De Silicon Valley à Big Sur
La célèbre Silicon Valley est sans intérêt vue de l’autoroute. En traversant cette banlieue sans fin et sans charme, il est impossible de deviner que c’est là qu’est regroupée l’industrie des technologies de pointe. Nous ne nous y sommes pas arrêtés, trop pressés de quitter le tumulte de la ville. Mais il nous a fallu rouler longtemps, sur plus d’une centaine de kilomètres en fait, avant d’apercevoir un bout de campagne.
Aussi étions-nous très heureux de nous arrêter finalement à San Juan Bautista, où a été érigé le premier monastère des Franciscains en Californie, au XVIIIe siècle. Le lieu est agréable sans être remarquable.
Le village qui l’héberge est principalement hispanophone. J’imagine que le Mexique, où nous irons en janvier, lui ressemble un peu. J’ai d’ailleurs eu l’occasion d’y dire mes premiers mots en espagnol. «Vous parlez bien notre langue», m’a dit la propriétaire du restaurant où nous avons mangé. Je n’ai pas été dupe étant donné que j’avais dit seulement «buenos dias», «gracias» et «adios». Mais ça m’a fait quand même plaisir.
L’anecdote montre à quel point les attentes sont différentes quand on s’exprime dans une langue autre que l’anglais. Depuis plus d’un an, en effet, je parle la langue d’Obama tous les jours. C’est une langue que je ne maîtrise pas parfaitement, mais dans laquelle je me débrouille plutôt bien. Pourtant, seulement deux personnes m’en ont félicité. Les autres trouvent juste normal qu’on parle «english».
Nous sommes ensuite allés nous installer à Monterey. Lise tenait beaucoup à y voir le Monark Grove Sanctury. C’est la Floride des papillons, quelque 25 000 monarques y passant l’hiver. Ma compagne s’imaginait déjà se promener avec ravissement parmi des milliers d’entre eux. Au centre d’information, on nous avait d’ailleurs dit qu’on en avait recensé 6000 récemment. Mais pour tout dire, nous n’en avons vu que quelques-uns, sous un ciel grisâtre. En outre, le parc lui-même est tout petit ; en quelques minutes, on est arrivé au bout.
Pas de déception en revanche le lendemain en parcourant la 17 Mile Drive, qui en plus d’offrir des vues spectaculaires sur le Pacifique, permet de voir quelques jolies cabanes en Californie, dont le prix avoisine les 25 millions de dollars, US évidemment. J’ai tout de suite jeté un œil à nos économies. La Bourse va bien, mais on pourrait tout juste acheter un cabanon dans les environs. Et encore…
Nous avons ensuite mis le cap sur la mythique Big Sur, considérée comme une, voire comme la plus belle partie de la côte Ouest. Elle est splendide, c’est vrai. Mais soyons snobs un peu : moins que la côte Amalfitaine. Il y manque, à mon avis, ces beaux villages, tels Positano, Amalfi ou Ravello, qui conjuguent la beauté de la nature et le génie architectural. Cela dit, on trouvera à Big Sur une beauté plus sauvage, à laquelle beaucoup seront sensibles.
À noter trois belles découvertes en cours de route. Primo, le Nepenthe Restaurant, aménagé dans la maison dont le grand Orson Welles avait fait cadeau à la magnifique Rita Hayworth, sa nouvelle femme. Un arrêt que des amateurs de cinéma comme nous ne pouvaient manquer. La cuisine n’a rien d’exceptionnel, mais la vue est à couper le souffle. Secundo, la Elephant Seal Rookery, une plage où l’on peut voir les plus gros des phoques. On les appelle avec raison «éléphants de mer», les grands mâles, qui ont une trompe, pouvant atteindre près de cinq mètres de long. Tertio, le château du magnat de la presse, William Hearst, la concrétisation d’un projet complètement fou, digne d’un milliardaire américain aussi riche qu’extravagant. Plusieurs des grandes vedettes du cinéma de l’entre-deux guerres y ont défilé, dont Charlie Chaplin et Clark Gable.
Le carnet du caravanier
Ce n’est pas parce que je n’ai pas parlé de pépins depuis un certain temps qu’ils nous ont laissé la paix. Tenez, au moment où nous devions quitter notre camping à Monterey, j’aperçois un pneu arrière complètement dégonflé. J’ai pesté («Ah non! Pas encore!») mais je n’ai pas été surpris outre mesure. Depuis notre arrivée en Californie, en effet, nous allons de nid-de-poule en nid-de-poule. Pas étonnant que les gommes, comme aurait dit Jacques Villeneuve, en subissent les contrecoups.
Belle occasion de vérifier l’efficacité du service d’assistance routière de la FQCC. Un préposé répond rapidement, s’informe du problème et me rappelle quelques minutes plus tard. Non seulement a-t-il trouvé un garagiste, mais ce dernier a même en main un pneu Michelin.
L’homme arrive une heure plus tard. En plus d’être compétent, il est honnête. Le pneu dégonflé, en effet, n’est pas crevé, me rassure-t-il immédiatement. «Ça va vous coûter pas mal moins cher», dit-il, heureux pour moi. Je jubile itou puisqu’il m’aurait fallu débourser 260$US pour le remplacer. Le problème, c’était la valve, qui s’était dévissée. Un quart d’heure plus tard, nous pouvons reprendre la route. La réparation n’aura coûté que 22$, l’appel de service étant assumé par la FQCC. Son assistance d’assistance, manifestement, fonctionne bien.
Cela dit, on aimerait mieux ne pas avoir à s’en servir de nouveau.
Lise vous fait ses amitiés. On se revoit samedi prochain, dans le désert californien, au large de Los Angeles.
Vous allez au Mexique? Seuls?
Nous allons au Mexique, mais pas seuls. Nous nous joindrons à une caravane.
Vous voulez sans doute parler du « 17 Mile Drive », d’où on peut voir le « Lone Pine » célèbre. En effet, en vendant tout je pourrais peut-être m’y acheter une cabane d’oiseau 😉
Vous comparez la côte Amalfitaine avec le Big Sur. C’est vrai qu’il y a une certaine ressemblance au niveau des falaises qui dominent la mer et la route qui ne peut ainsi n’être que spectaculaire. Il n’y manque que les millénaires d’occupation européenne, ce qui, pour certains, est un plus. Les deux endroits valent certes le déplacement.
À Monterey, le magnifique aquarium aurait peut-être été plus attrayant que le parc de papillons.
Merci pour la précision concernant le 17 Mile Drive. C’est corrigé.