Des chiens et des hommes
Il m’arrive de penser que si l’Américain John Steinbeck écrivait aujourd’hui, 80 ans plus tard, son chef-d’œuvre « Des souris et des hommes », l’idée pourrait lui venir de changer le titre de son roman pour lui préférer celui de ce billet. Bien sûr, Lenny, le personnage principal, n’aurait plus sa place, mais Steinbeck pourrait sans doute le remplacer par Sir Rudy que j’ai rencontré la semaine dernière.
Mise en situation. À la fin des années soixante et durant la décennie qui a suivi, Michelle et moi possédions des chiens, généralement un, mais, à l’occasion deux. Nous habitions alors une maison de campagne et les enfants aimaient bien s’amuser avec ces bêtes. C’était l’époque, où les chiens étaient considérés comme de simples animaux et rarement leur arrivait-il de pénétrer à l’intérieur de notre domicile. En fait, ils menaient une vie de chien, ce qui par définition était leur condition.
Aujourd’hui, les choses ont évolué ou dégénéré selon la grille d’analyse et l’ordre de valeurs auxquels on se réfère. Les toutous modernes ont connu une ascension fulgurante dans l’échelle sociale.
Le concept même de la vie de chien s’est libéré toute sa couleur misérabiliste. Le chien ou la chienne — je ne voudrais surtout pas que l’on me taxe de discrimination sexuelle envers ces pauvres bêtes — peut fréquenter des restaurants et des hôtels qui lui sont dédiés, consulter son psychologue canin, accéder rapidement à son médecin vétérinaire, passer chez le coiffeur ou se faire faire les griffes.
Comble de la coquetterie, les plus choyés d’entre eux sont même conduits par leur maître chez le tailleur et le bijoutier. À cette démesure s’ajoute l’éventail impressionnant de nourriture traditionnelle ou bio offerte par les grandes chaînes d’épicerie. Décidément, pitou et minou sont en train de s’affranchir du monde animal. Il est d’ailleurs des moments où je me dis que plusieurs enfants doivent vraiment envier la vie des chiens modernes.
J’avais déjà écrit sur une affiche que j’avais vue sur le bord d’une autoroute dans le nord des États-Unis. L’objectif du message qu’elle portait était d’inciter les personnes à cesser de fumer. Plutôt que de dire que la fumée secondaire pouvait porter atteinte aux enfants de la maison, on pouvait simplement y lire — la traduction est de moi — « Cessez de fumer, car, lorsque vous fumez, votre animal de compagnie fume aussi ». Pauvre pitou !
Cette affiche m’avait profondément choquée parce qu’elle marquait une rupture avec des valeurs où la santé d’un enfant n’était pas un motif suffisant pour arrêter de fumer, qu’il devenait plus important d’invoquer les effets néfastes pour son chien pour convaincre les gens.
La semaine dernière, ce que j’ai vu sur un terrain de camping en Floride, m’a presque fait presque tomber de mon vélo et non pas de mon cheval comme un autre Paul beaucoup plus célèbre.
J’eus alors l’impression que je venais de pénétrer dans un autre monde où l’ordre des choses et la hiérarchie naturelle venaient brusquement de changer. Craignant que vous pensiez que j’exagérais, j’ai photographié deux affiches plantées en terre près d’une caravane à sellette dans un camping de la Floride.
Selon les propos qu’on peut y lire, il est clair que les chiens occupent maintenant le haut de la structure sociale et les humains s’en trouvent désormais relégués au rang de valets, de serviteurs mis à leur disposition. Pis encore, non seulement Jerry et Linda avaient-ils été déchus, mais ils semblaient plutôt fiers de leur nouvel état de soumission. L’espace d’un instant, j’ai pensé leur demander pour qui ils avaient voté le 4 novembre dernier, mais je me suis retenu, presque certain de connaitre la réponse.
