Des normes et des organisations
Dans le prochain numéro de Camping Caravaning, vous trouverez un article rapportant l’aventure de trois amateurs de camping s’étant donné le défi de se construire leur propre véhicule récréatif. Vous pourrez également lire dans l’éditorial quelques réflexions importantes dont devraient tenir compte tous ceux qui rêvent de se lancer dans un tel projet.
Cette semaine, un cas plutôt déconcertant a été porté à mon attention. Un caravanier qui ayant choisi d’aménager un véhicule classé lourd en véhicule récréatif a éprouvé certaines difficultés auprès de la SAAQ au moment de le faire reconnaitre comme véhicule récréatif.
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, la réticence de la SAAQ ne concernait pas le gabarit d’un tel camion de type poids lourd, mais plutôt sur le fait qu’une fois aménagé en VR, le véhicule ne répondait pas au concept d’habitation motorisée. Aussi curieux que cela puisse paraitre, la principale objection venait du fait que ce VR artisanal n’utilisait pas de propane pour le fonctionnement de plusieurs de ses accessoires : chauffage, réfrigérateur, chauffe-eau).
Pourtant lorsque l’on regarde comment les autorités gouvernementales — dont la SAAQ — définissent une habitation motorisée, on trouve cette simple phrase : véhicule automobile aménagé de façon permanente en logement et appartenant à un particulier qui l’utilise principalement à des fins personnelles. Rien d’autre !
Malgré cela dans un autre document intitulé Véhicule lourd transformé en habitation motorisée utilisée à des fins personnelles la société d’État apporte des précisions sur un certain nombre de normes : longueur autorisée, nombre maximal de personnes pouvant y prendre place, description des aménagements essentiels…
Plus loin, on décrit ainsi les composantes de base obligatoires que l’on doit y retrouver :
- Une cuisine comprenant cuisinière, réfrigérateur, comptoir, évier et table
- Un endroit pour dormir comprenant divan-lit ou lit
- Une salle de bain complète comprenant douche et toilette permanentes reliées à un réseau d’évacuation
- Un système d’alimentation électrique indépendant du moteur du véhicule
- Un système d’alimentation au gaz propane avec certification d’installation conforme
- Un réservoir d’eau potable
- Un réservoir pour les eaux usées
- Un chauffe-eau
- Un système de chauffage indépendant du système du moteur du véhicule
- Un minimum de 2 places assises avec ceinture de sécurité
- Un nombre de sièges avec ceinture de sécurité supérieur ou équivalent au nombre de places pour dormir (maximum de 9).
Il est dans cette liste au moins deux éléments qui m’apparaissent injustes pour l’artisan désirant se construire ou s’aménager le VR de ses rêves. Injustes par ce que ces exigences n’étant imposées qu’aux bricoleurs et non pas à l’industrie constituent une certaine forme de discrimination. Tout d’abord, exiger une alimentation au gaz propane est complètement ridicule. La SAAQ permet d’immatriculer un autocar Prevost qui ne comporte aucun équipement requérant du gaz propane puisque tout y fonctionne à l’électricité : chauffage, climatisation, chauffe-eau, réfrigérateur, congélateur, lave-vaisselle et appareils à lessive.
La défunte RoadTrek proposait un VR de classe B préférant l’électricité au propane comme source d’énergie. Au Québec, Safari Condo avait déjà eu dans son catalogue un modèle sans système au propane. Le chauffage utilisait l’essence venant du réservoir du véhicule, le chauffe-eau y était électrique et la cuisson des aliments se faisait sur un réchaud portatif relié à une petite bonbonne de butane sous pression.
Même anomalie lorsque la SAAQ fait obligation d’une salle de bain complète comprenant douche et toilette reliées à un réseau d’évacuation. Dans cette optique, fini pour les tentes-caravanes, plusieurs petites caravanes Alto, Prolite, Hélio et de plusieurs autres marques. Fini aussi pour plusieurs VR de classe B qui n’ont pas de douche intérieure ou dont la toilette est portative à cassette. Finalement, l’exigence d’un réservoir d’eau grise disqualifierait également les antiques Westfalia et la plupart de tentes caravanes.
Je sais que la SAAQ planche actuellement sur la révision de ces normes. À cet égard, le refus récent d’homologuer un véhicule artisanal pour cause d’absence d’un réseau de propane à bord n’est pas bon signe. Allons-nous assister à un durcissement, à une augmentation des normes imposées, seul l’avenir le dira ?
Cette semaine, j’ai cependant eu une discussion fort intéressante sur le sujet avec un professionnel de la SAAQ se penchant sur la question. Cela m’a permis de lui apprendre que les VR les plus avant-gardistes et plusieurs de haut de gamme délaissaient de plus en plus le propane pour lui préférer l’électricité comme source d’énergie.
Selon moi, la SAAQ devrait avoir comme souci unique ce qui touche à la sécurité des véhicules qui circulent sur nos routes et non pas la couleur des murs intérieurs ou le type d’appareils ou accessoires utilisés. Si un artisan est à l’aise de recourir à un pot de chambre pour évacuer son trop-plein, libre à lui, pourvu qu’il trouve un moyen de le fixer solidement au plancher et qu’il n’oublie pas de le vider avant de prendre la route. Quant à l’odeur, je serais tenté de paraphraser Boileau en disant des gouts et des odeurs, il ne faut pas discuter.
Par contre, je conviens aisément qu’une fois le véhicule aménagé, la SAAQ impose une vérification de conformité avant d’en permettre l’immatriculation. Les constructeurs de type industriel sont d’ailleurs soumis à cette exigence pour homologuer les différents modèles mis en marché.
Lorsqu’un système de propane est intégré au véhicule, peu importe le type de VR, qu’il soit de fabrication artisanale ou industrielle, il est impérieux qu’il respecte les normes habituelles de sécurité. Même chose en ce qui touche l’installation électrique ou la plomberie. Une explosion, un feu ou un réservoir d’eau, un tuyau qui éclate sous la pression pourrait avoir des répercussions mettant en péril la sécurité routière.
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