Caravaning automnal et bipolaire
«Vous commencez par le plus dur», nous a lancé notre amie Louise, emmitouflée dans un gros manteau, à propos de notre grand voyage. Le plus dur, ce sont ces cinq semaines de camping d’automne dans les Cantons-de-l’Est. La région est magnifique, bien sûr. Mais la nature en cette saison a de ces sautes d’humeur impressionnantes. À notre arrivée, il faisait une chaleur estivale. Puis en moins de 24 heures, on s’est retrouvés avec un froid digne du mois de novembre. Un grand bond à la Mao, un saut quantique avec périlleux arrière, qui a laissé deux citadins frileux pantois et sonnés.
À l’intérieur de l’autocaravane, il est vrai, on ne gèle pas. On a le choix entre la thermopompe, très très bruyante, et la chaufferette, très bruyante. On a choisi la seconde, qui ne nous réveille pas trop la nuit.
Reste un petit problème : Lise tire la couette de son côté. Le premier soir, j’ai pensé que c’était parce que La grande bleue penchait vers l’avant. Je l’ai redressée depuis en ajoutant un bloc sous chaque roue avant. Mais quand je m’éveille, la couette penche toujours du côté de ma douce moitié, qui prend plus que sa moitié de couverture. Alors, je cherche une autre hypothèse, mais je ne l’ai pas encore trouvée.
Le jour, quand il fait soleil, on ne se plaint pas. D’autant plus que la lumière est si belle en cette saison. Mais quand il pleut, là c’est terrible. Je ne veux pas exagérer, mais j’ai l’impression qu’il tombe de la glace. Alors, le soir en se couchant, on prie pour qu’il ne pleuve pas le lendemain.
Quand notre prière est exaucée, nous en profitons pour aller nous balader dans le parc du Mont-Orford. La première fois, on a grimpé l’Orford par la piste familiale. Dis comme ça, la montée a l’air facile. Mais les familles, ils la descendent la piste, ils ne la montent pas. Et encore, ils ont des skis. Bref, c’était un peu raide, surtout pour moi dont le petit cœur pompait l’huile. La deuxième fois, on a fait la boucle du mont Chauve : 12 kilomètres de montées et de descentes. C’était plus long, mais pas mal moins abrupt. N’empêche que la troisième fois, on s’est contentés de la boucle des Trois Étangs, une promenade pépère de cinq kilomètres dans une forêt de hêtres. Pendant toute la randonnée, on s’est demandé c’est quoi un hêtre. On regardait les arbres en se disant : hêtre ou pas hêtre.
La phase maniaque
Puis soudainement, la nature a effectué un salto avant avec triple vrille, qui nous a réchauffé le cœur tout autant que la couenne. Passer d’un froid presque hivernal à une chaleur estivale est beaucoup plus facile que l’inverse.
La nature, au pays de la charte, est bipolaire. Après une phase dépressive d’une semaine, elle est devenue extatique. Il faisait si chaud qu’il nous a fallu ressortir les fringues d’été, trop vite remisées. Autour de nous, les arbres étaient de toutes les couleurs, le soleil magnifique, les montagnes splendides.
Nous aussi, nous sommes devenus maniaques. Après avoir eu grise mine, on n’arrêtait plus de sourire. Nous nous répétions sans cesse que le caravaning, c’est la vie rêvée, alors qu’il y a quelques jours encore un rien nous irritait. Bref, on délirait… en attendant qu’il ne se remette à pleuvoir et qu’on recommence à grelotter et à râler.
Vivement le beau temps !
Le défi, au cours de notre périple, sera de garder le moral au beau fixe contre vents et marées. On y travaille fort, je vous assure. Mais on mettra quand même toutes les chances de notre côté. Notre devise en voyage est la suivante : on prendra ce qui sera là, mais de préférence le beau temps.
C’est pourquoi on vient de réserver un camping en Floride, près de Fort Myers jusqu’au 4 janvier. À moins d’une malchance, ça ne devrait pas être trop frisquet. Plus tard au cours de l’hiver, nous comptons séjourner à Yuma, dans le sud de l’Arizona. Cette ville a la réputation d’être la plus ensoleillée au monde : plus de 4000 heures d’ensoleillement et 17 jours de pluie seulement par année, c’est-à-dire à peu près 175 de moins que chez nous.
Lors de notre premier séjour dans cet État du Sud-Ouest, il y a quelques années, nous avions été fascinés par les prévisions de la météo. Elles s’étendaient sur deux semaines et on y voyait souvent 14 gros soleils. Pas un nuage, pas une goutte de pluie. Le rêve quoi, pour deux caravaniers qui, en plus d’être frileux et douillets, détestent la pluie.
À bientôt.
Agréable de vous lire. Pourriez pas nous mettre aussi quelques photos? En tout cas, je vous suivrez.
« N’empêche que la troisième fois, on s’est contentés de la boucle des Trois Étangs, une promenade pépère de cinq kilomètres dans une forêt de hêtres. Pendant toute la randonnée, on s’est demandé c’est quoi un hêtre. On regardait les arbres en se disant : hêtre ou pas hêtre. »
M. Roux, des jeux de mots de la sorte, personnellement, j’en redemande!
Vous comprendrez que, si je commente cet article au détriment du plus récent, je m’adonne actuellement à LA lecture complète de vos articles sur ce blogue, question de ne pas perdre le fil initial de vos péripéties, de bien me couvrir pour la suite de vos aventures, et ce, pour mieux découvrir vos pérégrinations! 🙂
Au plaisir et salutations @ vous deux!
Martin Bilodeau