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Récit de caravaniers à la conquête de l’Ouest

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Camper à travers le monde…

La Terre-de-Baffin

Au cours de ma carrière de chroniqueur voyage et plein air, j’ai eu maintes fois l’occasion de réaliser des excursions de longue randonnée pédestre ou d’autres expériences professionnelles qui m’ont mené partout dans le monde.

Dans la plupart des cas, ces aventures incluaient des hébergements en auberge ou, comme disent les Français, chez l’habitant. Dans quelques cas toutefois, ces expériences incluaient des nuitées en camping. Ce qui, en même temps que je découvrais des milieux aussi radicalement différents que le désert, la jungle et l’arctique, me permettait de varier à l’extrême ma conception du camping qu’on dit rustique.

Ma plus ancienne histoire de camping dans un contexte qui ne se compare à rien de ce que je connaissais, se déroule au nord de la Terre-de-Baffin. C’est là que j’ai appris toutes les techniques de camping sous la tente, dans toutes les conditions imaginables. Laissez-moi vous y amener et remonter dans le temps jusqu’en 1992.

L’été arctique

Tournage d’une scène de chasse au narval.

Il est quatre heures du matin et les enfants courent encore à l’extérieur en riant. Le soleil est bien accroché au zénith. Il fait clair comme au beau milieu du jour. Nous sommes le 22 juin à Pound Inlet, la communauté la plus nordique de la Terre de Baffin. Ici, au 74e parallèle, nous nous retrouvons au pays du Soleil de Minuit.

Sur le toit du monde, la nuit ne refera son apparition subrepticement que dans plusieurs semaines et, avant qu’elle ne revienne, les Inuits profitent à plein de chaque instant de lumière et de chaleur durant un été trop court.

C’est le travail qui m’a conduit dans l’environnement le plus dépaysant qui puisse exister, dans le cadre du tournage d’un film documentaire sur une expédition partant à la rencontre de la Licorne des mers : le narval. Moi, le gars de chalet qui considérait les amateurs de camping comme du monde qui aiment se donner de la misère, j’allais passer un mois sous la tente. J’allais, de plus, avoir le privilège d’apprendre c’est quoi le camping avec les meilleurs maitres en la matière.

Adaptation

Petit déjeuner sous la bâche

Premier phénomène d’adaptation à surmonter : le temps. L’alternance du jour et de la nuit est inscrite dans nos gènes, mais, dans l’Arctique, cette notion n’existe plus. Il est incroyable de constater à quel point nous pouvons résister à cette sécurité avant de finir par oublier nos montres. Dans ce contexte, on se trompe en tentant de maintenir des cycles réguliers dans nos vies et les Inuits l’ont compris depuis toujours. Il faut donc travailler ou voyager tant qu’on le peut. Manger quand on a faim. Dormir quand on est fatigué. Récupérer quand il fait mauvais. Cela engendre une difficulté imprévue quant aux repas. Comment préserver l’alternance déjeuner – diner – souper et maintenir l’équilibre des provisions quand on passe deux jours à dormir et qu’on prend plusieurs petits-déjeuners successivement lors des moments d’éveil ?

La température, quant à elle, peut grimper au-dessus de 20 degrés, mais elle se maintient habituellement autour de 10 degrés avec des écarts de la neige à la pluie.

Notre campement au nord de la Terre-de-Baffin

Nos déplacements d’un site de camping à l’autre s’effectuent à pied ou en motoneige sur les glaces du détroit Éclipse. Dans le paysage le plus fabuleux qui soit, de gigantesques langues glaciaires viennent à la mer l’une après l’autre. L’absence de végétation haute nous fait perdre toute notion de distance. L’ours blanc qui vient au loin est-il à deux ou à cinq kilomètres de distance ? Impossible de l’évaluer sans référence connue.

Les rares sites de campement dans cet environnement sont connus et fréquentés par les Inuits depuis plusieurs millénaires. Des familles y passent l’été sous la tente depuis on ne sait plus combien de générations. On y trouve autant de petits ossements de phoque que de pierres et de galets. Sur un sol rocailleux, nous montons et ancrons nos tentes doubles et nos précieuses bâches qui nous servent de cuisines et d’abris.

La vie de camping

Le chef d’expédition, Gilles Couët et moi à droite.

Je me souviens encore de plein de petits détails qui faisaient notre quotidien. Lorsque nous arrivions sur une berge où le chef d’expédition décidait d’établir le campement, la première chose que nous faisions .tait de monter la bâche et d’y mettre tout notre matériel à l’abri. Comme nous étions jumelés à un autre membre de l’expédition avec lequel nous logions sous la tente, le moment venait ensuite de nous trouver un site le plus droit possible et d’y monter solidement notre abri en attachant les cordes à de grosses pierres. Nous ne devions pas trop nous éloigner du groupe afin de ne pas devenir un appât pour les ours polaires. Puis nous déroulions le matelas de sol Thermarest et le sac de couchage avant de placer nos bagages chacun de son côté. Nous avions toujours du linge à sécher, ce qui constituait tout un défi dans ce minuscule espace, surtout lorsque l’humidité persistait durant des jours et que rien ne voulait sécher. Nous pouvions passer ainsi plusieurs jours au même endroit, si bien que nous en étions venus à aménager notre extérieur avec une petite terrasse de dalles plates, ce que nous trouvions extrêmement amusant. On s’amuse avec ce qu’on peut…

Relations individuelles

Lors d’une telle aventure en camping, le plus grand défi consiste à maintenir l’harmonie dans le groupe. Fatigue, inconfort, conflits et frustrations contribuent à cumuler les frustrations qui finissent par trouver un exutoire. Rien n’est simple. Se laver à l’eau glacée. Dormir sous le soleil. Manger accroupis sur des pierres un menu de plus en plus répétitif. Faire ses besoins tranquilles. Passer plusieurs jours dans des vêtements mouillés ou humides. Avoir toujours la goutte au nez. C’est dans le désir de retrouver un confort minimal que naissent les différends. Les petits détails de la vie quotidienne prennent une importance démesurée, créent des situations de grand stress et des frictions irraisonnées. De là l’importance d’instaurer une hiérarchie solide et d’avoir des chefs d’expédition respectés qui savent intervenir avec psychologie… Main de fer dans gant de velours.

Malgré les ours polaires. Malgré la banquise partie à la dérive avec notre campement. Malgré bien des choses… Cette expérience demeure la plus extraordinaire et la plus déterminante de ma vie. Côtoyer le narval, cette petite baleine avec sa longue défense torsadée… Vivre avec les Inuits… Découvrir un environnement si grandiose que tous les mots sont trop faibles pour le décrire. Quelle extraordinaire façon d’être initié au camping !

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