Destination camping et kayak
Cap-aux-Meules / Belle-Anse
Sur le versant Nord de l’île de Cap-aux-Meules se trouve la quintessence des falaises de grès rouge avec les parois de La Belle-Anse. Un long rivage escarpé aux formes incroyables et audacieuses qui s’enflamme littéralement sous le soleil couchant. Année après année, le paysage y évolue sans cesse, créant des œuvres fabuleuses, mais rognant irrévocablement sur la côte qui rétrécit presque à vue d’œil. Les kayakistes sont sans nul doute ceux et celles qui sont le mieux en mesure d’en apprécier la majesté, même si les marcheurs peuvent accéder à plusieurs points de vue spectaculaires. On met d’ailleurs facilement les kayaks à l’eau à partir d’un site aménagé au bout du chemin P.-Thorne, dans Fatima. De là, on accède à un environnement géologique et marin absolument unique, composé d’une succession soutenue de baies encaissées, de cavernes petites ou immenses dans lesquelles les vagues viennent exploser avec fracas, de tunnels dans lesquels on peut pénétrer, de colonnes de pierre qui se dressent en mer ou qui forment encore des arches rattachées à la côte. Sur ce terrain qui peut s’avérer mouvementé, Michel Larocque et Philippe Morrissette, deux kayakistes aguerris qui font de la courte et de la longue excursion avec Expédition Odyssée, s’amusent comme des poissons dans l’eau. En s’abandonnant au rythme de la vague, ils se jouent d’un rivage où chaque détour leur amène un défi sportif ou un plaisir exaltant. Le point le plus fort de cette surenchère de merveilles demeure sans doute le Cap-au-Trou, une immense intrusion de la mer à l’intérieur des terres. L’érosion y forme un véritable cratère intérieur et ce n’est que la présence d’une passerelle de pierre qui empêche, pour l’instant, cette ouverture de se transformer en une grande crique.
Ces formations rocheuses s’étendent sur plusieurs kilomètres, bien au-delà du chemin de la Belle-Anse et du Cap-du-Phare, presque jusqu’aux abords de l’anse de l’Étang-du-Nord.
Ile du Havre-Aubert
L’ile du Havre-Aubert ne manque pas d’endroits où réaliser de belles sorties en kayak de mer. La côte de l’Anse-à-la-Cabane y est éblouissante. On peut l’explorer sans problème à partir du quai de pêche entre autres. Le Bassin, où se trouve le Centre nautique de l’Istorlet, représente également un autre plan d’eau remarquable à explorer, d’autant plus qu’il est très souvent protégé des vents qui sévissent. Les gens de l’Istorlet, une colonie de vacances axée vers les activités nautiques, ont d’ailleurs été parmi les tout premiers à offrir des excursions en kayak de mer aux Iles, après l’époque glorieuse de la planche à voile, un sport qui est d’ailleurs loin d’être mort au Havre-Aubert. L’Istorlet réalise encore un nombre impressionnant de sorties en kayak avec des touristes et c’est à leur suite que nous nous sommes aventurés sur l’un des sites les plus extraordinaires des Iles, le Sandy Hook. Cette longue pointe de dunes et de plage constitue, du côté de la mer, le prolongement de la dune du Bassin et de la plage du Havre. Au total, on y longe près d’une quinzaine de kilomètres de plages fantastiques sur lesquelles on se retrouve le plus souvent dans la plus bienheureuse des solitudes.
Selon les vents et les conditions de mer, on peut y naviguer sur une rive ou l’autre, dans des eaux peu profondes, limpides et chaudes. On accède au versant du golfe en empruntant le Goulet qui permet de sortir de la baie intérieure du Bassin, ou l’on se rend au bout du chemin du Sable où, après avoir enjambé la dune, on atteint la plage sur laquelle se déroule chaque année le fameux concours de châteaux de sable des Iles. Pour naviguer à l’intérieur de la baie de Plaisance, on met à l’eau au quai situé à l’entrée de la Petite-Baie (Cap Gridley) ou à partir de la Pointe-à-Fox.

Il faut se réserver une journée chaude et calme, s’il s’en trouve, pour vivre cette expérience voluptueuse qui consiste à naviguer paisiblement sur des eaux dont la couleur rivalise avec l’émeraude des autres iles beaucoup plus au sud. Du sable blond à n’en plus finir. Du ciel bleu à s’en mettre plein l’horizon. Puis l’opportunité irrésistible d’accoster sur ce rivage paradisiaque pour monter la bâche ou pour s’étendre sous le soleil dans la plus jouissive des oisivetés.
Phénomène irréversible, le Sandy Hook s’allonge ostensiblement d’année en année. Il s’étire en recueillant le sable arraché par l’érosion aux côtes des Iles. Tant et si bien que le passage qu’empruntaient encore récemment les traversiers entre L’Île-d’Entrée et l’archipel est en train de se refermer, obligeant les bateaux de fort tonnage à contourner L’Île-d’Entrée. Cette dernière devrait donc être rattachée à l’archipel dans un avenir prévisible. Pour les kayakistes, cette situation rend L’Île-d’Entrée accessible en kayak à partir du Sandy Hook. Dans de bonnes conditions, on peut effectivement envisager de longer le Sandy Hook jusqu’à ses dernières émergences, au bout de la Pointe-du-Bout-du-Banc, puis de continuer à naviguer dans des eaux peu profondes jusqu’à l’ile voisine, avec, comme difficulté principale, la traversée du chenal de La Passe où l’on observe généralement de forts clapotis. Une fois aux abords de L’Île-d’Entrée, on entre dans un autre univers…
Île-d’Entrée

