Boondocking à Times Square (deuxième partie)
Après la pause télévisuelle de la semaine dernière, je reviens aujourd’hui sur mon escapade à Times Square dans mon Scepter de douze mètres. Vous vous souvenez sans doute que j’avais mentionné que, pour permettre aux 243 coureurs de se reposer à tour de rôle, Esprit de corps avait réquisitionné une quarantaine de VR. Un peu plus de la moitié de ces véhicules récréatifs provenait de la division location de VR St-Cyr.
Quelques heures à peine après le signal de départ, il devint rapidement évident que les coureurs engagés dans cette aventure étaient meilleurs pour conduire leurs bottines qu’un VR. Heureusement, VR St-Cyr avait mandaté un de ses techniciens les plus expérimentés pour accompagner le groupe et, au besoin, régler les problèmes pouvant survenir.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que ce pauvre homme n’aura pas eu beaucoup de temps pour dormir durant les 72 heures qu’a duré le périple. La nuit comme le jour, il ne se passait pas une heure sans que les radiotéléphones ne transmettent un appel à l’aide.
Les caravaniers d’expérience savent combien de boutons, de commutateurs et de contrôles de toutes sortes servent à gérer tout ce qu’on trouve à bord d’un véhicule récréatif et qu’il faut du temps et beaucoup de patience pour s’y retrouver. Aussi, lorsque 6 à 14 novices partagent le même VR, il faut s’attendre à tout, surtout lorsque le mercure se tient à près de 30º. Les réfrigérateurs en arrachent, les climatiseurs ne suffisent pas, bref, tous les accessoires et appareils sont mis à rude épreuve.
Prenez note que ce qui suit est véridique, même s’il est difficile d’imaginer autant de problèmes concentrés en si peu de temps. Promettez de ne pas rire !
Ainsi qu’il fallait s’y attendre, les problèmes se rapportant aux réservoirs sceptiques prirent rapidement la tête. Avec des passagers habitués aux lavabos et toilettes de style résidentiel, il ne fallut pas beaucoup de temps pour que les premiers appels à l’aide concernent des réservoirs qui débordaient. Il en fut même un qui éclata, et il ne s’agissait pas d’un réservoir d’eaux grises. Couché sous le VR, le technicien fit son possible pour colmater la fuite avec les outils et matériaux apportés dans sa trousse de base. Évidemment, la réparation ne résista pas longtemps aux visites subséquentes des joyeux caravaniers. Comme le Petit Poucet d’un conte célèbre, ce VR laissa de nombreux repères sur la route, au grand désespoir des caravaniers qui suivaient et pouvaient repérer le chemin à l’odeur.
Suivant de près les réservoirs trop pleins, les réfrigérateurs et les génératrices figuraient également en bonne position au palmarès des pannes. Bien sûr, plusieurs de ces problèmes étaient souvent bénins. Si personne à bord ne savait comment démarrer la génératrice : appel au technicien. Lorsqu’un frigo refusait de passer du mode électrique au mode propane : encore le technicien.
Devant moi, alors que j’étais au volant, une dame, ne pouvant sans doute plus supporter la chaleur intense régnant dans la chambre, s’acharnait à ouvrir la fenêtre arrière du Classe C ; vous savez, celle que l’on n’ouvre qu’en cas d’évacuation forcée. Un coup de flutes à air, qui la fit sursauter à m’en rendre coupable, attira son attention sur nos signes lui intimant de renoncer à son projet.
Je me souviens aussi, lors d’un de nos nombreux arrêts, être entré dans une autocaravane où l’on suffoquait pour découvrir que personne ne savait que les trappes de toit peuvent s’ouvrir et que leur ventilateur sert à expulser l’air vicié vers l’extérieur. Des novices, je vous le dis !
Plusieurs d’entre eux, à leurs premières armes en VR, étaient persuadés que ces mastodontes se conduisaient comme une automobile. Des roues arrière grimpant sur les trottoirs à chaque coin de rue, des échelles écrasées par un véhicule suivant de trop près et n’ayant pas eu le temps de freiner, j’en ai vu et plus d’une. Plus loin, un conducteur de Classe C, peu familier avec la largeur de son VR, voulant dépasser l’autocar Prévost servant à ramener des coureurs, en profita pour lui arracher un miroir de côté au passage.
Toutefois, l’incident le plus cocasse se produisit lorsqu’un groupe, presque en panique, demanda de l’aide. La porte de leur VR refusait de s’ouvrir. Des six personnes à bord, aucune ne savait comment débarrer la porte pour sortir. Imaginez l’ambiance à l’intérieur, le temps que le technicien arrive. Avec une patience exemplaire, après avoir réussi à les calmer, le technicien parvint à leur expliquer comment débarrer la fichue porte.
Je termine avec deux mésaventures que me mettent directement en cause. Quelques kilomètres avant d’arriver à New York, on m’informe d’une modification que les organisateurs souhaitaient apporter à mon trajet initial. On me demande alors d’accompagner le groupe de coureurs jusqu’à Times Square. Un VR de 12 mètres à New York, quoi de mieux pour attirer l’attention ?
En étant à ma première visite dans la grosse pomme, je n’avais aucune idée de ce qui m’y attendait. Quelques appréhensions bien sûr, mais le défi était tentant. Je décide donc d’accepter. Une expérience de plus à mon CV quoi ! D’autant plus que plusieurs voitures de police nous accompagnaient.
