Avant de sortir de la rade
Déjà dix jours depuis que nous avons effectué un retour à la vie nomade. Je crois bien qu’après dix ans de semi-sédentarité, nous avions perdu certains réflexes inhérents à ce statut. En même temps, notre sablier avait ajouté autant d’années à notre compteur de longévité.
En fait, nous avions quelque peu sous-estimé toutes les tâches préparatoires au grand saut. Remplir un lot de boites de choses trop personnelles pour être vendues ou données, trouver et louer un lieu d’entreposage et les y amener n’était que le début. Il y avait également l’abonnement à Hydro-Québec et celui de la câblodistribution auxquels il fallait mettre fin ; fournir une nouvelle adresse postale à Poste Canada, s’abonner à leur service de réacheminement du courrier afin que celui-ci ne se retrouve pas dans les limbes. Il est tellement facile d’oublier un fournisseur dont on a des nouvelles qu’une fois l’an.
Il fallait aussi informer de notre pseudo lieu officiel de résidence, tous les ministères et agences gouvernementales nous dispensant des services, annuler certaines assurances pour les remplacer par d’autres, mieux adaptées à notre nouvelle réalité.
Il y avait également tous ces petits achats à compléter pour que notre maisonnette sur roues rencontre nos gouts et caprices et que l’on s’y sente parfaitement bien. Prise isolément, chacune de ces tâches représente bien peu, mais lorsqu’elles s’inscrivent dans un calendrier trop court, le stress augmente et la fatigue suit une courbe identique.
Pensez simplement au supplice des messageries vocales à paliers multiples. Chaque fois, une voix doucereuse nous accueille en insistant sur le fait que notre appel est important, mais, dans la seconde qui suit, par simple esprit de contradiction, elle nous fait l’affront de nous faire attendre pendant des dizaines de minutes, au son d’une ritournelle à trois notes qui, peu importe le fournisseur de services, partage un même effet soporifique. Seule consolation : se répéter que la corvée ne durera pas indéfiniment !
Les deux premiers jours de notre errance ne nous ont pas conduits très loin. Tel un chien qui court après sa queue, chacun de nos déplacements représentait souvent moins d’un kilomètre avec retour au point de départ. Comme nous avions encore accès à notre emplacement du stationnement extérieur adjacent à notre appartement, nous avons sagement dormi en face la porte d’entrée de l’édifice. Ces deux nuits furent suivies par deux autres dans des parcs non loin de notre ancienne demeure ce qui facilitait également les dernières visites à l’appartement pour sortir les cartons restants et remettre les lieux dans leur état originel.
Par la suite, une courte escapade de trois jours nous mena à l’Îles aux Coudres où un ami nous avait invités sur un terrain vague qu’il y possédait, avec vue sur le fleuve. Cette première semaine fut complétée par une visite chez une de nos filles à Oka et chez une autre à Sainte-Julie. Jusqu’à maintenant, toutes nos nuitées furent passées en autonomie, un sujet sur lequel je reviendrai dans un prochain billet.
Tranquillement, nous commençons à reprendre le dessus. Certes, il nous reste encore trois ou quatre tâches importantes à finaliser, mais dans les prochains jours, nous pourrons enfin dire que toutes les amarres sont coupées et que le temps est venu de prendre le large. Quel sera notre cap ? Ne le sachant pas avec précision, ignorant même les escales qui nous attendent, vous et moi devrons attendre pour savoir vers quelles terres nous mènera le vent.
Bonjour Paul et la complice de vie,
Parfois je vous envie mais aussi je vous trouve trop audacieux à mon goût à d’autres moments.
Je me sens stressé juste à vous lire dans la préparation finale du changement que je qualifierais de majeur à notre âge.
Je vous lis et suit depuis longtemps vous ayant même rencontré à quelques reprises pour avoir du respect pour vos choix . Ma curiosité de voyeur vous encourage cependant à poursuivre l’expérience qui servira d’enseignement à vos lecteurs.
Nous avons tourné la page à ce type de vie nomade remplie de souvenirs avec le seul regret de ne pas avoir tout vu. On est rendu là.
Longue vie sécuritaire à nos gypses québécois
Salutations respectueuses
Pierre
M.Laquerre. Vous avez toute mon admiration. Je ne connais pas votre âge mais j’imagine qu’il ses rapproche du mien…69 ans bientôt. Vous démontrez beaucoup de détermination dans la poursuite de vos passions et êtes un grand ambassadeur du camping, sous toutes ses formes, au Québec. Il est magnifique de constater que certains citoyens plus âgés, décident de vivre et de profiter de chaque instant. Bravo, c’est la seule façon de vivre pleinement. Ayant effectué un récent retour au caravaning dans jn classe B de 21 pi., qui sait où nous mêmes irons ma conjointe et moi ? Nous sommes partis pour deux mois à Terre-neuve et l’expérience nous permettra de savoir où nous en sommes. Salutations.