Capitol Reef — Utah
Capitol Reef est un peu l’enfant pauvre des parcs du Midwest, les voyageurs lui passant sous le nez entre Zion et Bryce. Malgré sa gratuité, on y croise peu de touristes étrangers. Pas de Japonais. Pas de Français. Quelques Allemands. Et beaucoup d’Américains avec des enfants ou retraités. Ce qui n’empêche pas les campings d’afficher complet et les principaux points d’intérêt du parc d’être très achalandés.
Les particularités de Capitol Reef viennent de son histoire et de sa géologie.
Les mormons, à la fin du 19e siècle, ont reconnu ici quelques vallées verdoyantes et généreuses, véritables oasis aux abords de la rivière Fremont. Ils y ont planté des vergers toujours productifs, dont certains particulièrement bucoliques qu’on admire à l’entrée du parc.
Ses magnifiques formations rocheuses sont issues du phénoménal plissement de la croûte terrestre qui engendra les Rocheuses. Les fonds marins pétrifiés se sont alors soulevés jusqu’à exposer leurs flancs rouges et ocres à l’érosion qui, après quelques millions d’années de patient travail, nous a donné ces grandes orgues de pierre, des ponts suspendus stupéfiants, des falaises tranchées au couteau et des canyons étroits décorés de multitudes de petites marmites.

Rando au programme

Au premier jour de notre visite, nous avons emprunté le sentier Grand Wash, très escarpé et plein soleil, qui conduit à un grandiose plateau de pierre et à Cassidy Arch. On aperçoit cette arche monumentale de loin durant l’ascension et ce n’est que tout près, au-dessus, que l’on distingue l’effondrement du toit qui offre une perspective inusitée de l’arche devenue pont de pierre, sur lequel les marcheurs se font photographier.
Dans l’après-midi, le sentier The Narrow qui fait plusieurs kilomètres sur le plat, au fond du canyon, nous a quelque peu déçus. Malgré un rétrécissement impressionnant des hautes parois sur environ 1 km, nous nous attendions à des murailles encore plus serrées. On devient difficile à force d’en voir.

Pour débuter la seconde journée au parc Capitol Reef, nous avons choisi un sentier qui s’est avéré extrêmement agréable : Chimney Rock. Ainsi nommé à cause d’une immense cheminée de pierre qui se dresse à l’avant d’une muraille gigantesque courant sur des dizaines de kilomètres. Ça grimpe ferme jusqu’aux plateaux supérieurs, avec toujours cette cheminée géante qui domine un panorama s’étirant à l’infini et au milieu duquel sillonne une mince route comme un ruban qui fuit. La végétation reste particulièrement remarquable avec une multitude de fleurs de nombreuses espèces endémiques qui s’étirent vers le soleil. Encore faut-il baisser le regard pour les apercevoir et les admirer, car peu s’en faut que l’on passe droit son chemin sans leur accorder d’attention. Le sentier nous promettait ce qu’on appelle des « poches d’eau », soit des mares résiduelles qui s’accumulent au creux de piscines ombragées creusées dans la roche. Mais nous n’en avons aperçu aucune !

Nous nous sommes avancés vers l’entrée du parc pour pique-niquer au milieu des incroyables espaces verts, vergers et gigantesques peupliers qui faisaient autrefois partie des fermes des colons mormons le long de la rivière Fremont. L’endroit est doucement bucolique en plus de compter une boutique-musée logée dans l’ancienne maison du patriarche de la communauté agricole.
Par la route
Le parc est traversé par une route étroite et pavée qui doit faire une quinzaine de kilomètres dans un décor à couper le souffle. Au bout, la route se continue, mais devient une piste de terre et de pierre qui s’infiltre entre les parois rapprochées comme un étau vertigineux. Ce chemin a une histoire extraordinaire puisque, en dehors des périodes de crue, il a été emprunté par les Premières-Nations durant des siècles, puis par les colonisateurs, et on a en fait la première route « carrossable » reliant la région au reste du pays dans les années 1930. On peut y rouler entre les falaises dont on n’arrive pas à distinguer les sommets en roulant durant 5 ou 6 km, à se faire secouer et à se tasser pour laisser passer. On poursuit ensuite à pied en marchant au fond de la gorge jusqu’à un sentier qui nous fait monter jusqu’au lit d’un cours d’eau qui, durant les crues, dévale en escalier sur la pierre polie où se sont creusées des piscines encore pleines d’eau malgré que la rivière soit à sec. Voilà qui occupe magnifiquement une journée de soleil et de temps frais, idéale pour la rando.
Camping Thousand Lakes

Nous sommes installés dans un camping de taille moyenne qui serait des plus agréables s’il n’y régnait sans répit un vent puissant qui nous empêche de cuisiner et de manger à l’extérieur. Mais le camping est charmant, avec la vue sur les falaises rouges et un coucher de soleil flamboyant. Les gens du camping sont gentils et accommodants. On peut se commander des muffins chauds pour le matin suivant. Ils ont une belle boutique avec les meilleurs prix à ce jour. Je me suis acheté un beau chandail à 13 $. En plus, ils vendent de la bière ! On trouve sur place un resto très spécial, le Torrey Grill & BBQ, sol de pierre concassée et tables de pique-nique, avec son chef reconnu pour ses mets sur le grill. Côtes levées, poulet fumé, bœuf mariné sont au programme avec, comme accompagnement, une purée de pommes de terre à l’ananas (étonnante, mais très intéressante) surmontée d’une guimauve noircie au feu et un pain au maïs vachement épicé. Tout ça à un prix raisonnable. Belle expérience carnivore…
Problèmes solutionnés…
Aussi, voisin du camping, se trouve un garage spécialisé dans l’entretien des VR où j’ai rendez-vous lundi matin avant de poursuivre le voyage. Espérons qu’il pourra régler nos problèmes électriques… ?
Ce qui fut fait ! Depuis une dizaine de jours, dans le désert de Zion, nos batteries étaient retombées à plat et ne chargeaient plus. Comme au début du voyage. Mais pas pour les mêmes raisons. Hors connexion électrique, nous n’avions plus de ventilation, d’éclairage, d’eau… Et, connectés, le frigo et la pompe à eau ont cessé de fonctionner… Mystère. Heureusement, notre garagiste a trouvé un petit bidule à 10 $ qui ne fonctionnait plus et qui nous valait ces ennuis. Tout s’est remis à marcher et nous sommes partis le cœur et le portefeuille légers vers le parc national Arches !
Ce texte est le dernier de cette série en ce qui me concerne, mais le voyage est bien loin d’être terminé. J’espère donc pouvoir le poursuivre avec vous après les Fêtes. Merci de votre intérêt et n’hésitez pas à me faire part de vos questions.
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