Côte-Nord
L’EAU DOUCE ET L’EAU DE MER
De l’avis général, la Côte-Nord est la région chouchou des voyageurs en général, dont les campeurs, cette année. Après la Gaspésie où tout le monde s’est « garoché » l’an dernier, souhaitons que la Côte-Nord soit abordée par les touristes avec un peu plus de connaissance du milieu, de compréhension et de respect. C’est ce pourquoi je vous propose une réflexion large, en 5 textes, sur la Côte-Nord, ses attraits, sa population et son esprit singulier.
Jusqu’à récemment, et encore aujourd’hui, la Côte-Nord a été une région difficile à nommer, à délimiter, à cerner géographiquement.
Pour les auteurs et les explorateurs des siècles passés, elle représente l’amorce des terres ingrates du Labrador, ce territoire immense, effrayant, indéfini et sauvage que les pêcheurs européens, principalement basques, ont fréquenté à partir du XVIe siècle. Ce sont ensuite les Amérindiens et les pêcheurs de diverses provenances (Acadie, Québec, Terre-Neuve, Îles-de-la-Madeleine ainsi que des nouveaux arrivants de dizaines de pays à-travers le monde) qui ont définitivement jeté l’ancre dans les baies et les anses de son long rivage. Ils sont demeurés coupés du monde jusqu’à ce que la route les rejoigne, ce qui reste encore à faire pour ce qui est de l’extrémité orientale de la région.
À l’ère moderne, à partir de 1930, l’exploitation des abondantes richesses de ces grands espaces, que l’on croyait stériles, a déclenché une expansion phénoménale. De nouveaux noms sont apparus sur la carte. Des villes modernes ont poussé. Certaines continuent sur leur lancée, alors que d’autres ont disparu avec les industries qui les avaient fait naître. Les secteurs des mines, de l’exploitation forestière, de la production hydroélectrique et du tourisme sont devenus des pôles économiques vitaux, alors que le fondement même de la colonisation de la côte, la pêche, s’est effondrée dans bien des zones.
Sur un versant, ça sent la mer. Ça goûte la mer. De l’autre, on entend les grandes rivières tumultueuses qui tonnent sur le rocher. On devine la forêt au loin alors qu’on traverse de vastes marais où pousse la chicoutai. C’est la Côte-Nord !
On dit parfois que l’été y passe en coup de vent et ne s’y attarde que quelques jours. On y sait la mer glacée et le brouillard insistant. Mais pourquoi aime-t-on autant la Côte-Nord ? Pourquoi ceux et celles qui la connaissent lui vouent-ils une telle dévotion ? Pourquoi le seul sentiment qu’elle m’inspire est-il la passion ? Peut-être à cause de la démesure de cette région avec ses 1 250 km de rivage et un territoire aussi fabuleux qu’immense s’étendant jusqu’au cœur du Québec : Schefferville, Fermont, la Manic.

Un paradis de plein air
Toute la Côte-Nord n’est qu’une longue, très longue, plage de sable fin. Certes, les eaux de l’estuaire et du golfe du Saint-Laurent sont glaciales, mais certains pourront quand même s’y tremper avec courage et d’autres repérer quelques secteurs où les eaux moins profondes ont le temps de se réchauffer.
On remarque également, sur la Côte-Nord, certains des parcs nationaux ou régionaux les plus intéressants du Québec avec, entre autres, le Parc marin du Saguenay – Saint-Laurent. Le Parc Saguenay, de juridiction québécoise, occupe la portion terrestre de l’embouchure du Saguenay et déborde sur le fjord. En aval, le Parc régional de Pointe-aux-Outardes et le Parc régional de l’Archipel-des-Sept-Îles méritent un détour, alors que le Parc national de l’Archipel-de-Mingan constitue un pôle d’attraction majeur. D’autre part, la Réserve faunique des Sept-Îles – Port-Cartier, à l’intérieur des terres, offre un panorama forestier très différent.


Bien des régions du Québec peuvent prétendre au titre de paradis de plein air. Mais s’il est un éden de grands espaces et de nature généreuse, c’est bien sur la Côte-Nord qu’on le trouve. La Côte constitue probablement le dernier refuge des véritables mordus d’aventure, ceux qui sont épris de liberté et pour qui l’environnement rebelle de la Terre de Caïn reste un gage d’authenticité et de vérité. Le secteur de Tadoussac et de la Haute-Côte-Nord s’est développé beaucoup plus que tout le reste de la région sur le plan touristique. Il offre plusieurs services généralement reliés à l’observation des mammifères marins ou a certaines activités nautiques. Plus on s’éloigne sur le ruban dentelé de la côte, plus il y a place à l’initiative personnelle, avec ou sans encadrement. On trouve maintenant partout des groupes et des entreprises qui ont mis sur pied un éventail d’activités de plein air avec service de guide et location d’équipement. Les bureaux d’information touristique sont également très nombreux et l’on y obtient tous les renseignements liés à la pratique de n’importe qu’elle activité de plein air. On peut donc acheter un produit sur mesure et vivre ainsi une expérience grisante dans des conditions idéales de sécurité et en agréable compagnie. Si l’on préfère s’organiser seul, il est alors indispensable de bien s’informer sur les secteurs visités, de consulter les cartes, de ne jamais pratiquer une activité seul et, idéalement, d’aviser une tierce personne de ses projets afin d’orienter les secours en cas de problème.
Historiquement
Historiquement, la Côte-Nord a été le territoire de prédilection des adeptes de chasse et de pêche. Cela demeure le cas. On note cependant une évolution rapide de cette situation vers la pratique d’activités d’observation. La Côte-Nord offre cet avantage notoire de pouvoir profiter de la diversité extrême de son environnement naturel. On y côtoie à la fois la mer, les lacs et les rivières, la forêt, la montagne, les tourbières, les plages, les îles et l’espace… Beaucoup d’espace ! La région est évidemment fameuse pour la pratique d’activités comme le kayak de mer et de rivière, le canotage, la plongée sous-marine, le vélo de montagne, la randonnée pédestre, le camping et le caravaning, la motoneige, le ski de fond et le traîneau à chiens. Il s’agit aussi d’un cadre vraiment exceptionnel pour la pratique d’activités d’observation du milieu naturel. Les ornithologues, photographes, naturalistes, mycologues, à qui s’ajoutent tous les amants de la faune et de la flore, y rencontreront mille et une merveilles qui les transporteront de la surprise à l’extase.
Nous nous y engagerons encore plus profondément avec un prochain blogue.