Dans une situation comme celle là, il faut retenir la maxime : »La folie ne porte pas juste à tuer »
Et tu n’as pas parlé de celles qui les promenent dans des carosses et poussettes, les vraies priorités sont vraiment déplacées
j’espère que Linda et Jerry sont des humoristes…
Va falloir revoir nos idées, je viens de lire sur Facebook un chien qui a écrit une lettre a son maitre , on rit pus la
Jerry et Linda ont un bon sens de l’humour. Un chien a un maître mais un chat a des serviteurs, j’en ai un qui va vivre vieux, pas trop stressé!. Bien sûr il y en a qui exagèrent comme cette dame qui nous disais que son précieux pitou ne touchait jamais à terre – il était sur la table ou tout le monde mangeait…
Je constate également la « folie » de certaines personnes pour leur chien. Mais je me dis que ça compense pour l’autre extrême qui est un chien attaché seul dehors, après sa niche. Cette « vie de chien » comme vous dites est complètement à l’encontre de la nature du chien qui est un animal de meute. Ça en fait des chiens névrosés nerveux et surtout agressifs protégeant coûte que coûte leur 9′ carré. Une vie misérable….
J’ai toujours eu des chiens (Danois Boxer et Berger Allemand) et ceux-ci ont toujours vécu dans la maison. Ils avaient leur coussin de la bonne nourriture des bons soins et une cour clôturée. Mais je ne virais pas fous avec ça quand même, un chien c’est un chien et c’est tellement plaisant quand c’est « bien élevé ».
Un regret par contre c’est que j’aurais du mettre des « bottes » à mon Boxer lors de grandes marches en hiver. Il était fragile entre des « doigts » à cause du calcium. Vous voyez, cette fois-là j’aurais du le moumouner et je ne l’ai pas fait hahaha.
Comme nous tous je vois régulièrement des ti-toutous dans des carrosses ou autres et je me dit ben tant mieux pour le chien et pour ces maîtres si ceux-ci sont heureux comme ça.
Vous m’avez fait bien rire en ce dimanche matin!
Effectivement les chiens sont souvent traités comme des rois. Comme nous l’avons découvert en février 2016 à Gulport près de St-Peterburg Fl. lors d’une journée de Foire pour chiens. Ahurissant! 1 km de kiosques dédiés uniquement à la vie de chien ( et des cochons parfois). En fait, c’est toute une industrie qui exploite notre rapport affectif avec le meilleur ami de l’homme.
Vous me faite bien rire là, il est vrai que certains exagèrent beaucoup leurs priorités canines. Quoi que je n’ai rien contre le fait que des gens possèdent un chien, mais dans ce lot il y en a qui dépasse les bornes du savoir vivre et du respect. On l’entend surtout quant ceux-ci les laisse japper ou brailler d’ennuis à toute heure, on se demande alors pourquoi se sont-ils procurer un animal…?
Je vais en Floride bientôt et j’ai presque envie de me procurer un pitou en peluche, de le placer devant ma roulotte avec une pancarte sur laquelle je vais inscrire:
Hi folks ! Meet Trump ! My « fake » dog…
Vous m’avez fait bien rire moi aussi, je me reconnais un petit peut dans votre texte, nous avons une petite chienne depuis 13 ans elle est encore en santé on l’apporte avec nous dans tous nos déplacements sans problème elle est bien éduquée…
Ca fait peut être rire, mais moi ça me fait peur, c’est a ce demander ou le monde se dirige, avec tout ces changements et comportement. (le populiste, la droite, le racisme etc etc.)
La fumee secondaire est sans doute nocive pour les chiens comme pour les enfants mais si on veut tomber dans la demesure que peut-on dire des gros VR polluants au diezel et autre qui polluent l’air que l’on respire ? N’ y a -t-il pas la matiere a questionnement sur les valeurs de consommation qu’on s’obstine a emuler? Si on compare les dimensions des vr des annees 70 a ceux d’aujourd’hui on pourrait tout autant dire que les choses ont degenere. Mais on continue d’admirer le luxe d’un Prevost par exemple. Je me demande ou on s’en va… Quant a Rudy s’il est le leitmotive de ne pas fumer de ses maitres tant mieux pour eux.
Très bon article Paul. Lors de notre récent voyage à Kissimee nous avons fait une « overdose » de chiens.
On se demande s’ils étaient aux petits soins avec leur enfants comme ils le sont avec leur petits toutous!
Vélo et lecture sont ils toujours du voyage?
Bonne fin de voyage . Nos salutations à Michèle .