L’achat à l’improviste d’une tente-caravane à l’été 2009 a suscité un projet de voyage plutôt aventurier pour cette famille de Montréal : une belle boucle de 9000 km du Québec à la Louisiane en 35 jours, en traversant 21 états américains.
La vie a pris tout un tournant pour Nathalie Chartrand quand elle a acheté à très bon prix une tente-caravane Coleman Mesa usagée, puis une nouvelle voiture pour pouvoir remorquer sa nouvelle acquisition, un moteur V6 devenant nécessaire. Un grand projet de voyage aux États-Unis avec ses enfants — Simon, 10 ans, Marianne, 14 ans, et Camille, 16 ans — a commencé à murir… Ils me le racontent avec fierté et éclats de rire !
Traverser les montagnes et revenir par la mer
« Quelques semaines avant de partir, je laissais “ trainer “ des cartes routières et des livres sur la table afin de nous mettre dans l’ambiance, raconte Nathalie. Chacun d’entre nous pouvait repérer des endroits qui l’intéressaient. On a collé des étoiles et des coeurs sur la carte vis-à-vis des lieux incontournables à visiter. » Ils ont ainsi établi un itinéraire en boucle.
La famille a décidé de commencer le périple par l’intérieur des terres et de se garder le littoral pour le retour. « On croyait que la traversée des montagnes avant d’aller à la mer serait plutôt ennuyante, mais au contraire, ç’a été une belle découverte : c’était superbe ! » déclare Nathalie. Ils ont parcouru le Skyline Drive, une route panoramique de 169 km (105 mi) au sommet des montagnes de Virginie dans le parc national Shenandoah. Puis la route se poursuit dans le tout aussi époustouflant Blue Ridge Parkway, qui relie le Shenandoah National Park près de Waynesboro en Virginie au Great Smoky Mountains National Park près de Cherokee, en Caroline du Nord, sur 750 km (469 mi) de lacets et de belvédères au coeur des montagnes, où la vitesse est limitée à 56 km/h (35 mi/h). Marianne affirme que le Skyline Drive représente le plus beau bout et aussi le plus sécuritaire, avec ses garde-fous le long de la route et ses belvédères où l’on peut s’arrêter facilement pour admirer le paysage (www.blueridgeskyline.com).
La famille s’est rendue en Louisiane, puis est remontée par la côte, avec une belle pause de cinq jours à Myrtle Beach et des séjours urbains (New York et Boston) fort appréciés.
En tout, le voyage d’une durée de 35 jours a couté 5 500 CAD, soit à peine plus que le budget alloué. Bilan très positif : quelques « chicanes » (chacun a son humeur et les filles se piquent des vêtements !), une belle connivence et surtout beaucoup de fous rires !
Partage des tâches
À l’arrivée aux campings, Nathalie détachait le véhicule de la tente-caravane et branchait le gaz propane et l’électricité. Les trois enfants montaient la tente-caravane à une vitesse impressionnante, d’après d’autres campeurs qui les voyaient faire. Les filles préparaient les repas, tandis que Simon allait chercher de l’eau et était souvent responsable du feu de camp. Mais il a aussi hérité de la corvée de vaisselle, dit-il en faisant la moue !
Camille était copilote et responsable du livre de bord. Elle notait toutes les dépenses et les noms de lieux où la famille s’arrêtait (attraits touristiques, terrains de camping). Elle y allait aussi de commentaires sur l’ambiance du voyage : « 31 juillet. Maman fatiguée. Simon fatigant. Marianne, grrrr… de colère. Camille, parfaite ! »
« Nous avions un budget de 1 000 CAD par semaine, dit Nathalie. Les enfants participaient au choix des activités en tenant compte du budget : ils savaient si on avait les moyens ou non. Nous déjeunions tous les jours dans la tente-caravane et allions au restaurant en moyenne une fois tous les trois jours. » « Ce qui permettait de pratiquer notre anglais en lisant le menu », lance Marianne, pragmatique !
Les terrains de camping
« Nous avons campé dans des terrains de camping tant gouvernementaux que privés », racontent Nathalie et ses enfants. En résumé, les campings gérés par les États sont moins chers et les emplacements généralement plus grands, dans des sites souvent paradisiaques, plus sauvages et plus rustiques, au point que parfois on n’a pas d’eau chaude, soupirent les jeunes. Des animateurs ou des rangers (forestiers) proposent des activités et visites éducatives très sympathiques.
Les campings privés sont plus onéreux, mais ils valent leur pesant d’or : il y a toujours l’électricité et un tout-à-l’égout pour les eaux usées, souvent on trouve une piscine, des terrains de jeux , presque toujours un accès internet sans fil gratuit ou une salle avec ordinateur branché.
Partout, l’accueil a été impeccable. « Le service était assez flexible si on arrivait après les heures d’ouverture du camping. Parfois quelqu’un nous attendait, ou bien on nous avait dit de nous choisir un emplacement et de payer le lendemain, dit Nathalie. Les Américains étant plus traditionnels, ils étaient étonnés de me voir seule avec trois enfants. Quand j’allais demander de l’aide ou poser une question, on me répondait souvent : “ Where is your husband? “ [où est votre mari ?]. Je disais alors : “ Vous l’avez devant vous : c’est moi la femme, l’homme, la personne qui conduit et qui paie… “ On a bien ri !
Ils étaient très patients quand je reculais dans nos emplacements de camping. J’avais le réflexe de tourner le volant dans l’autre sens, mais la remorque n’allait pas dans la bonne direction. Parfois un homme prenait ma place et le faisait pour moi. On a essayé d’obtenir le plus possible des emplacements à entrée directe (pull through), auxquels on avait accès en avançant et dont on ressortait par l’autre bout, toujours en avançant. »
Au final, cette expérience en famille a été des plus enrichissantes !
Par Anne Marie Parent
Magazine Camping Caravaning (numéro hors série Camper en famille), mars-avril 2010.
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