Chronique de la Côte-Nord
Chaque fois que l’on entreprend un voyage, il m’est toujours apparu essentiel d’emporter dans mes bagages une certaine dose de souplesse pour affronter certains aléas inhérents à tout trajet. Il s’agit là d’une façon efficace de se mettre à l’abri des déceptions pouvant résulter de modifications imprévues. Autrement, il serait trop facile de conclure que le voyage ne fut pas réussi. Revenant de la Côte-Nord, j’ai une fois de plus constaté la nécessité de cette souplesse.
Celle-ci peut servir en de multiples occasions, que l’on pense à un camping qui, contrairement à nos espérances, afficherait complet à notre arrivée ou à un restaurant précis, hautement désiré, que l’on découvre fermé en arrivant dans son stationnement. Sans trop attendre, appliquer un plan B s’impose pour résoudre le problème et retrouver sa bonne humeur.
Deux fois, durant notre voyage, nous avons été confrontés à de tels obstacles. Le premier est apparu à Longue-Pointe-de-Mingan où, vendredi matin, nous avions prévu une escapade en bateau proposée par la Famille Loiselle. Cette ballade de trois heures devait nous amener sur deux iles de l’archipel de Mingan. Malheureusement, le vent soufflait trop fort pour autoriser une sortie sécuritaire en mer.
Comme vendredi devait être la dernière journée avant de reprendre la route vers la maison, nous avons devancé notre départ et mis le cap sur Baie-Comeau. Pour remplacer le tour de bateau manqué, nous prîmes la décision d’opter pour le traversier Baie-Comeau — Matane. Celui-ci quittant le quai à 18 h 30, nous avions amplement de temps pour y être à l’heure.
Cette modification du retour présentait deux avantages. Le premier tenait aux nombreux travaux qui sont actuellement en cours entre cette ville et Tadoussac. En plusieurs endroits, il fallait attendre jusqu’à cinq minutes, à l’arrêt devant un feu de circulation temporaire régulant en alternance la circulation dans les deux sens. Le second avantage de traverser à Matane, se résumait à se retrouver par la suite sur un terrain beaucoup plus plat que le relief nord-côtier.
Nous avions en mémoire un restaurant de fruits de mer situé dans cette ville, un peu à l’est du quai du traversier, qui, à quelques reprises ces dernières années, nous avait fortement impressionné tant par son atmosphère que par la qualité et la diversité des plats offerts. Chaque fois, nous avions d’ailleurs profité de la poissonnerie attenante pour faire des provisions.
Vendredi soir, le restaurant était, j’ignore pour quelle raison, fermé. Résigné à ne pas manger ce que nous avions espéré, à 21 h, ne restait guère plus qu’un Tim Horton tout près du camping Wallmart. Là aussi, nous nous sommes heurtés à des portes closes. Fatigués de tout le chemin parcouru durant la journée, un lunch improvisé dans la caravane fit l’affaire avant de piquer du nez dans le lit.
Samedi matin, le GPS indiquait 618 km nous séparait encore de notre appartement. Petite ballade certes, mais un fort vent de face fit grimper notre consommation moyenne combinée de 8,3 à 9,1 litres au cent. Je précise moyenne combinée puisque sur les 3 600 km parcourus, le tiers fut réalisé en mode solo alors que la caravane nous attendait sagement dans un camping. Ces deux ballades en mode solo furent une visite à Manic 5 et une autre de Havre-Saint-Pierre jusqu’à Kegaska, là où la route 138 se termine à l’Est.
Je ne saurais terminer ce petit compte rendu sans souligner une belle initiative de la ville de Sept-Îles envers les caravaniers. Au kiosque d’information touristique de l’endroit, 18 emplacements à trois services, avec vue sur la baie, attendent les caravaniers de passage pour à peine 15 $ la nuitée. Comme il arrive souvent que cette ressource affiche complet, le personnel qui accueille les voyageurs les dirige vers le stationnement du parc adjacent. Bien sûr, aucun service de camping n’est offert à cet endroit, mais pour une nuit de dépannage, on ne saurait être trop exigeant.
Le moins que l’on puisse dire de Sept-Îles est que cette ville a compris l’importance de bien accueillir les caravaniers de passage. C’est à se demander ce qui empêche les autres villes du Québec d’aller dans le même sens et de faire preuve d’hospitalité envers des voyageurs reconnaissants, dont les dépenses contribueraient à l’économie locale.
