Belle surprise au détour de la route
Il est 19 h 30 en ce samedi de juillet. Je viens tout juste de m’asseoir à la table de bois teint qui agrémente mon emplacement de camping, ce sera en plus de dix ans mon premier billet rédigé à l’extérieur. Il faut avouer que le mercure frôle les 30º et que l’humidité ferait suinter une statue de la Vierge. Avant que vous ne posiez la question à savoir où je suis, je prends les devants : au camping La Luciole à Ste-Luce sur mer, dans le Bas-St-Laurent.
Michelle et moi n’en sommes pas à notre premier arrêt dans ce camping dont nous apprécions autant la qualité de l’accueil que la propreté et le calme qui y règne. Hier, passant tout près, l’idée nous pris d’y revenir. Sans grands espoirs, nous nous sommes présentés à l’entrée, pensant trouver un établissement affichant complet après avoir refusé de nombreux caravaniers au cours de la journée. Oh surprise, plusieurs emplacements étaient encore disponibles. Au milieu des grandes vacances d’été, la chose apparaissait étrange, quelque chose ne tournait pas rond.
À l’entrée, nous sommes accueillis par le sourire chaleureux de Patrice que nous voyons pour la première fois. Immédiatement, nous prenons des nouvelles de Marguerite de Champlain qui a depuis toujours tenu les rênes de ce camping. Il nous répond qu’il est venu prêter main-forte pour une partie de l’été, mais que sa mère est bel et bien là, toujours aussi dynamique.
Je lui demande aussi d’expliquer pourquoi des emplacements sont toujours vacants. Sa réponse ne tarde pas : La Luciole souffre énormément de commentaires désobligeants publiés sur certains groupes Facebook. Résultat : le camping vit un été anormal.
Voulant en savoir plus, Patrice ne se fait pas prier pour me citer quelques exemples trouvés sur internet. Ceux-ci ratissaient large : pelouse haute de 30 cm, humeur des gestionnaires, piètre qualité du système d’égout et d’électricité, non-possibilité de faire un feu de camp, douches et sanitaires fermés et, cerise sur le gâteau, obligation de respecter le calme pour de ne pas déranger les voisins. En fait, tout ce que j’attends d’un camping à l’exception bien sur d’une pelouse de style champ de foin. Pourtant, j’avais beau regarder partout, la pelouse me semblait impeccable, les arbustes bien taillés et les sanitaires fonctionnels.
Depuis toujours les groupes Facebook constituent un terreau fertile à la frustration. Il suffit souvent de quelques commentaires publiés par des individus irrespectueux n’acceptant pas de se conformer à l’éthique de base du camping pour que le web s’enflamme et que des gens de bien en souffrent. Même si je déplore ce genre de comportement, je dois reconnaitre que c’est grâce à leur effet néfaste que nous avons pu obtenir un emplacement pour deux jours. Curieux paradoxe !
Il faut aussi préciser que Marguerite, maintenant octogénaire, songe sérieusement à se départir de son terrain de camping. De plus, l’été dernier, elle a masqué le mot camping figurant au sommet de l’affiche placée sur le bord de la route. Cela a créé une certaine confusion dans l’esprit de caravaniers qui en ont conclu que le camping était désormais fermé. Pourtant, le camping de Dame Marguerite n’a jamais fermé ni l’an dernier ni cette année. En cachant le mot Camping sur l’affiche, elle cherchait à tempérer le flot de visiteurs. En d’autres mots, elle voulait simplement souffler un peu tout en étant certaine que les habitués n’avaient pas besoin de voir le mot camping pour savoir que le joyau était toujours là pour eux.
La Luciole sera-t-elle vendue lorsque nous repasserons dans la région ? J’aimerais bien que non et que le camping soit encore en activité, n’en déplaise aux frustrés de l’internet. Toutefois, s’il devait être vendu, je souhaiterais le voir acquis par un organisme public afin d’en préserver l’esprit.
De son côté, un acheteur privé chercherait avant tout à rendre son investissement rentable. Pour y arriver, il lui faudrait nécessairement réaménager le terrain afin de maximiser l’utilisation de l’espace disponible. Une approche certes légitime sur un plan commercial, mais assurément mortelle pour le cachet actuel de La Luciole.
À l’opposé, un organisme public, comme la municipalité de Ste-Luce, serait moins obsédé par la seule rentabilité générée par la fréquentation du camping. Contrairement à l’investisseur privé, la ville pourrait en faire un outil de promotion touristique générant d’autres revenus issus par exemple des dépenses de consommation faites par les touristes caravaniers. Une telle acquisition consacrerait aussi le caractère accueillant de la ville pour les visiteurs. Tout le monde s’en trouverait gagnant: la municipalité, le tourisme et les caravaniers de passage.
Dans les années 60 et 70, au moment de nos premières visites, Ste-Luce sur mer, comptaient cinq campings accessibles aux visiteurs. Aujourd’hui, il n’en reste qu’un. S’il arrivait à La Luciolle de disparaître, comme plusieurs autres caravaniers, la tentation serait forte de continuer tout droit et d’aller voir ailleurs.
Je demeure à Ste-Luce et moi-même j’étais persuadée que le camping était fermé car l’affiche est cachée par un bandeau rouge. Par contre on y voyait quelques Vrs. Ne cherchez plus pourquoi ce camping n’affiche pas complet… Ce n’est pas d’aujourd’hui que ce camping jouit d’une mauvaise réputation à cause du piètre service à la clientèle et malgré tout, il affichait toujours complet. Vous aimez ce camping car il faut dire qu’il est très bien situé surtout qu’actuellement la chaude température passe par chez-nous . En fait, je comprend que la propriétaire soit maintenant âgée et veuille un peu plus de calme. Quant à l’achat possible par la municipalité, il faudra qu’elle pense rentabilité car la saison dure seulement quelques semaines . Actuellement, la municipalité avec d’autres municipalités de la MRC étudient la possibilité d’offrir un tel service aux caravaniers.
Le seul problème avec un camping géré par une ville c’est qu’il devient rapidement désuet et figé dans le temps. Un simple investissement devient une débat interminable au conseil de ville et oublier toute tentative de faire des améliorations le moindrement innovatrices, seul l’entretient régulier deviendra la norme. Je prend pour exemple deux camping que j’ai visitée, North beach campground à Burlington et Prouty beach à Newport,Vt. Très bien situés mais sans plus, géré par des étudiants l’été venu, ils n’ont pas la flamme d’un propriétaires qui traite son camping comme un curé traite son église. Je dois avouer qu’une formule de camping du style state park, minimaliste, mais très propre, avec 2 semaines d’hébergement maximum, me semble être un plus pour une région qui a vraiment besoin de touristes afin de mousser son économie.
Je suis d’accord avec vous monsieur Leduc, un camping style state park minimaliste pour les 4-6 semaines de l’été serait suffisant. Le camping La Luciole à Ste-Luce est une infrastructure dispendieuse qu’une petite communauté de 2000 âmes n’a pas forcément les moyens de se payer sans hausser les taxes, en plus de tous les bâtiments ( église, caserne de pompiers, garage municipal, centre sportif dans le secteur Luceville et celui du secteur Ste-Luce, ainsi que l’entretien de la promenade et sa plage et les différents parcs sur son territoire.
En masquant son affiche, Oh désolation! veut-elle démontrer qu’il n’y a plus de camping à Ste-Luce? madame Dechamplain veut-elle ainsi forcer la main de la municipalité????
C’est un peu facile pour les touristes de dire qu’il manque de campings dans notre village, mais qui paiera pour la petite surprise au détour de la route???