avec la vallée de l’Okanagan, autant nous nous sommes sentis étrangers dans le nord de l’Alberta. Là, c’est le royaume de la grosse camionnette, souvent noire ou grise et presque toujours sale. Sur la route, des hommes barbus ou moustachus et toujours velus, la casquette boulonnée sur la tête, vous doublent férocement en faisant vrombir les puissants moteurs de leurs 4×4. J’ai l’impression que La cage aux sports ferait de bonnes affaires ici. Mais il est vrai que la région dispose déjà de Fatburger.
À Dawson City commence la vraie route de l’Alaska. Nous sommes d’ailleurs allés faire des photos au kilomètre zéro. On s’est aussi arrêtés prendre un espresso dans un café. Il était trop allongé de sorte qu’il a fallu y ajouter crème et sucre pour qu’il soit buvable. Lise voulait en profiter pour se faire couper les cheveux, mais quand elle a vu la coiffeuse, au look très Walmart, elle a rebroussé chemin. Bref, on ne s’est pas attardés, d’autant que la ville est d’une laideur toute nordique.
Fort St. John et Fort Nelson, que nous avons traversés très vite, ne nous ont pas paru plus attrayants. Heureusement que les jours sont de plus en plus longs.
Le carnet du caravanier
J’ai souligné déjà que peu de gens parlaient français en Colombie-Britannique. C’est vrai aussi en Alberta. Il arrive parfois que l’on s’adresse à nous en français dans une boutique ou dans un parc. Mais c’est le fait d’un Québécois ou d’un ex-Québécois. Les anglophones les plus francophiles y vont d’un «bonjour, merci». C’est généralement tout ce qu’on peut tirer d’eux.
Il a fallu attendre plus de deux mois pour rencontrer une Canadienne anglaise capable de s’adresser à nous en français dans un centre d’information touristique. La jeune femme avait fait une immersion à l’époque où elle étudiait sur l’île de Vancouver. Mais à Dawson Creek, de son propre aveu, elle n’a personne à qui causer dans notre langue, à part les touristes de passage.
Cela dit, nous n’avons pas décelé la moindre hostilité à l’égard des Québécois. Au contraire, tous semblent ravis de voir qu’on a fait un si long voyage pour venir jusque chez eux. Et quand on leur dit qu’on aime leur coin de pays, ils nous embrasseraient.
Par ailleurs, tous les panneaux d’interprétation, très nombreux dans les parcs, sont rédigés dans les deux langues officielles du pays. Les informations qu’on peut y lire sont généralement aussi précises qu’intéressantes, et la traduction française est excellente. On peut aussi obtenir des brochures en français dans les centres d’information.
Bye-bye Seinfeld
Nous avons terminé cette semaine les neuf années de Seinfeld. On raconte souvent que Jerry Seinfeld a tourné le dos à plus de cent millions de dollars en refusant de réaliser la dixième année. C’est une grosse somme assurément. Mais il faut lui savoir gré de ne pas s’être montré avide. Son sitcom avait connu ses meilleures années.
Les deux dernières saisons en particulier, malgré de bons moments, étiraient un peu trop la sauce. Les ressorts comiques ressemblaient à un vieux matelas. George, toujours aussi con, continuait à se mettre en colère pour des futilités, Jerry trouvait de nouvelles façons de rompre avec son amoureuse du moment, Elaine n’arrivait toujours pas à rencontrer l’âme sœur et Kramer, plus fou que jamais, ne démordait pas de ses lubies.
Cela dit, un épisode même moyen de Seinfeld reste supérieur à bien des séries. Pour ce qui est des premières années, elles sont géniales. Jerry Seinfeld et Larry David ont réussi le pari de faire rire en bâtissant une comédie de situation où il n’était «question de rien» et qui mettait en vedette des personnages égocentriques, immatures et amoraux.
Depuis des semaines, Lise et moi, nous nous endormions du sommeil du juste après avoir regardé un, deux, voire trois épisodes de cette télésérie. Les personnages de Seinfeld nous ont fait beaucoup rire. Ils vont nous manquer.
Lise vous fait ses amitiés. À samedi prochain, au Yukon.
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