Camping urbain
Après voir décrit le camping façon bucolique, j’aborde aujourd’hui le camping urbain. Pour plusieurs puristes attachés au camping de première génération, le camping urbain apparaît comme un lieu à l’opposé de leur conception de cette activité. Il est difficile de leur donner complètement tort. Pourtant, ce type de camping correspond à un besoin réel et il rejoint une clientèle bien spécifique.
Celui qui s’est déjà rendu sur la côte est de la Floride, particulièrement dans le segment Pompano jusqu’à Homestead au sud de Miami, sait exactement de quoi je parle. Dans cette région, on retrouve une pléthore de campings dont raffolent les « snowbirds » québécois, véritables villages constitués de véhicules récréatifs de toutes sortes et de maisonnettes de parc.
Le camping urbain n’est pas destiné aux voyageurs épris de nature, cela est un fait. Les amants de la nature le décrivent souvent comme une aberration, un stationnement où les caravanes s’entassent presque les unes sur les autres. Tout en respectant ce point de vue, il faut reconnaître que la popularité de ces lieux prouve qu’ils répondent à un besoin réel. Il vaut donc la peine de s’attarder au camping urbain si l’on veut le comprendre.
Tout d’abord, la très grande majorité des gens qui y séjournent le font pour plusieurs semaines, voire des mois. Dans le cas des campings de la Floride, ces caravaniers sont de véritables saisonniers de l’hiver. D’année en année plusieurs retournent au même camping et, dès la fin de l’été, anticipent leur plaisir d’y retrouver leurs amis qui, comme eux, fuiront les rigueurs de l’hiver québécois.
J’ai souvent qualifié ces personnes comme de semi-nomades qui, l’été, nichent sur un terrain au Québec et, l’automne venu, migrent vers la Floride ou le Texas et en moindre nombre vers l’Arizona. En fait, chaque automne, ils font un trajet qui les mène du point A au point B et, au printemps, partent du point B pour revenir au point A.
Ils ne sont pas des voyageurs de même type que les grands nomades qui eux changent fréquemment d’endroit, trouvant leur plaisir dans la découverte de lieux qui leur sont inconnus et de nouvelles attractions. Le caravanier de type camping urbain voyage avant tout pour se rendre à son camp de base où il passera l’hiver, que ce soit en Floride, au Texas ou ailleurs.
Ceci dit, on comprend mieux pourquoi l’aspect bucolique du camping ne constitue pas la préoccupation première des personnes qui fréquentent les campings urbains. Non, ce qu’ils recherchent, c’est la proximité des services : magasins, épiceries, restaurants, golf, plage… Lorsqu’on leur demande ce qui les pousse à revenir au même camping, souvent leur première réponse parle des amis qu’ils aiment retrouver à cet endroit. Tout de suite après, ils diront que la vie communautaire, les activités nombreuses et variées organisées sur le terrain contribuent à rendre la vie agréable et font en sorte que les jours d’hiver passent très vite. Entre la pétanque, les jeux de palets et de fers, le bocce, l’aquaforme le matin, le bingo ou les jeux de cartes en soirée, les cours de danse en ligne ou d’anglais, ils n’ont pratiquement pas de temps libre. Que dire aussi des nombreux ateliers de bricolage, de sculpture, peinture ou menuiserie ?
Je passe également sous silence les nombreux repas communautaires où chacun apporte un plat, mais aussi d’autres, organisés par le camping pour stimuler la socialisation, et mettant à profit une armée de bénévoles. La semaine dernière, alors que je séjournais quelques jours sur un tel camping, une trentaine de bénévoles s’affairaient à préparer et servir un souper aux hamburgers. Pas moins de sept gros poêles BBQ fournis par le camping étaient utilisés pour cuire entre 500 et 600 hamburgers. Deux jours avant l’événement, tous les billets avaient été écoulés. Il faut dire qu’à 2 $ le hamburger, les caravaniers en avaient pour leur argent.
Plus important que de manger à bon prix ce type de sandwich, ce qui était remarquable, c’était de voir le plaisir que tous ces gens avaient à participer à cette activité. Poignées de main, salutations, sourires, l’atmosphère était la fête.
La fête et le plaisir constituent une caractéristique majeure du camping urbain. À certains moments, j’avais l’impression de retrouver une petite ville avec une intense vie de quartier. Ainsi, un soir de la semaine, roulant à vélo dans les rues du camping, j’ai vu à deux endroits différents des musiciens ayant installé microphones, amplificateurs et haut-parleurs devant une caravane. Spontanément, tout le voisinage immédiat se regroupait, chacun avec sa chaise, son sourire et à l’occasion, une bière ou un verre de vin. Même que dans l’un de ces deux événements simultanés, un buffet était offert aux spectateurs. On s’y amusait ferme et certains en profitaient pour effectuer quelques pas de danse. Même si le volume sonore relativement faible de la musique n’avait rien de dérangeant, à dix heures, tout cessait, chacun pliait sa chaise et retournait à sa caravane avec l’impression d’avoir vécu un bon moment.
En définitive, pour cerner l’essence d’un camping urbain, il suffit de dire qu’il accueille une très grande proportion de saisonniers, désireux d’y trouver une vie communautaire intense et variée, entourés de personnes comme eux qui, avec les années, deviennent des amis. Dans ces conditions, on comprend mieux pourquoi l’importance du décor vient bien loin derrière celle de l’atmosphère.