Petit univers clos, recroquevillé sur lui-même, l’ile d’Entrée apparait au loin comme une plaque rocheuse inclinée, surmontée de quelques buttes dont la plus haute élévation de l’ensemble de l’archipel : le Big Hill (177 mètres). Quelques maisons qui reflètent les rayons du soleil couchant puis quelques lumières qui scintillent dans la nuit nous rappellent qu’il s’agit de la seule ile habitée qui soit détachée de l’archipel. Une petite communauté anglophone d’environ 150 personnes, principalement d’origine écossaise, pêcheurs et agriculteurs, occupe ce rocher émergé de 4 km par 2½ km.
On ne peut considérer l’Île-Entrée comme une destination kayak populaire ou facile, mais, avec un peu d’organisation, les bons kayakistes arrivent à s’offrir cette perle incomparable qu’on découvre avec beaucoup d’émotion, tant de la terre que de la mer. La traversée peut s’effectuer en kayak de mer à partir du Sandy Hook ou des ententes peuvent être prises avec les bateliers de Cap-aux-Meules pour le transport des embarcations à l’aller ou au retour. Une fois sur place, il faut une météo au beau fixe et une mer paisible pour envisager le tour complet de l’ile. Ceux et celles qui profitent de ce privilège peuvent admirer mieux que quiconque les grands caps d’albâtre sur lesquels nichent de nombreuses colonies d’oiseaux marins, dont quelques Macareux, des Fous de Bassan, des sternes et plusieurs espèces plus communes. Le secteur se trouvant entre le Cap-Rouge et le Cap-Noir rappelle les falaises de Belle-Anse avec son enchainement de cavernes et de formations étonnantes dont une grande arche formée dans un rocher isolé sur la pointe du Cap-Rouge. Le spectacle d’une nature grouillante de vie y est parfois bouleversant tant il réunit d’éléments exceptionnels. D’autre part, les kayakistes qui veulent mieux comprendre la géomorphologie des Iles et l’impact de l’érosion sur l’expansion du Sandy Hook doivent absolument réaliser l’ascension du Big Hill du sommet duquel on a une vue imprenable sur l’ensemble de l’archipel par beau temps. On y voit même en transparence dans l’eau bleue la pointe de sable qui termine la barkhane du Sandy Hook et qui s’avance irrémédiablement vers L’Île-d’Entrée.
Havre-aux-Maisons

Pointe-Basse / Dune du sud / Lagune
On n’aurait pas assez de tous les beaux jours d’un été pour explorer à fond l’ile du Havre-aux-Maisons et son immense lagune dont chaque recoin nous réserve de merveilleuses surprises. En mettant à l’eau à partir de la Petite-Baie ou près de la Pointe-Nelson, de part et d’autre du pont, on accède rapidement à des environnements excessivement différents. Celui de la Petite-Baie nous offre tout le loisir de reluquer les superbes maisons et leurs couleurs criardes. L’entrée de la baie est fermée par la verdoyante ile Paquet sur laquelle sont installées une colonie de sternes et une autre de goélands. Bien visible de la route et voisin de l’ile Paquet, le rocher de l’ile Rouge est littéralement recouvert de cormorans et de Goélands à manteau noir qui, en juin, demeurent sur leurs nids ou tout près pour protéger leurs petits encore tout duveteux. On s’approchant délicatement, il est possible non seulement de respirer l’odeur acide des excréments qui recouvrent le rocher, mais, ce qui est infiniment plus agréable, de contempler les oisillons malhabiles des goélands qui pataugent au bord ou les jeunes cormorans déjà couverts de noir, mais qui trahissent leur âge en s’élançant des parois dans un vol extrêmement incertain.
La Dune-du-Nord se profile au large et invite à des dizaines de kilomètres de navigation au bord de la plage puisqu’elle se poursuit jusqu’au bout de l’archipel, vers Grosse-Île et Grande-Entrée.
Avec ce texte, nous quittons à regret l’archipel des Îles-de-la-Maleine après y avoir vécu nombre d’émotions fortes et de moments émouvants. On ne peut penser qu’à y revenir…