Des hommes et des normes
Nous vivons dans un univers encadré par des lois, des règlements, des procédures et des normes de toutes sortes. Que voulez-vous, c’est le prix à payer pour vivre en société ? Bien sûr, d’une certaine manière, il est toujours possible de voir ces contraintes comme une limite à notre liberté, mais, dans l’ensemble, ces balises constituent probablement le seul rempart efficace contre l’anarchie.
En contrepartie, ces limites, mises en application par une bureaucratie envahissante, deviennent souvent pesantes à supporter. Difficiles à changer, elles deviennent vétustes et peinent à s’adapter à la rapidité de l’évolution technologique.
Prenons comme exemple la norme qui impose aux constructeurs de véhicules récréatifs de placer les batteries dans un contenant fermé et ventilé. À l’origine, pour la justifier, le gouvernement s’était appuyé sur le fait que, lors de la recharge, une batterie traditionnelle (plomb-acide) produit des vapeurs pouvant causer une intoxication chez les humains. L’intention du législateur était donc justifiée par un souci de santé publique.
Or, depuis, l’évolution de la technologie a permis de développer de nouvelles batteries, plus performantes, mais surtout scellées. Batteries de type AGM, lithium-ion, lithium-fer-phosphate… la liste n’en finit plus de s’allonger. Exit donc les émanations d’acides pouvant nuire à la santé des occupants d’un véhicule récréatif.
Pourtant, l’obligation d’un contenant à batteries fermé et ventilé est toujours en vigueur et les constructeurs doivent encore s’y conformer, même si elle a perdu son utilité d’antan. La bureaucratie met toujours beaucoup de temps à s’adapter au changement.
Bien sûr, dans le cas d’une autocaravane de classe A au gabarit imposant, cette norme, même dépassée, constitue un enjeu négligeable. Après tout quel est l’impact négatif d’un petit bout de tuyau dont le diamètre fait environ cinq centimètres sur un véhicule de 12 mètres ? À l’opposé, pour les constructeurs de VR de classe B qui se cassent la tête pour utiliser le plus efficacement possible chaque centimètre cube disponible, cette norme signifie souvent percer un trou dans la carrosserie de leur véhicule afin d’insérer un tuyau de ventilation qui, même s’il est flexible, demeure encombrant. Même désuète, la règle est là et ils doivent s’y conformer.
Aux États-Unis, peu de nos compatriotes le savent, les terrains de camping sont eux aussi soumis à une foule de règles les concernant. Ces normes touchent à plusieurs aspects: aménagement, canalisations d’eau ou d’égout, disposition des bornes de services, largeur des voies de circulation, durée de séjour, types de véhicules admis… Ces balises sont regroupées sous la norme 1194 qui relève de l’autorité de la NFPA (National Fire Protection Association).
Pour ceux qui, comme moi, portent un intérêt particulier à tout ce qui entoure et régit le camping et le caravaning, la lecture de la norme 1194 s’avère fort instructive. Alors qu’il faut débourser plusieurs dizaines de dollars pour en obtenir une copie, voici un lien permettant de la consulter gratuitement. Il suffit simplement de s’inscrire pour y avoir accès.
Récemment, comme le rapportait le magazine RV Business, les propriétaires et opérateurs de terrains de camping, regroupés dans l’Association of RV Parks and Campgrounds (ARVC), ont présenté à la NFPA une liste des modifications qu’ils souhaiteraient à l’actuelle règlementation. Pour ceux que la chose intéresse, voici l’adresse où lire l’article résumant leurs demandes:
http://www.rvbusiness.com/2015/07/arvc-proposes-changes-in-national-standards/
Je suis certain que le sujet intéresse la majorité des propriétaires de vr !
Merci et bonne semaine à tous.
Je suis surpris de lire que vous affirmez qu’une norme est désuète du fait qu’il y a d’autres types de batteries. Je vous souligne qu’un propriétaire de VR peut très bien installer une batterie acide plomb lors du remplacement de la batterie d’origine. Il est bien connu dans le monde de la prévention des accidents qu’un moyen technique dès la conception d’un bien est efficace pour protéger les utilisateurs de leur propre erreur.
@ M. Chassé. D’accord avec vous.
Jean,
Lorsque j’ai dénoncé le caractère désuet de cette norme, je ne faisais que démontrer le manque de souplesse d’une règlementation qui peine à suivre la rapide évolution technologique. Certes, cette norme demeure toujours d’actualité et justifiée pour les véhicules comportant des batteries traditionnelles, mais pour un VR disposant de batteries évoluées comme le sont les LiFePO4, des batteries qui supportent 2 000 à 3 000 cycles recharge-décharge et dont la durée de vie est de près de 10 ans, une simple étiquette collée sur le compartiment batteries pourrait constituer une mise en garde suffisante de ne pas substituer ces batteries par d’autres moins évoluées.
D’ailleurs, considérant toute la recherche qui se fait sur les différentes façons d’accumuler de l’énergie électrique, il est normal de se demander si, dans dix ans, des batteries de type acide-plomb ne seront devenues surannées. Continuer à exiger la mise en place d’un tuyau d’évacuation des vapeurs pour des batteries qui n’en émettent pas pourrait se comparer à l’obligation qui serait faite aux constructeurs de voitures électriques d’installer un système d’échappement comme celui qui est la norme pour les voitures conventionnelles, même si leurs moteurs ne sont pas des moteurs à combustion.
Je persiste à dire que l’ouverture à de nouvelles réalités n’est pas vraiment la première qualité des normes.
Monsieur Laquerre,
La norme n’est pas désuète, car l’installation d’une étiquette n’empêchera pas un individu de remplacer une batterie au gel par une batterie acide plomb. Les normes sont régulièrement mises à jour et il est fréquent que les fabricants siègent sur les comités de révision des normes.
Les normes existent pour protéger le public et non les fabricants.