Alors que nous roulions sous la voie surélevée servant sans doute aux trains de banlieue ou au métro — je dis cela comme ça, puisque je ne l’avais vue que dans des poursuites de voitures, au cinéma — mon GPS émet un bip inhabituel. Il me prévient que j’approche d’un endroit où le plafond est inférieur à la hauteur de mon VR. Sur un poteau, une affiche mentionne 12 pieds 6 pouces. Peu nerveux, je me dis que cette hauteur est sans doute limite pour mon Scepter, mais qu’elle a été mesurée à l’endroit le plus bas des arcs rattachant les colonnes à la structure horizontale.
À bord, du véhicule, accroupi entre les deux sièges, un responsable de l’événement, français d’origine, à son accent, nous accompagne. Quelques instants auparavant, il venait tout juste de me souligner trouver mon VR imposant et luxueux ; tellement différent de ce qu’il voyait en Europe. Je lui dis alors que la situation me préoccupe, puisque mon GPS ne cesse de me lancer des avertissements de danger. « Pas de problème, nous avons tout prévu. » « Vous avez mesuré la hauteur ? lui dis-je, septique et un peu irrité. » « Oui, oui, qu’il me répond, tout est OK, ça passe partout, on a vérifié ! »
Au même moment, devant moi, une affiche annonce 10 pieds 6 pouces entre l’asphalte et la structure métallique. « Ça passe peut-être en automobile, mais pas en VR, d’ailleurs, vous n’avez aucune idée de la hauteur de mon véhicule, que je lui rétorque en panique. Peu importe la consigne, moi je quitte le convoi. » À ce moment précis, je crois que si je n’avais pas été au volant, j’aurais été tenté de lui botter le cul avec une force à lui faire traverser l’Atlantique.
Heureusement, quelques dizaines de mètres plus loin, une ouverture se crée et je parviens à quitter le trajet impossible. Je demande à mon copilote de contacter par radiotéléphone le véhicule de tête pour obtenir les coordonnées précises de l’endroit où l’on doit se rendre.
Je lui tends le GPS pour qu’il les y inscrive et que l’on puisse continuer notre chemin. Connaissant les dimensions exactes de mon Scepter, le GPS fit son travail et, l’obstacle évité, nous pûmes retrouver le convoi sans trop de difficultés.
Je vous avais mentionné qu’une escorte policière impressionnante avait été planifiée pour nous accompagner dans le centre-ville de New York. Le hic, c’est que, sitôt l’événement terminé, les policiers quittèrent les lieux pour retourner à leurs fonctions habituelles.
Privé de cette précieuse escorte, il me fallait donc sortir de la ville par mes propres moyens tandis que piétons, cyclistes, automobiles et surtout taxis s’unissaient pour me faire payer cher mon intrusion dans leur jungle. À quelques reprises, mon copilote, Denis Drouin, qui portait un dossard luminescent, fut obligé de descendre du VR pour forcer l’essaim de taxis jaune abeille à me laisser passer. Sans son aide, je serais peut-être encore bloqué dans la circulation.
Jamais, au grand jamais, je ne retournerai dans le centre de New York, du moins au volant d’un mammouth comme le mien. Je ne conseille à personne d’avoir cette témérité. Même si je m’en suis sorti sans une seule égratignure, sachez que j’en ai sué un coup. Une fois sorti de la ville, vidé de toute énergie, j’ai cédé le volant à Denis et suis allé dormir.
Times Square en VR, un geste imprudent, irrationnel et téméraire certes, mais je me console en disant que je l’ai fait, la la la lalère… en espérant toutefois que cela aura été ma dernière grande folie.
La semaine prochaine, je vous parle du congrès des Villages-Relais qui s’est tenu ces derniers jours à Témiscaming.
Je vous trouve courageux pour ne pas dire aventureux Time Square en VR, même en auto c’est tout une aventure si on n’est pas Newyorkais.
Ah! La lecture se fit à haute voix ce matin.
Quelle aventure.
Première fois à NY? Révélation surprenante. Il faudra y retourner, mais dans de meilleures conditions. C’est une ville à aucune autre pareille.
Ça, c’est une vraie aventure !!
Bravo pour ce périple sans comparaison. Avec Denis tout va toujours bien …
Dommage qu’il n’y ait pas prise de photos de tout ces incidents «cocasses» comme formule d’éducation c’est ce qu’il y a de mieux.
Seul le fait que vous n’étiez jamais allé à Times Square vous a amené à accepter cette aventure 🙂 Etant déjà allée, je ne m’y serais jamais risquée; tout s’est tout de même bien terminé, tant mieux.
Effectivement une occasion unique d’aller sur Time Square car les VR sont normalement interdit dans Mannathan.. Mais je peux vous confirmer tout le monde sont bien heureux de cet expérience.
OUF!!! Que d’émotions! À vous lire, j’en avais des sueurs froides! Vous êtes un très bon chauffeur de gros VR pour vous en être sorti ainsi!
Je vous dis Bravo….vous avez dû avoir chaud….
Bonjour Paul
Très audacieux ton aventure à Time Square, il y a là un bon scénario de film comique qui surpasserait facilement le film avec Robin William intitulé RV.