Propriétaire d’un motorisé depuis de le début des années 2000, nous avons la chance de faire un voyage de quelques jours à chaque été et quelques sorties au cours de la saison surtout dans les régions de la Mauricie et du Centre du Québec.
À chaque automne nous avons aussi la chance de partir pour quelques mois vers le Sud et l’Ouest des USA à parcourir des milliers de kilomètres et à visiter des centaines de points d’intérêts.
Au cours des dernières années nous nous sommes installés dans un « resort urbain » en Floride plus précisément à Okeechobee; on a bien apprécié ce genre de camping urbain.
Cette année, nous sommes repartis vers l’Ouest américain à découvrir d’autres points d’intérêts principalement en Arizona, en Californie et dans le Utha.
Nous avons de la famille et des amis dont c’est le style de vie six mois par année. C’est toujours plaisant d’arrêter passer quelques jours avec eux et de partager leur quotidien! C’est certain qu’on ne peut s’empêcher de penser comment ils font pour vivre si collés en hiver alors que dans leur vie au QC, c’est complètement différent! Mais je crois que cette vie de communauté leur procure une sécurité alors qu’ils ne sont pas dans leur pays. Aussi, c’est beaucoup plus économique de voyager du point A au point B que d’être itinérant sur la route.
Je me souviens (nostalgie peut-etre) du temps ou voyager voulait dire rencontrer les gens de l’endroit que l’on visite. Echanger sur la vie et ses experiences permettait de creer un lien autre que pecunier avec les residents. Hors mon experience des camping communautaire de la Floride en est plutot une de ghetto culturel comme on en retrouve dans les grands centres urbains. Certes l’atmosphere communautaire conduisait a de belles rencontres mais avec des gens de notre propre culture surtout, comme on peut le faire a la maison. On aime retrouver ce que l’on connait car on s’y sent plus en securite. Dailleurs le sentiment d’insecurite n’est-il pas ce qui sous-tend le phenomene des communautes entourees d’un mur bien repandu aux USA. Enfin j’espere avoir la chance de visiter des endroits et des gens ou l’atmosphere et le decor se tiendront compagnie.
Un très bon texte qui décrit bien la vie en »resort ». On s’y fait des amis québécois et américains, l’entraide est présente comme sur un terrain de camping, on se rencontre pendant l’été – des amis du Québec, des états de New-York et même du Missouri sont venus nous visiter en Outaouais l’été dernier!
Notre terrain qui date d’environ 35 ans était probablement en banlieue lors de sa création mais il est maintenant bien entouré: écoles, épiceries, maison de plus de 1 million de $… Et ça construit toujours!
Bonjour M. Laquerre,
Vous décrivez très bien UN type de camping « urbain », soit les Resorts pour Saisonniers. Il existe au moins un autre type de camping urbain, qui vise plutôt le voyageur itinérant. Lors d’un voyage de 3 mois et demie dans l’ouest Canadien, il nous est arrivé souvent d’utiliser les campings municipaux, voire même des campings privés, situés soit en pleine ville, soit en périphérie immédiate. Ces campings réellement urbains nous permettaient de visiter les villes à pieds ou avec un très court trajet en transport en commun.
Pour ne citer que quelques examples, il y a le parc municipal de Pembroke en Ontario, le Lakehead Boat Basin (la marina locale) à Duluth – Minnesota (juste à coté du pont levant, au centre-ville), le Vermillion Municipal Park de Dauphin au Manitoba, le Gordon Howe Campground à Saskatoon (20 minutes de marche du centre-ville), le Weaver Park Campground à Lloydminster (frontière Alberta/Saskatchewan), le Dinosaur RV Park à Drumheller (Alberta), le Capilano River RV Park situé juste à coté du Lion’s Gate Bridge à North Vancouver (10 minutes de marche, 10 minutes d’autobus et nous voilà au centre-ville de Vancouver), le Fort Victoria RV Park à View Royal, en banlieue de Victoria sur l’ile de Vancouver (10 minutes de marche, 20 minutes d’autobus et on est au centre-ville), le Lamplighter Campground à Revelstoke BC, le Mount Baker RV Park à Cranbrook BC (là où les chevreuils se promènent en ville!), le Williams RV Park & Campground à Gladstone MB, sans oublier le Camping Tadoussac au Québec.
Ces campings offraient tous au minimum 2 services (eau/électricité et station de vidange) voire même les 3 services usuels, avec du 30 A. Bien sûr, les terrains sont quelquefois exiguës mais parfaitement adaptés à un courte visite de la ville et offrant une halte pratique et sécuritaire.
Bien que les Resorts constituent souvent une mini-ville repliée sur elle-même (nous nous sommes souvent arrêtés dans de tels campings en Floride et en Arizona), les « vrais » campings urbains permettent de facilement découvrir les villes lors d’un long voyage. Vous voyez donc qu’il existe plusieurs types de camping urbains.
Salutations,
Pierre Turcotte,
Je suis totalement en accord avec vous. Je sais qu’il est possible de dresser plusieurs sous-catégories dans le segment camping urbain et que la réalité d’autres régions est différente, mais en débutant cette série de billets, il y a maintenant un peu plus de deux semaines, j’avais précisé que je m’attarderais surtout à la Floride, une destination d’hiver très prisée des Québécois.
Ce que j’ai décrit aujourd’hui représente le camping urbain, couleur États-Unis, et surtout celui du Sud de ce pays. D’ailleurs, ce modèle présente d’autres similarités avec les milieux urbains en plus d’être situé dans une ville. Ainsi, comme les cités, il possède un service de loisir et organise des activités culturelles pour ses citoyens.