Passionné d’architecture moderne, je faisais il y a longtemps des recherches sur Brasilia, la capitale du Brésil. J’ai alors lu que Brasilia avait inspiré les édifices futuristes d’Albany, la capitale de l’État de New York, dans les années 1960. Comme Albany se trouve justement sur la route de New York, le long de l’autoroute I-87, j’ai décidé de m’y rendre.
Cette première visite a déclenché de nombreuses excursions subséquentes dans cette ville à nulle autre pareille. Vous aviez l’habitude de faire un saut à Saratoga en route vers New York ? Pourquoi ne pas faire changement cette année, ne serait-ce que pour souligner votre retour chez nos voisins du Sud ?
Depuis Lacolle, au Québec, on arrive à Albany après avoir traversé l’immense Adirondack Park, le plus vaste espace naturel protégé aux États-Unis (hors de l’Alaska). Après des heures de montagnes et de grandes courbes paisibles, la capitale new-yorkaise s’annonce par une autoroute qui s’élargit sans cesse, à l’américaine.
Oasis urbaine, calme et cultivée
Albany n’est pourtant pas si grande, comptant un million d’habitants environ, mais son agglomération est entourée de grandes autoroutes qui mènent à Buffalo, à New York et à Boston. C’est aussi une plaque tournante du réseau national de trains Amtrak et son aéroport est étonnamment actif (c’est l’endroit le plus proche de Montréal où vole le transporteur à rabais Southwest Airlines). Bref, Albany est un site névralgique pour le transport aux États-Unis.
Au coeur de ce tourbillon de destinations, le centre d’Albany est calme. Des milliers de fonctionnaires s’y affolent sans doute devant leurs dossiers, mais la ville semble constamment au repos, ce qui est apaisant pour un visiteur.
De grandes tours de bureaux percent un ciel autrement désert. Elles sont alignées comme les statues de l’ile de Pâques, avec un ordre dérangeant, presque mystique. La Rockefeller Plaza est aussi entourée du très grand New York State Museum, dont l’allure stalinienne tranche avec son contenu typiquement américain. On s’y retrouve ému devant la roue calcinée d’un des avions qui ont percé le World Trade Center le 11 septembre 2001. D’autres portions du musée racontent l’histoire de l’immigration à New York ou illustrent l’histoire naturelle vivifiante d’un vaste État aux mille visages.
L’art public surgit partout dans les corridors du pouvoir new-yorkais et il déborde dans les rues et places environnantes. Au milieu de la Plaza, The Egg est une place des arts d’allure incroyablement moderne, même si elle a plus de 50 ans. Cet « oeuf » de béton géant, reposant sur un gros socle, recèle deux grandes salles de spectacle.
À quelques minutes à pied de la Plaza, le New York State Capitol s’impose comme l’un des édifices publics les plus impressionnants du continent. L’histoire et l’opulence y fusent de toute part. On en retient l’influence profonde qu’a eue Theodore Roosevelt sur l’État de New York avant d’étendre son fief à tous les États-Unis.
La richesse des édifices publics d’Albany s’avère incroyable. On se penserait dans un festival de la colonne grecque en marbre. On ressent et on voit à quel point les États-Unis sont, dans plusieurs domaines, plus riches que le Canada.
Forts d’histoire
Étant natif de Chambly, j’ai été touché de constater que, vu d’Albany, c’est le fort Chambly qui était l’ennemi. En effet, la Nouvelle-France et la Nouvelle-Angleterre s’attaquaient mutuellement à partir de Chambly et d’Albany au 18e siècle, car la rivière Richelieu mène au lac Champlain, qui communique avec le fleuve Hudson et donc, Albany.
Le coeur d’Albany se révèle vieillot et attachant. On y a un peu l’impression de se promener dans un décor de film des années 1950.
La route entre Albany et Montréal fait 358 kilomètres. Elle est très agréable et relativement peu fréquentée. En tenant compte de la frontière, on met normalement environ quatre heures pour se rendre à destination. D’Albany à New York, on compte encore 240 kilomètres qui se franchissent très vite sur une autoroute très occupée et pleine de camions. Le Taconic State Parkway (accessible depuis l’Interstate 90), peu connu des Québécois, assure un trajet plus calme et bucolique à ses initiés entre la région d’Albany et la métropole américaine.
Albany, c’est New Yokk !
Tout ce qui a trait à Albany est intimement lié à la ville de New York. L’architecture incroyable de la capitale a été rêvée et mise à exécution par Nelson Rockefeller. L’argent généré par la grande ville a largement financé ce projet grandiose dont on peut profiter en tant que visiteur.
Je n’irai probablement jamais à Brasilia, mais je profite au maximum de la proximité d’Albany, un excellent plan B.
Renseignements pratiques
On peut stationner un VR au centre-ville d’Albany, dans le stationnement du Discover Albany Visitors Center. Il est à l’angle de Broadway et de Clinton, tout près de la sortie Clinton Avenue de l’Interstate 787. Tournez à droite au bout de la bretelle d’autoroute. Le centre se trouve sur la droite.
Il n’y a pas de camping dans les limites de la ville d’Albany ni dans ses environs immédiats. Le John Boyd Thacher State Park est toutefois situé à 25 minutes d’une belle route à l’ouest d’Albany. Ouvert toute l’année, ce parc est une réserve faunique traversée par un escarpement. Il comporte plusieurs pistes de randonnées ponctuées de magnifiques panoramas. Le Thompson’s Lake Campground, à l’intérieur du parc d’État, propose quelque 140 emplacements, dont quelques-uns réservés aux VR. Ce camping public donne sur un petit lac et une jolie plage familiale. Les animaux y sont acceptés.
Par Benoit Legault
Magazine Camping Caravaning, vol. 28 no 2, mai 2022