Dernière chose m’ayant frappé durant ce périple, l’ouverture, la simplicité et la bonne humeur des gens qui habitent ce coin de pays. Alors que dans les rues des grandes villes, la plupart des individus détournent le regard par crainte d’entrer en contact toute personne partageant le même trottoir, ici la réalité est toute autre. Sourire et accueil chaleureux sont présents partout. Jamais on n’a l’impression de déranger qui que ce soit en s’adressant à lui. Contrairement à plusieurs villes, sur la Côte-Nord, c’est la nature qui est sauvage et non pas ceux qui y vivent !
Cette question du camping privée VS les sites publics offerts par une municipalité est toujours délicate. Je me réjouis toujours de voir des haltes municipales pour les campeurs-voyageurs offertes à bon prix, mais je peux aussi me placer dans la peau d’un conseil municipale d’un village de 1500 âmes, où tout le monde se connait, et qui prend la décision d’aller faire une halte de 20 ou 30 VR alors qu’il y a un ou deux campings dans la municipalité. On s’imagine des assemblées municipales houleuses quand un propriétaire de camping se présente à la ville avec, preuve à l’appui, une fin de semaine de juillet où l’on retrouve les 20 sites des la halte de la ville comblés à 15$ ou 20$ la nuit alors que lui-même avait encore une dizaine de sites vides. De plus, la halte de la ville a été construit et est maintenue avec les taxes que ce même camping paient à la dite municipalité. Il y a de quoi réfléchir.
Chez-nous, c’est un peu le contraire. C’est la municipalité totalisant 2000 âmes qui a voulu acheter un vieux camping désuet à prix exorbitant et dont les coûts après achat et remise à niveau friserait le 1.5 millions. Cela pour attirer une cinquantaine de touristes pour environ 8-10 semaines en été si la température est belle. Le prétexte était que c’était très payant en générant des sources de revenus pour la municipalité. Or, les citoyens se sont objectés. Si c’est si payant, l’entreprise privée y trouvera son compte. Or, personne d’autre veut acheter ce terrain… Si c’est uniquement pour attirer des touristes, alors, que la municipalité mette des terrains qu’elle possède déjà la disposition des campeurs en chargeant un prix raisonnable. Le projet n’a pas passé l’acceptation sociale.
L’argumentaire d’Estelle et celui de Martin se défendent fort bien, mais il importe de prendre en considération le nouveau contexte découlant de la pandémie. Le marché du VR a connu un engouement hors du commun alors que face à cette demande largement accrue, l’offre de sites est en attrition avec la fermeture de quelques campings sans création de nouveaux et la négation de nouveaux Walmart qui se sont déclarés moins hospitaliers.
L’initiative de Sept-Iles est fort louable pour l’avoir expérimenté sans préjudice aux campings environnants et témoigne que la municipalité reconnait le caravaning comme un levier économique indéniable pour elle. Une halte n’est quand même pas un camping proprement dit avec sa kyrielle d’activités. SVP, ne parlons pas alors de compétition déloyale.
http://www.rogerlaroche.com/campings/cote-nord-vr-en-ville-a-sept-iles/
Le nouvel avenir du caravaning au Québec oblige à trouver un équilibre pour éviter les tristes dérapages gaspésiens de l’été dernier. Des initiatives d’hôteliers à absorber sur leurs terrains les débordements des campings qui affichent complets (Carleton-sur-Mer & Rivière-Ouelle), illustrent combien les entrepreneurs locaux peuvent s’harmoniser avec les campings sans que l’un se braque contre l’autre et que tous y trouvent une solution « gagnant/gagnant », y compris pour les nouveaux adeptes issues de la pandémie.
Samedi le premier aout arrrivé en apres midi au kiosque d’information de Sept Iles le camping municipal étant complet jusqu’au 11, la préposée ne suggère soit le parc Aylmer Whittom sur le bord de l’eau ou la plage Monaghan , une belle plage de sable. Un excellent accueil partout sur la cote Nord.
La disponibilité des sites avec plus ou moins de services est de plus en plus problématique. L’augmentation des sites disponibles n’a pas suivi la tendance du marché et cela amène beaucoup de frustrations pour certains, l’après pandémie amènera peut être un réajustement des disponibilités. Pour plusieurs de ces nouveaux adeptes la pratique de ce mode de voyage ne sera que passager car tous ne se mettent pas à l’abri des déceptions pouvant résulter de modifications imprévues comme notre vétéran Paul Laquerre sait si bien le faire, toujours intéressant de lire ses chroniques.