De la calamité à l’opportunité
Depuis le début de l’année, je tente de contrer les effets démoralisants de la pandémie en alimentant ma réflexion sur l’industrie du véhicule récréatif de propos, de nouvelles et de faits plus réjouissants. Chacun combat la déprime comme il peut, que voulez-vous !
Par exemple, un regard pessimiste dira que les affaires d’or actuellement réalisées par les constructeurs et revendeurs de véhicules récréatifs vont bientôt créer une congestion sans commune mesure dans les campings. Certes, en haute saison, la situation pourra se compliquer et les réservations devront être effectuées plus à l’avance.
Il est vrai que la restriction des voyages touristiques effectués par avion, les croisières en paquebots ou même en transport en commun ont provoqué un intérêt accru dans la population pour les vacances en véhicule récréatif.
Ajoutons à cela l’accroissement du télétravail, volontaire ou non, qui a porté de nombreux travailleurs à quitter les centres-ville. Tant qu’à travailler à distance, pourquoi ne pas le faire à partir d’un VR et en profiter pour voir du pays et renouer avec la nature et le plein air. Bref, autant d’effets secondaires qui n’eût été la pandémie auraient été inconcevables il y a encore 18 mois.
Du coup, la clientèle habituelle des campings s’est métamorphosée. Misant traditionnellement sur les retraités désireux de chauffer leurs vieux os au soleil, les campings se sont retrouvés envahis par une clientèle plus jeune, désireuse de se trouver un emplacement où ancrer leur VR, pourvu que des services de qualité soient offerts. Plus encore que les égouts, l’électricité ou l’eau, la vitesse du wifi et de l’internet en général s’imposa comme premier critère de choix.
Prompts sur la gâchette — une valeur héritée de leur passé de cowboy et l’attirance des grands espaces — nos voisins du sud ont, une fois de plus, réagi au quart de tour. Au pays de feu le vilain canard, devant cette soudaine affluence de clients désireux de trouver un emplacement stable, l’industrie de l’hébergement en camping se mit sur le champ en mode solution — comprendre ici sauter sur une opportunité d’affaire avec gros profits à la clé.
Loin de se laisser décourager par les embuches environnementales et administratives de toutes sortes qui se dressaient devant eux, les promoteurs, mais surtout les grandes bannières de camping sont aussitôt passés en mode attaque. Pour en témoigner, l’association de terrains de camping de la Floride prévoit actuellement qu’un minimum de 3 000 nouveaux emplacements viendront enrichir l’offre d’ici deux ans. Nouveaux campings et agrandissements sont donc en voie de devenir une tendance lourde.
Pour l’ensemble des États-Unis, l’accroissement du nombre d’emplacements pourrait dépasser 32 000 en 2021. L’industrie du véhicule récréatif et du camping semble donc voguer vers des sommets comme elle n’en a jamais connus.
Le monde du camping n’est pas seulement en ébullition. Les grandes bannières, Sun Communities, Encore, KOA, ne se contentent pas d’ajouter des emplacements à leurs établissements actuels. Elle sont toutes en chasse pour augmenter leur cheptel. Les acquisitions se multiplient et je peux vous dire que, contrairement aux caravaniers à qui on interdit de traverser la frontière dans leur VR, les géants du camping ne semblent nullement intimidés par ces considérations politiques.
Ce qui me plait dans cette tendance, c’est de penser qu’une fois l’engouement du télétravail passé, les employés seront probablement nombreux à vouloir revenir à un mode plus traditionnel pour effectuer leurs tâches et à souhaiter retrouver leurs collègues devant la machine à café au moment de la pause. Le Tsunami passé, les campings se retrouveront avec de nombreux emplacements à offrir et, concurrence aidant, ce sera au tour des caravaniers d’y trouver leur compte.