De St John’s jusqu’à la fin…
Le pourtour de Terre-Neuve est constitué de gigantesques péninsules de centaines de kilomètres de longueur, au creux desquelles se détachent d’autres péninsules immenses puis toute une dentelle de baies abritées et une constellation d’îles.
C’est ce qui rend les déplacements routiers complexes puisque, même si parfois les distances marines sont faibles, il faut toujours revenir au cœur de l’île pour aller d’une péninsule à l’autre. En passant, l’autre facteur qui rend hasardeux les déplacements routiers, outre le vent, c’est le pitoyable état des routes sur lesquelles la conduite se résume à tenter d’éviter une succession infinie de nids de poules et de nids d’autruches.
Bonavista
Parlant péninsules, celle de Bonavista est riche en découvertes, surtout quant à sa nature particulière, sa géologie et son histoire qui remonte au tout début de la pêche sur les Grands Bancs de Terre-Neuve par les Basques, les Portugais, les Français puis les Anglais, il y a 500 ans.

Nous avons d’abord été séduits par le petit hameau de Trinity East ou se trouve l’un des plus extraordinaires sentiers pédestres côtiers qui soient : Sherwink Trail, qui suit le fil escarpé des falaises vertigineuses dont se sont écartés des monolithes massifs. L’effet des vents sur la forêt est aussi impressionnant. Non loin, il y a également Elliston, avec son fameux observatoire de macareux, qui s’affiche comme la capitale mondiale des caveaux à légumes. Et il y en a effectivement partout dans le décor.

La ville de Bonavista elle-même est d’un grand intérêt à cause de son rôle stratégique dans l’histoire de la pêche à la morue. Un rôle hyper documenté dans le fascinant site historique Ryan Premises, une ancienne entreprise de pêcherie qui a préservé la plupart de ses bâtiments patrimoniaux et où parc Canada présente une exposition qui touche vraiment tous les aspects des pêches. À cela s’ajoute le parc provincial Dunjeon avec ses arches creusées par la mer et ses chevaux… Puis son phare et encore plusieurs opportunités de randonnée.
Au retour, les débris d’un iceberg qui venait de vêler à Melrose nous ont encore émerveillés (on ne s’en fatigue pas) puis nous avons achevé notre cueillette de thé du Labrador qui n’est constitué que de jeunes pousses et de fleurs… Un vrai « first flush » labradorien !

St John’s
La capitale de Terre-Neuve, de la grosseur de la ville de Saguenay, a ceci de fascinant qu’elle tient à la fois de la ville et du village. Elle abrite effectivement quelques hameaux qui comptent parmi les plus pittoresques de l’île, dont Battery et Quidi Vidi. Elle demeure un centre urbain très actif malgré la crise économique qui sévit ici.

Après 5 semaines à nous approvisionner dans les petites épiceries aux produits défraîchis et sur les quais, l’arrêt chez Sobbey’s nous a procuré une excitation rarement ressentie.
L’immense camping de Pippy Park se trouve en pleine ville, si bien que nous nous sommes rendus dans le centre-ville à pied pour notre première journée d’exploration.
St John’s s’étend sur le pourtour d’une vaste baie exceptionnellement bien protégée et dotée d’un seul accès étroit, le bien nommé « Narrow ». C’est au nord de ce goulot que le minuscule quartier de Battery s’accroche littéralement à la falaise avec ses ruelles serrées et ses escaliers.

De l’autre côté du cap, on rejoint Quidi Vidi (il y a une vingtaine d’explications quant au sens du nom) un irrésistible village sur une baie juste assez grande pour porter ce nom. On y trouve une magnifique galerie d’artisans et la microbrasserie Quidi Vidi dont j’ai sérieusement testé les produits. C’est elle qui brasse la bière Iceberg avec de l’eau de glacier. Dans une des plus anciennes résidences de la province, le restaurant du Mallard Cottage jouit d’une grande popularité. Nous y avons brunché avec appétit et bonheur.

St John’s est réputé pour ses maisons colorées qui donnent vraiment une signature singulière au paysage urbain. C’est aussi une ville de culture, avec son imposant musée The Rooms, de nombreuses galeries d’art et de la musique irlandaise qui résonne dans les très nombreux pubs et bars. On y trouve le restaurant le mieux coté au Canada, Raymond’s, et plusieurs autres excellentes tables.
À 12 km de la ville, Cape Spears est l’avancée terrestre la plus à l’est du continent nord-américain et un endroit spectaculaire ou la mer frappe violemment le roc du rivage. On y visite le plus ancien phare de l’île et on y est les premiers à voir le soleil se lever.

Le temps mauvais
Alors que tout le reste des Maritimes s’offre la canicule depuis plusieurs jours et que la chaleur sévit aussi au Québec, le mauvais temps, les vents épeurants, la pluie torrentielle et un mercure qui peine à s’élever au-dessus de 10 degrés nous forcent à improviser une nouvelle finale pour cette aventure qui s’achève.
Toute sortie en mer s’est avérée impossible ces derniers jours. Quoi faire, sinon attendre l’accalmie pour marcher un peu ? Comme nous l’avons fait depuis le départ, nous longeons la côte, cette fois de sud de la péninsule d’Avalon, en explorant chaque village.
Sur cette route aussi mauvaise et pourrie que les autres, nous nous avançons vers le traversier d’Argentia sur lequel nous montons bientôt pour une croisière de 16 heures en mer agitée. Le dernier cadeau nous est offert par un jeune, mais énorme orignal qui vient nous saluer au camping.
Croisière finale
Tout voyageur qui se rend à Terre-Neuve par la route doit forcément s’offrir une courte croisière en traversier entre le sud de l’île et la Nouvelle-Écosse. Marine Atlantic offre deux alternatives, soit une navigation plus courte (6 à 8 heures), entre North Sydney (Nouvelle-Écosse) et Port-aux-Basques, au sud-ouest de la province. Ou une traversée entre North Sydney et Argentia, au sud-est. Cette dernière s’étire sur 16 heures, dont une nuit durant laquelle il est possible de louer une cabine. Le choix s’impose selon la trajectoire projetée sur Terre-Neuve, Port-aux-Basques étant situé au sud du parc national du Gros-Morne alors qu’Argentia se trouve relativement près de St John’s et des principaux attraits. La traversée nocturne est plus dispendieuse, mais elle peut permettre de disposer d’une journée de plus et d’éviter un coucher sur la route.
Il faut souligner l’excellence et la grande efficacité du service de Marine Atlantic (marineatlantic.ca/fr) à l’embarquement, à l’accueil et durant la traversée. Les chambres sont d’une propreté irréprochable et les repas sont variés, délicieux et à prix raisonnable.
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